Ferhat Mehenni

Ferhat Mehenni, dit Ferhat Imazighen Imula, (en kabyle: Ferḥat Mhenni) né le à Illoula Oumalou, dans la région de Kabylie en Algérie, est un chanteur, homme politique et écrivain. Il est fondateur et premier président du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie[1], mouvement qui revendique le droit du peuple kabyle à disposer de lui-même[2].

Ferhat Mehenni

Ferhat Mehenni lors du rassemblement du 4 septembre 2011 sur le Parvis des Droits de l'Homme à Paris.
Fonctions
Président de l'ANAVAD Gouvernement provisoire kabyle
Depuis le
(11 ans, 3 mois et 11 jours)
Président du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie

(10 ans, 3 mois et 15 jours)
Successeur Bouaziz Ait Chebib
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Illoula Oumalou, Kabylie (Algérie)
Parti politique MCB, RCD puis Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie
Diplômé de Université d'Alger
Profession Homme politique

Depuis le , il est le président du gouvernement provisoire kabyle, un gouvernement en exil autoproclamé mis en place en France. Il est lauréat du Prix Gusi de la Paix en juillet 2013.

Le 26 août 2021, l'Algérie a émis un mandat d'arrêt international à l'encontre de Ferhat Mehenni[3].

.

Biographie

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Ferhat Mehenni entre à l'école primaire en au centre de Chateauneuf, à Alger, qu'il quitte en 1965, pour celui de Larbaâ Nath Irathen où il reste jusqu'en 1969. Candidat libre au bac en 1972, il entre à l'Institut des sciences politiques de l'université d'Alger et découvre les différents courants idéologiques, berbéristes notamment, qui agitent la capitale. C'est de cette époque (octobre-novembre 1972) que date sa première rencontre avec celui qui deviendra son ami et compagnon de lutte, Saïd Saadi. Ensemble, ils participent à la publication d'une revue intitulée d'abord Taftilt « lumière » puis Itri « étoile », dans laquelle sont formulées des revendications culturelles et linguistiques.

En , il participe au festival de la chanson algérienne, où il figure parmi les présélectionnés. Son groupe, inscrit sous le nom de Imazighen en provenance d'Illula Oumalou, deviendra par une faute de frappe Imazighen Imula. Avec d'autres chanteurs, Idir notamment, il contribue à la rénovation de la musique traditionnelle et pose la question de l'identité. Son répertoire est jugé subversif dans une Algérie muselée par le président Boumédiène. Il chante entre autres le déserteur de Boris Vian, l'Internationale en Kabyle. D'avril à juin 1976, il prend une part active aux débats houleux ayant précédé le référendum sur la Charte nationale en proclamant sa berbérité dans tous les meetings. Alors commencent ses démêlés avec la Sécurité militaire. Le 30 novembre, il est arrêté à la cité universitaire de Kouba, puis relâché après une garde à vue de 24 heures.

Le printemps berbère

En avril 1980, il est l'un des artisans du printemps berbère de Tizi Ouzou. Arrêté le 16[4], il reprend ses activités d'animateur culturel avec Kateb Yacine dès qu'il retrouve sa liberté un mois plus tard, le 14 mai. Membre du Comité des enfants de chouhada, (martyrs de la révolutions), il est l'objet d'intimidations et d'une surveillance rapprochée. Son passeport lui est confisqué.

Le , il est parmi les fondateurs de la Ligue algérienne des droits de l'homme et membre de son comité directeur. Il est arrêté le 17 juillet chez lui à Azazga pour son appartenance à la ligue et pour avoir célébré en dehors des cortèges officiels l'anniversaire de l'indépendance[réf. nécessaire]. Incarcéré à la prison de Berrouaghia, il est jugé le et condamné à trois ans de prison plus une amende de 5 000 dinars. Après 21 mois d'emprisonnement, il est libéré le le par grâce présidentielle.

Le Rassemblement pour la culture et la démocratie

En novembre 1988, il lance avec trois de ses camarades, Mustapha Bacha, Mokrane Ait Larbi et Saïd Saadi, un appel à la tenue des assises culturelles amazigh (berbères) les 10 - 11 février 1989, à l'issue desquelles est proclamée la formation du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD)[5]. Membre de la direction de ce parti, Ferhat Mehenni devient secrétaire national à la culture et à l'histoire. Il est reconduit dans ses responsabilités lors du congrès constitutif du RCD, le . Toutefois des différends vont l'opposer à Saïd Saadi, et il quitte la direction du RCD pour présider la coordination nationale du Mouvement culturel berbère (MCB), l'aile proche du RCD et rivale du MCB commissions nationales, proches du FFS.

Il est le principal artisan du boycott scolaire déclenché en par le MCB[6] qui aboutit, une année plus tard, à la mise sur pied par le pouvoir algérien d'un Haut Commissariat à l'Amazighité.

Ferhat Mehenni va se retrouver dans l'Airbus d'Air France détourné en décembre 1994 par des islamistes du GIA et en sortira traumatisé. Il reprend sa vie de chanteur en signant la même année à Paris un double album : chansons d'acier, d'amour et de liberté « Tuɣac n ddkir » pour lequel il sollicita Dino Lumbroso en tant qu'arrangeur, et chansons du Feu et de l'eau « Tuɣac n tmes d waman ».

