Fatou Djibo

Fatou Djibo, née Fadima Diallo Hassane le à Téra (Niger) et décédée le à Niamey. Militante des droits des femmes et militante engagée activement dans toutes les causes sociales au Niger aussi bien dans le domaine caritatif que syndical. Au Niger Fatou Djibo a été la pionnière sur plusieurs plans: l'une des premières femmes à avoir été scolarisée, la première Nigérienne à prendre le volant et à passer son permis de conduire (en 1954), la fondatrice de la première organisation féminine au Niger, enfin la co-fondatrice de la Croix-rouge nigérienne.

Biographie

Fatou Djibo voit le jour dans une famille privilégiée et est l'enfant favorite de son père; chef de canton (et le restera pendant 32 ans) de Téra, à l'ouest du Niger, alors colonie française. Ce dernier contrairement aux habitudes décide d'inscrire tous ses enfants sans distinction de genre, aussi bien Fatou et sa petite sœur que ses frères à ce qu'on appelait alors l'école des Blancs pour désigner l'école française aussi. Elle est ainsi une des premières filles à fréquenter à 7 ans, l'école primaire de Téra.Elle continue ensuite ses études à l'École supérieure de Niamey puis à l'École normale de Rufisque au Sénégal. Elle obtient son diplôme en 1946 avec mention. La même année, elle épouse Djibo Yacouba avec lequel elle aura huit enfants. Ce dernier, ancien élève de l'École normale William Ponty est enseignant comme elle et occupera plus tard des fonctions ministérielles et diplomatiques.

Fatou Djibo débute en 1948 sa fonction d'institutrice. Elle et son conjoint ont pour postes d’affectation : Fada N'Gourma en Haute-Volta (devenue Burkina Faso) Maradi, Zinder, Tillabéry, enfin Niamey qui devient leur lieu de résidence.

Dans la majorité des villes Fatou Djibo se retrouve dans les écoles primaires où elle enseigne sous l'autorité de son conjoint occupant alors des fonctions directoriales. En marge de leurs activités d'enseignant tous les deux ont des activités extra-professionnelles s'engagement fortement dans l’action politique et sociale.

Parallèlement à sa vie professionnelle, Fatou Djibo est militante, en 1959 Fatou Djibo fonde l'organisation des femmes de l'Union des Femmes du Niger (UFN), dont elle devient la présidente. Elle affirme que le développement d'un pays ne peut être complet sans l'émancipation des femmes et que leur asservissement doit être condamné. Dans le même temps, elle considère que la principale tâche de la femme nigérienne consiste à éduquer les citoyens[1].

« Ce qui m’a poussé à me mettre au service de la Croix-Rouge, c’est qu’en Afrique on dit que l’aînée doit donner l’exemple. Je me suis plongée dans tous les secteurs où je pouvais être utile. Le bénévolat est précieux pour faire avancer son pays. C’est un devoir pour toutes les femmes conscientes de participer à l’ensemble des activités qui permettent le développement du pays. Il y a beaucoup à faire dans tous les domaines et avec les autres femmes qui ont eu la chance d’avoir une instruction nous nous mobilisions sans relâche, et étions en permanence sur le pied de guerre. J'ai occupé pendant 8 ans le poste de conseillère économique et sociale au sein de la Croix-Rouge nigérienne à la création de la quelle j'ai participé aux côtés de feue Mme Bassy. J’ai fait également partie de l’UNTN (Union Nationale des travailleurs nigériens) comme trésorière-adjointe ; enfin j’ai participé à la création de l’Amicale des Vieux. »

 Fatou Djibo

La vie d’enseignante de Fatou Djibo est entrecoupée de multiples voyages notamment à l’étranger dans le cadre de stages de formation et de perfectionnement; de réunions et conférences. Elle effectue des déplacements liés à l'UFN ou en liaison avec ses activités syndicales et les autres structures associatives à l’intérieur et à l’extérieur du Niger, sur le continent africain, au Moyen-Orient, en Europe et en Asie.

L’année 1966 voit la fin au Niger de l’activité professionnelle et de l’intense vie publique et sociale de Mme Fatou Djibo, en raison de son départ, appelée en effet à suivre son époux, nommé ambassadeur (après trois mandats ministériels) de la République du Niger auprès du Royaume de Belgique, de la Scandinavie et de la Communauté économique européenne. Les règles en vigueur ne permettant pas aux épouses des ambassadeurs nigériens d’exercer une activité professionnelle, dans son nouveau lieu de résidence, Mme Fatou Djibo sera surtout impliquée dans les occupations incombant à l'épouse d'un ambassadeur et restera très active.

En août 1968 Fatou Djibo subit la perte de son époux, Yacouba Djibo dans des circonstances tragiques (accident de la circulation) à Niamey où il passait quelques jours de congé avant de se rendre à une conférence dans un autre pays africain. Elle se retrouve prématurément veuve à l’âge de 41 ans, en charge de huit enfants dont la plus jeune n’avait pas encore 6 ans. Elle rentre au Niger avec les plus jeunes et après le délai de viduité (4 mois et 10 jours) décide de reprendre la vie professionnelle interrompue pendant son séjour en Belgique. C’est alors qu’elle est nommée intendante/économe au Lycée Kassaï de Niamey, fonction pour laquelle elle n’avait reçu aucune formation. Elle l'exerce pendant quinze ans et prend sa retraite en 1983.

Fatou Djibo ne renonce pas pour autant à son implication dans la vie associative. Elle continue à s'investir dans des associations telle que l’Association des Retraités, l'UFN, AFN, Croix-Rouge, UNTN. Elle met aussi sa retraite à profit pour effectuer de nombreux voyages d'agrément et l'Oumrah, le petit pèlerinage à La Mecque.

Compte tenu néanmoins de sérieux problèmes de santé survenus à la fin des années 1990, Fatou Djibo se voit contrainte de mettre fin à la plupart de ses activités sociales et se retirer progressivement de la vie publique. Elle met à profit cette période pour donner une touche finale à la rédaction de ses mémoires. La deuxième décennie de 2000 voit la détérioration graduelle de l’état de santé de Fatou Djibo, la conduisant alors à mener une vie semi-recluse, consacrée essentiellement à la lecture, notamment du Saint Coran et d’autres livres religieux. Elle rend son dernier soupir, le mercredi 6 avril 2016 à Niamey dans les bras de sa seconde fille, médecin de profession[2],[3],[4],[5],[6].

Références

  1. François Martin, LE NIGER DU PRÉSIDENT DIORI : chronologie, 1960-1974, Paris, L'Harmattan, , 421 p. (ISBN 978-2-7384-0952-2, lire en ligne)
  2. Suzanne de Bernus, Particularismes ethniques en milieu urbain - L'exemple de Niamey, Paris, Université de Paris. Institut d'Ethnologie. Musée de l'Homme,
  3. C. Fuchard, Le PPN/RDA et la décolonisation du Niger, Paris, L'Harmattan
  4. Hadiza Djibo, La Participation des Femmes africaines à la vie politique - Les exemples du Sénégal et du Niger, Paris, L'Harmattan,
  5. Fatou Djibo, Mémoires non publiées, Niamey, Niger,
  6. Monique Cys, « Les propos d'une intendante », Sahel Hebdo,

Liens externes

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