Fontaine érigée en l'honneur de Claude

La Fontaine érigée en l'honneur de Claude a été découverte en 1967, à l'occasion du percement du tunnel de Fourvière. Cette borne-fontaine se dressait à l'origine sur la rive droite de la Saône, sur les pentes de la colline de Fourvière, au bas de la montée de Choulans. L'eau s'écoulait à travers la bouche d'une tête de Cyclope. Au-dessus, l'inscription indique que la fontaine a été offerte par deux personnages qui l'ont dédiée à Jupiter en l'honneur de Claude[1]. Ce monument lyonnais est un unicum[2].

Description générale

Taillé dans un calcaire urgonien[3] tendre et blanc de la vallée du Rhône (dit pierre de Seyssel[4]), ce monument, qui a perdu son couronnement, est haut de 148,5 cm. Il est composé de deux parties de dimensions inégales. Le socle, dépourvu de toute mouluration dans sa partie basse, était partiellement enterré et dissimulé dans un bassin. Il mesure 100 cm de haut, 46 cm de large et 26 cm d'épaisseur[5]. La partie haute se caractérise par une moulure en doucine renversée qui surmonte le registre supérieur en saillie. L'inscription dédicatoire est taillée sur ce registre . A l'extrémité du socle est sculptée une tête de Cyclope, la chevelure volumineuse débordant sur le registre supérieur, sous l'inscription. Elle mesure 27 cm de haut, 23,5 cm de large s'arrondissant sur le sommet. De la bouche grande ouverte jaillissait l'eau de la fontaine[3] [5].

Inscription

Fontaine érigée en l'honneur de Claude, détail de l'inscription

L'inscription se lit de la façon suivante : Iovi O(ptimo) M(aximo) sa[crum] / quod Ti(berius) Claud(ius) / Caesar Aug(ustus) est / Imperator / M(arcus) Caprilius Luc[3]u[s] / Ti(berius) Dubnatius Aed[3][6],[3]. Les épigraphistes hésitent sur la lecture du dernier mot où trois lettres ont disparu : Aeduus ou bien Aedif(icavit).

Cette inscription indique que la fontaine a été offerte par deux lyonnais Marcus Caprilius et Tiberius Dubnatius. Ils la dédient à Jupiter Très Bon Très Grand « parce que Tibère Claude César Auguste est salué Imperator »[2]. Cette salutation impériale est à relier soit à l'accession au trône de Claude en l'an 41, soit à sa victoire militaire en Bretagne en 43[1].

Tête de Cyclope

Fontaine érigée en l'honneur de Claude, détail du Cyclope

Cette tête en bas-relief est travaillée sommairement, les cheveux forment une épaisse couronne autour du visage. Des stries obliques soulignent les hautes mèches. Les orbites sont creusées et les yeux mi-clos, tandis que l'appendice frontal qui identifie le Cyclope est mis en valeur par sa taille et sa proéminence. Sur cette fontaine, l'image du Cyclope relève de son iconographie traditionnelle dans l'art hellénistique et romain, celle d'un géant humanisé, chevelu et barbu avec des yeux normaux et un troisième sur le front. Si le Cyclope ornant des fontaines est attesté littérairement, la fontaine au Cyclope trouvée à Lyon est un unicum[2]. Son utilisation sur cette fontaine dédiée à Claude peut être une simple évocation de l'eau : Polyphème étant le fils de Poséidon. Mais elle peut également être rapprochée du goût de Claude pour les thèmes odysséens comme l'épisode de l'enivrement de Polyphème par Ulysse[2]. Selon Jean-Jacques Hatt, ce cyclope est inspiré de la mythologie celtique irlandaise et représente le géant Balor vaincu par le dieu Lug[7].

Exposition

Cette fontaine a été exposée au musée des beaux-arts de Lyon dans le cadre de l'exposition Claude, un empereur au destin singulier. Elle était présentée dans la partie consacrée à l'avènement de Claude

Références

Bibliographie

  • François Chausson, Geneviève Galliano et Ferrante Ferranti (Photographe), Claude, Lyon, 10 avant J.-C. : Rome, 54 après J.-C., un empereur au destin singulier, Lienart / Musée des beaux-arts de Lyon, , 320 p. (ISBN 978-2-35906-255-7)
  • Marcel Le Glay et Amable Audin, Notes d'épigraphie et d'archéologie lyonnaises, , p. 6-12 Note de lecture
  • Marie-Pia Darblade-Audoin, Recueil général des sculptures sur pierre de la Gaule : Lyon, vol. 2, Paris, Académie des inscriptions et belles-lettres, , 213 et 204 pl. p. (ISBN 2-87754-162-2), p. 134-135
  • Hugues Savay-Guerraz, « Les matériaux calcaires dans l'art funéraire à Lyon », Gallia, t. 47, , p. 135-144 (lire en ligne).
  • André Pelletier, Jacques Rossiaud, Françoise Bayard et Pierre Cayez, Histoire de Lyon : des origines à nos jours, Lyon, Éditions lyonnaises d'Art et d'Histoire, , 956 p. (ISBN 978-2-84147-190-4).
  • Portail des bassins et fontaines
  • Portail de la Rome antique
  • Portail de la métropole de Lyon
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.