Figoun

Le terme figoun désigne les personnes et parlers originaires de l'extrême ouest de la Ligurie (l'actuelle province d'Imperia) venus en Provence aux XVe et XVIe siècles pour repeupler des villages victimes de la peste ou de la guerre civile : Biot et Vallauris (aux environs d'Antibes), ainsi que Mons et Escragnolles (à l'ouest de Grasse)[1],[2].

Selon Frédéric Mistral, le nom proviendrait du hameau de Figounia, dans l'actuelle province d'Imperia[3],[4].

Ce sont essentiellement des bergers des Alpes-Maritimes qui transhumaient sur la côte qui ont ainsi nommé les Ligures « maritimes » et ceux qui parlent les dialectes ligures de la côte ou de la montagne.

L'origine du mot figoun remonte probablement au Moyen Âge et se référerait aux vendeurs itinérants de figues sèches, fruit qui abonde dans la région et remplaçait, chez les pauvres, le sucre et le miel. Comme tous les itinérants, les vendeurs itinérants de figues sèches étaient peu appréciés ; le terme figoun est de ce fait plutôt péjoratif.

Les Figouns

Les parlers ligures en France et à Monaco
  • Figoun (Alpes-Maritimes)
  • Figoun (Var, Monaco)
  • Royasque
  • Tendasque (Royasque)
  • Ligure colonial (Bonifacio)

Les Figouns [5] de Mons furent accueillis (contre franchises à payer en retour) en deux périodes : 1260 et 1468. Ils provenaient principalement de la région de Vintimille (Vallée de la Nervia, de Pigna). En bons maçons, ils participèrent largement à l'édification de la ville et de ses remparts. C'est à leur époque que l'olivier fut introduit dans la région. Ils sont souvent liés à la culture, au commerce et à la préparation des figues (frigoule ou frigoure), d'où leur appellation.

Le "figoun" est un mélange non structuré de ligure et de provençal, comme on en retrouve à Escragnolles ou Biot. Les patronymes Bosio, Brosco, Bruzon, Canille, Chappory, Chiappe, Chichon, Durante, Galliano, Machiavello, Massa, Monteverde, Olivero, Parody, Passano, Pisarello, Poggio, Porro, Restano, Risso, Sanguinetti, Traverso, y sont très répandus. Certains Monsois se servent encore du figoun quand ils ne veulent pas être compris par les « estrangers » ![réf. nécessaire]

L'abbé Jean-Pierre Papon[6] (1780) rapporte un des premiers témoignages de ce dialecte : « On croit que c'est l’idiome des Sarrasins : on se trompe, c'est l'ancien oasis de Gênes ». Il fut utilisé jusqu'à la fin du XIXe et a laissé très peu de traces écrites.

Littérature

  • Un poème en figoun, E due bessoune, a été publié [7] en 1899.
  • extrait d'un probable lexique manuscrit figoun-français retrouvé dans les archives du château de Beauregard à Mons (Var) et identifié par Fiorenzo Toso [8] comme ayant des similitudes avec un patois ancien de la région nord de Gênes (XVIIe)

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

  1. Paul Sénequier, "Les patois de Biot, Vallauris, Mons et Escragnolles", Annales de la Société des lettres, sciences et arts des Alpes-Maritimes, VI, 1879, p. 357
  2. Jules Ronjat, Grammaire istorique [sic des parlers provençaux modernes, Montpellier, 1930-1941, p. 24]
  3. Frédéric Mistral, "Figoun", Lou Trésor dou Félibrige ou Dictionnaire provençal-français : embrassant les divers dialectes de la langue d'oc moderne, p. 1131
  4. Pierre Bec, La langue occitane, PUF, 1995
  5. F. Toso F., Da Monaco a Gibralterra : storia, lingua e cultura di villagi e citta-satto génovesi verso occidente, Toso, Le Mani Ed., Genova, 2004, (ISBN 88-8012-282-7)
  6. J.-P. Papon (Abbé), Voyage littéraire en Provence, Lib. Barrois, Paris, 1780, p. 231-232.
  7. "E due bessoune, chanson en patois figon, par Rebuffel Pons, cultivateur à Escragnolles", Annales de la Société des lettres, sciences et arts des Alpes-Maritimes, XVI, 1899, p. 301]
  8. Toso, Fiorenzo : Da Monaco a Gibralterra : storia e culture da villagi et città-statto genovesi verso occidente, Le Mani Ed., Genova, 2004, (ISBN 978-88-8012-282-1); Toso, Fiorenzo. Le parlate liguri della Provenza. Il dialetto figun tra storia e memoria, Philobiblon Ed., Ventimiglia, 2014 (ISBN 978-88-88591-72-8) (OCLC 933769513)
  9. M. Royon, Les séchoirs solaires à figues en Provence, Revue du Centre archéologique du Var, 2007, Toulon, p. 166-168.
  10. M. Royon, Les graïssiers (gréissiés) de Mons-en-Provence, Pierre sèche varoise, 2008-X, p. 3-7.

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