Le Mouvement culturel berbère

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En 1995, il renoue avec la politique à travers la création du MCB coordination nationale durant le boycott scolaire en Kabylie, en mars 1995, le clan présidentiel contacte Ferhat Mehenni, à la suite de l'enlèvement de Lounès Matoub, afin de négocier la reprise des cours : « Le général Betchine tenait à mettre fin au boycottage afin de s'assurer de la participation de la Kabylie aux élections présidentielle de 1995 ». En échange de concessions symboliques (création d'un Haut Conseil à l'amazighité chargé de « réhabiliter la culture berbère » et d'introduire la langue berbère dans les médias et l'enseignement »), le régime obtient de Ferhat Mehenni qu'il appelle la Kabylie à mettre fin à la « grève des cartables ». Après avoir tenté, sans succès, de convaincre les animateurs du MCB-commissions nationales (tendance du Mouvement culturel berbère proche du FFS de Hocine Aït-Ahmed) de le suivre dans sa démarche, Mehenni annonce au journal télévisé qu'il vient de signer un accord avec le gouvernement et appelle les élèves de Kabylie à reprendre.

Au mois de , il démissionne du RCD pour cause de trahison envers les berbères, dit-il, explicitant : « Said Saadi a bien trahi la berbérité et la démocratie. II forme des gens contre les démocrates en général et le FFS en particulier ». En 1998, il sort un CD chez Izli intitulé : « Chants du feu et de l'eau ». Et depuis l'assassinat de Matoub Lounès, il a choisi d'être hors du jeu partisan même s'il continue de s'exprimer sur les grands problèmes de la société. Après son exil volontaire en France, il revient en pour « redynamiser la mouvance culturelle berbère ».

Le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie

En 2001, à la suite des violentes émeutes qui ont éclaté en Kabylie avril 2001 et avril 2002 (Printemps noir), il prôna comme solution à la sortie de crise dans laquelle se débat depuis l'indépendance de l'Algérie, l'autonomie régionale. À cet effet, il a fondé le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) au terme d'une réunion dans la commune de Makouda en Kabylie le [6]. L'assassinat de son fils aîné Ameziane, le à Paris, qui n'a toujours pas été élucidé est selon lui très probablement lié à son engagement autonomiste[7].

Dans un communiqué publié le , Ferhat Mehenni, annonce qu’il est la cible d’un mandat d’amener. Cette décision est prise par un juge d’instruction quand celui-ci demande aux forces de l’ordre de lui présenter une personne mise en examen, y compris par la force. Ferhat Mehenni cite un article d’Algérie News du 16 mars. D’après ses dires, la justice aurait été saisie par les autorités locales à Tubirett (Bouira, une ville au sud-ouest de la Kabylie) au sujet d’une marche étudiante du attribuée au MAK[8]. L'information n'a d'ailleurs fait l'objet d'aucun démenti de la part du ministère de la Justice algérien. « Je me demande pourquoi ce n’est que près d’un an plus tard que cette instance judiciaire entreprend cette action contre moi, juste à la veille des élections présidentielles qui, au demeurant, ne passionnent personne au pays des Kabyles ? » s’interroge le leader autonomiste. En Kabylie, la totalité des organisations politiques appellent au boycott des présidentielles du 9 avril. Pour la première fois, les partis reconnus (FFS et RCD), les Aarchs (mouvement né durant les émeutes de 2001) et le MAK rejettent tous l’élection, même s’ils n’ont pas mis en place de stratégie commune. Le , le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie avait déjà fait mention d’intimidations contre trois de ses cadres.

Le Gouvernement provisoire kabyle

Ferhat Mehenni a formé le à Paris un « Gouvernement provisoire kabyle » (Anavaḍ Aqvayli Uεḍil en Kabyle)[9] [source insuffisante]. Ce gouvernement, ne se compose que de neuf ministres.

Discographie

  • 1979 : Chants révolutionnaires de Kabylie[10]
  • 1981 : Chants berbères de lutte et d'espoir
  • 1983 : Lzzayer 20 Iseggwasen (L'Algérie a 20 ans)
  • 1994 : Tuɣac n ddkir (Chants d'acier...d'amour, et de liberté)
  • 1996 : Tuɣac n tmes d waman (Chants de feu et de l'eau)
  • 2002 : I tmurt n Leqbayel (Hymne à la Kabylie)[11]
  • 2008 : Adekker d Usirem (Requiem et espoir)
  • 2015 : Tilelli i teqbaylit (Liberté pour la Kabylie)[12]

Littérature

Autobiographie

Essais

Bibliographie

Notes et références

  1. « Site officiel du MAK », sur www.makabylie.org, (consulté en )
  2. « Le MAK réfute tout projet d’attentat », sur https://www.elwatan.com/, (consulté le )
  3. « Algérie : Mandat d'arrêt international contre Ferhat Mehenni », sur observalgerie.com (consulté le )
  4. Didier Le Saout et Marguerite Rollinde, Emeutes et mouvements sociaux au Maghreb, Paris, KARTHALA Editions, 1999 page 138
  5. Ali Guennoun: Chronologie du mouvement berbère, un combat et des hommes”, éditions Casbah, Alger, 1999.
  6. Maxime Aït Kaki, De la question berbère au dilemme kabyle à l'aube du XXIe siècle, Paris, Editions L'Harmattan, 2004. page 193
  7. Ferhat Mehenni demande à Chirac de relancer l’enquête sur l’assassinat de son fils
  8. « Ferhat Mehenni recherché par la justice algérienne », sur Le Matin d'Algérie (consulté le )
  9. dépêche AFP
  10. « Discographie Ferhat Imazighen Imula », sur www.discogs.com, (consulté en )
  11. « I tmurt n Leqvayel »
  12. « Nouvel album Ferhat (2015) », sur www.algeriades.com, (consulté en )

Liens externes

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