Femme de l'Apocalypse

La Femme de l'Apocalypse est un personnage biblique qui apparaît au chapitre 12 du livre de l'Apocalypse[1]. L'interprétation de cette allégorie diffère selon les traditions chrétiennes.

La Vierge comme femme de l’Apocalypse, Pierre Paul Rubens. Projet peint à l'huile pour le maître-autel de la cathédrale de Freising, pour le compte du prince-évêque Vit-Adam.

Texte

« 1 Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme ! le soleil l'enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête ; 2 elle est enceinte et crie dans les douleurs et le travail de l'enfantement. 3 Puis un second signe apparut au ciel : un énorme Dragon rouge feu, à sept têtes et dix cornes, chaque tête surmontée d'un diadème. 4 Sa queue balaie le tiers des étoiles du ciel et les précipite sur la terre. En arrêt devant la Femme en travail, le Dragon s'apprête à dévorer son enfant aussitôt né. 5 Or la Femme mit au monde un enfant mâle, celui qui doit mener toutes les nations avec un sceptre de fer ; et son enfant fut enlevé jusqu'auprès de Dieu et de son trône, 6 tandis que la Femme s'enfuyait au désert, où Dieu lui a ménagé un refuge pour qu'elle y soit nourrie mille deux cent soixante jours. 7 Alors, il y eut une bataille dans le ciel : Michel et ses Anges combattirent le Dragon. Et le Dragon riposta, avec ses Anges, 8 mais ils eurent le dessous et furent chassés du ciel. [...] 13 Se voyant rejeté sur la terre, le Dragon se lança à la poursuite de la Femme, la mère de l'Enfant mâle. 14 Mais elle reçut les deux ailes du grand aigle pour voler au désert jusqu'au refuge où, loin du Serpent, elle doit être nourrie un temps et des temps et la moitié d'un temps. 15 Le Serpent vomit alors de sa gueule comme un fleuve d'eau derrière la Femme pour l'entraîner dans ses flots. 16 Mais la terre vint au secours de la Femme : ouvrant la bouche, elle engloutit le fleuve vomi par la gueule du Dragon. 17 Alors, furieux contre la Femme, le Dragon s'en alla guerroyer contre le reste de ses enfants, ceux qui gardent les commandements de Dieu et possèdent le témoignage de Jésus. 18 Et je me tins sur la grève de la mer. »

 Chapitre 12 de l'Apocalypse, Bible de Jérusalem, Les Éditions du Cerf, 1997

Interprétations

La Femme de l'Apocalypse peut faire référence à la Vierge Marie mais également à l'Église, considérée théologiquement comme le Nouvel Israël (ou Verus Israel), et la Nouvelle Ève[2].

Marie

Dans la tradition catholique, cette femme se réfère parfois à Marie après son assomption. Ce point de vue est notamment repris par Pie X[3], Paul VI[4] et Jean-Paul II[5]. Selon cette interprétation, l'« enfant mâle » est une référence à Jésus (Ap 12:5), puisqu'il est destiné à « mener toutes les nations avec un sceptre de fer » (id.). Le dragon essayant de dévorer le nouveau-né au moment de sa naissance pourrait être une allusion à la tentative d'Hérode le Grand pour assassiner Jésus[6] ; sa fuite dans le désert un écho de la fuite en Égypte. Par sa mort et sa résurrection, Jésus « fut enlevé jusqu'auprès de Dieu et de son trône » (Ap 12:5).

Dans certaines représentations artistiques de l'Immaculée Conception[7] et de l'Assomption[8], Marie est parfois représentée avec les symboles liés à la femme de l'Apocalypse : enveloppée par le soleil, couronnée d'étoiles et la lune sous ses pieds.

Néanmoins, selon le commentateur biblique Louis-Claude Fillion, si au premier abord la femme de l'Apocalypse semble être la Vierge Marie et que de nombreux interprètes ont adopté cette position, il s'agit là « d'une figure allégorique, d'une mère mystique », qui représenterait en vérité l'Église[9].

L'Église

Selon certaines dénominations protestantes, la femme de l'Apocalypse représente l'Église du Christ et son enfant les saints et « ceux qui gardent les commandements de Dieu et possèdent le témoignage de Jésus » (Ap 12:17)[10].

Ève

La femme est aussi identifiée comme Ève. L'« Antique serpent » (Ap 12:9), c'est-à-dire Satan[11], est présent au début de la Genèse. Le conflit entre la femme et son enfant et le Serpent peut faire référence à Gen 3:5, où il est écrit : « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien ». Le chapitre 3 de la Genèse[12] et le chapitre 12 de l'Apocalypse font tous deux mention des douleurs de l'enfantement.

Galerie

Voir aussi

Notes et références

  1. Apocalypse, chapitre 12, Bible de Jérusalem, Les Éditions du Cerf, 1997.
  2. (en) The Woman of Revelation 12.
  3. Lettre encyclique Ad Diem Illum Laetissimum, 2 février 1904 : « « Un grand signe — c'est en ces termes que l'apôtre saint Jean décrit une vision divine — un grand signe est apparu dans le ciel : une femme, revêtue du soleil, ayant sous ses pieds la lune, et, autour de sa tête, une couronne de douze étoiles » (Apoc. XII, 1). Or, nul n'ignore que cette femme signifie la Vierge Marie, qui, sans atteinte pour son intégrité, engendra notre Chef. »
  4. Exhortation apostolique Signum Magnum, 13 mai 1967 : « Le signe grandiose que saint Jean vit dans le ciel : une femme enveloppée de soleil, la liturgie l'interprète, non sans fondement, comme se rapportant à la très sainte Vierge Marie, Mère de tous les hommes par la grâce du Christ rédempteur ».
  5. Lettre encyclique Redemptoris Mater, 25 mars 1987 : « Ainsi celle qui, « pleine de grâce », a été introduite dans le mystère du Christ pour être sa Mère, c'est-à-dire la Sainte Mère de Dieu, demeure dans ce mystère par l'Église comme « la femme » que désignent le livre de la Genèse (3, 15) au commencement, et l'Apocalypse (12, 1) à la fin de l'histoire du salut. »
  6. Matthieu, 2:16 : « Alors Hérode, voyant qu'il avait été joué par les mages, fut pris d'une violente fureur et envoya mettre à mort, dans Bethléem et tout son territoire, tous les enfants de moins de deux ans, d'après le temps qu'il s'était fait préciser par les mages. » Bible de Jérusalem, Les Éditions du Cerf, 1997.
  7. Voir par exemple The Immaculate Conception (1618) par Diego Vélasquez ; L'Immaculée Conception dite la Colossale (1652) par Bartolomé Esteban Murillo, Immaculée conception par Juan Antonio de Frías y Escalante…
  8. Voir par exemple Assomption de la vierge, Michel Sittow.
  9. La Sainte Bible Commentée, d'après la Vulgate et les textes hébreux originaux, par l'abbé Louis-Claude Fillion. Apocalypse, chapitres 11 à 22.
  10. (en) Who's That Woman?
  11. Apocalypse 20:2 : « Il maîtrisa le Dragon, l'antique Serpent — c'est le Diable, Satan — et l'enchaîna pour mille années. » Traduction de la Bible de Jérusalem, Les Éditions du Cerf, 1997.
  12. Gen 3:16 : « À la femme, il dit : Je multiplierai les peines de tes grossesses, dans la peine tu enfanteras des fils. Ta convoitise te poussera vers ton mari et lui dominera sur toi. » Traduction de la Bible de Jérusalem, Les Éditions du Cerf, 1997.
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