Fête nationale de l'Acadie
La fête nationale de l'Acadie est le premier des symboles acadiens qui fut choisi. C'est à la première convention nationale qui eut lieu à Memramcook en 1881 que les élites acadiennes eurent le mandat de choisir la date de cette fête. Le choix de la date engendra un débat parmi l'exécutif de la convention.
D'un côté, les uns prônaient le , journée de la St-Jean-Baptiste (la fête des Canadiens français à l'époque et la fête nationale du Québec aujourd'hui). De l'autre côté, on préconisait l'adoption de la fête le , journée de l'Assomption[1].
Les arguments qu'évoquèrent les pro- étaient:
- Les Acadiens doivent s'unir avec les autres Canadiens francophones face à la majorité anglophone du Canada[2].
- Le tombe durant les récoltes, donc il serait difficile de chômer pour l'occasion de la fête.
En revanche les pro- affirmaient:
- Les Acadiens constituent une nationalité distincte et se doivent d'adopter leur propre fête nationale.
- L'adoption d'une fête nationale distincte de celle du Canada français n'endommagerait pas les liens qui existent entre les deux peuples.
- Le tombe durant les semences, donc il serait également difficile de chômer.
- Le 15 août est la journée de l'assomption, fête catholique de la Vierge Marie.
À cette époque, bon nombre des élites acadiennes étaient traditionalistes et désiraient la préservation des valeurs de la vieille France, celle de la pré-révolution, qui s'était dédiée durant le XVIIe siècle à la Vierge Marie. Ceci n'empêcha pas l'adoption d'un drapeau tricolore acadien à la convention de Miscouche trois ans plus tard.
L'abbé Marcel-François Richard, qui favorisait la date du , a vraisemblablement influencé la prise de décision par son discours, dont voici un extrait :
« ... En effet, il me semble qu'un peuple qui, pendant plus d'un siècle d'épreuves et de persécutions, a su conserver sa religion, sa langue, ses coutumes et son autonomie, doit avoir acquis assez d'importance pour mériter qu'il adopte les moyens d'affirmer son existence d'une manière solennelle; et cela ne saurait se faire plus efficacement que par la célébration d'une fête nationale qui lui soit propre... Permettez-moi maintenant de vous signaler quelques-uns des motifs qui doivent vous engager à choisir la reine de l'Assomption comme fête nationale des Acadiens de préférence à la Saint-Jean-Baptiste. Les Canadiens ayant choisi Saint-Jean-Baptiste pour patron, il me semble qu'à moins de vouloir confondre notre nationalité dans la leur, il est urgent pour les Acadiens de se choisir une fête particulière. Il est bon de remarquer que nous ne sommes pas les descendants des Canadiens, mais de la France, et par conséquent je ne vois aucune raison qui nous engage à nous faire adopter la Saint-Jean-Baptiste comme notre fête nationale... Nous devons tâcher de nous choisir une fête qui nous rappelle notre origine. J'ose même affirmer que la fête de l'Assomption a toujours été et doit être toujours la fête nationale des Acadiens, descendants de la race française. Louis XIII a fait vœu de consacrer son empire à la Sainte Vierge et il voulut que la fête de l'Assomption fût la fête nationale du royaume. Or peu d'années plus tard, il envoya des colons prendre possession de l'Acadie. Ils ont dû par conséquent emporter avec eux les usages et les coutumes de leur patrie, et si des circonstances malheureuses les ont empêchés de chômer leur fête nationale d'une manière régulière, il est pourtant vrai de dire que la dévotion nationale des Acadiens, c'est la dévotion à Marie[2]. »
C'est finalement le 15 août qui fut choisi par les membres de la convention.
Depuis le , une « Journée de la fête nationale des Acadiens et des Acadiennes » existe en vertu d'une loi adoptée par le Parlement du Canada[3].
Notes et références
- 15 août Fête des Acadiens et Fête de l'Assomption, sur Cyberacadie.com, (consulté le 10 février 2008)
- Quand célèbre-t-on la Fête nationale des Acadiens?, dans le site du Musée acadien de l'Île-du-Prince-Édouard, consulté le 10 février 2008
- Loi instituant la Journée de la fête nationale des Acadiens et des Acadiennes, Institut canadien d'information juridique, consulté le 10 février 2008