Eugène Criqui

Eugène Antoine Criqui est un boxeur français, champion du monde des poids plumes en 1923, né le 15 août 1893 dans le 4e arrondissement de Paris et mort le 7 mars 1977 à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis).

Eugène Criqui
Fiche d’identité
Nom de naissance Eugène Criqui
Surnom Mâchoire de fer
Nationalité France
Naissance
4e arrondissement de Paris
Décès
Noisy-le-Grand
Taille 1,62 m (5 4)
Catégorie Poids mouches à poids plumes
Palmarès
  Professionnel
Combats 130
Victoires 99
Victoires par KO 53
Défaites 17
Matchs nuls 14
Titres professionnels Champion du monde poids plumes (1923)

Champions d'Europe poids plumes (1922-1923)
Dernière mise à jour : 7 février 2014

Biographie

Débuts

Eugène Criqui naît le 15 août 1893 dans le 4e arrondissement de Paris[1]. En 1906, Criqui travaille également comme domestique de ferme dans le département de l'Ain[2]. À treize ans, il est apprenti tourneur-décolleteur dans une usine de la rue Saint-Maur à Belleville[3]. Criqui n'a pas bon caractère et son apparence chétive cache une force insoupçonnable[3]. Il apprend à se battre dans la rue et remporte régulièrement ses duels[3]. Vers l'âge de seize ans, il fait la connaissance de Saint-Didier qui vient de monter une société de sportifs où la boxe anglaise tient une place principale[3]. Criqui entre dans la société et commence les combats officiels entre les cordes[3]. Il passe boxeur professionnel en 1910.

De son propre aveu, Criqui ne s'entraîne ni physiquement ni techniquement, et progresse par l'observation et les combats d'entraînements face à Georges Bernard, Paul Manceau ou encore Lucien Vinez[3]. Saint-Didier le lance dans le championnat des novices organisé au Wonderland[3]. Après plusieurs victoires en tours éliminatoires, il s'incline face à Lucien Vinez[3]. Perdant mais heureux, car le créateur de la compétition, Théodore Vienne, lui donne 75 francs[3].

Eugène Criqui

En , le boxeur parisien affronte l'Anglais Buster Brown au Wonderland pour quatre-vingts francs[3]. Il le met KO rapidement, dans la première reprise, si bien que le public réclame qu'il combatte une deuxième fois, cette-fois contre le Martiniquais Cherubin Durocher[3].

Champion de France d'avant-guerre (1912-1914)

Combat entre Criqui contre Dastillon au Wonderland le 11 mai 1912.

Criqui devient champion de France des poids mouches en 1912 après sa victoire aux points face à René Voirin[note 1],[3]. À la fin de l'année, il voyage pour la première fois de sa carrière à l'étranger en Angleterre où il va battre Tom Smith aux points[3]. Il remet alors en jeu son titre de champion de France contre Francis Charles[3]. Au Cirque d'Hiver, Criqui bat son challenger par abandon au dix-septième round, mais les organisateurs n'étant pas en règle avec la Fédération française de boxe, celle-ci décide de retirer le titre au boxeur au profit d'Albert Bouzonnie[3]. Pour reconquérir son titre, Criqui doit affronter le champion, ce qu'il fait à l'Élysée-Montmartre en [3]. Bien qu'il s'impose, Bouzonnie conserve son titre[3]. Un mois plus tard, Criqui rencontre, à Paris, le champion britannique Sid Smith (en) qui gagne le combat, en vingt rounds, aux points.

Le , il bat à Liverpool Percy John dans un affrontement conclu comme un champion du monde[3]. Il signe la revanche pour qu'elle se dispute quelques semaines plus tard, revanche qu'il prépare en battant Gaston Simon, Cherubin Durocher, Jack Bertin et Pat McAllister[3]. La revanche se tient le , lors de laquelle Criqui, fatigué, s'incline[3]. Après une défaite par KO contre Charles Ledoux, sa carrière est interrompue par la Première Guerre mondiale.

Gueule cassée à la mâchoire de fer (1914-1916)

Le , aux Éparges, Eugène Criqui, alors soldat du 54e régiment d'infanterie de ligne, est blessé par un éclat d'obus à la tête alors qu'il est en position de guetteur dans une tranchée[4]. Cette importante blessure, initialement jugée mortelle par les médecins, est traitée puis consolidée par une plaque de fer au niveau de la mâchoire. Cette prothèse, que Criqui conservera lors de ses combats, lui vaut le surnom de « Mâchoire de fer ».

Déclic de la tournée australienne et titre national (1920-1921)

Il reprend la boxe une fois la guerre terminée, et part en 1920 en Australie où on lui découvre un punch du droit lui permettant une série de victoires par KO. Il devient, de retour en France, le , champion de France des poids plumes en battant Auguste Grassi par KO à la 1re reprise[5],[6].

Champion d'Europe et du monde (1922-1923)

Le , à la suite d'une série de victoires, il affronte et bat à New York l'Américain Johnny Kilbane par KO à la 6e reprise, devenant ainsi champion du monde[7],[8]. Eugène Criqui devient le deuxième Français décrochant un titre mondial après Georges Carpentier[8].

Une clause de son contrat prévoyait en cas de victoire de sa part qu'il remette sa ceinture en jeu dans les 60 jours face à Johnny Dundee. Le combat eut lieu le , toujours à New York[9], et l'Américain l'emporte aux points à l’issue des 15 reprises après avoir mis à terre Criqui quatre fois[10].

Lors de son combat suivant contre le Belge Henry Hébrans au Vélodrome d'Hiver de Paris, il se casse la main mais remporte tout de même la victoire aux points[11]. Deux mois et demi plus tard, et malgré quelques semaines d’arrêt forcé pour se soigner, il affronte son compatriote Edouard Mascart pour le titre vacant de champion d’Europe des poids plumes. Il s’inclinera de nouveau aux points en vingt reprises.

Derniers combats et après-carrière

Dès lors, Criqui ne boxera plus qu'à raison d'environ un combat par an (perdant notamment en 1927 le championnat de France par arrêt au 6e round face à Gustave Humery). Il se retire définitivement des rings sur une ultime victoire en 1928, après 55 succès avant la limite.

La presse l'a couronné « le roi du k.o. » ; il a été surnommé en outre « Gégène Gueule cassée » et « le Pâle de Belleville » en raison de sa face blafarde[12].

Il passe une partie de la fin de sa vie à Villepinte en Seine-Saint-Denis.

Devenu plus tard aveugle, il meurt en 1977. Il est inhumé au cimetière parisien de Pantin dans la 21e division.

Distinctions

En 2005, Eugène Criqui est introduit à titre posthume dans l'International Boxing Hall of Fame[13].

À Villepinte, un stade porte son nom.

Notes et références

Notes

  1. Son droit au titre, bien qu'incontesté, reste mal établi du fait de l'existence en France de plusieurs fédérations

Références

  1. Archives de Paris, état-civil numérisé du 4e arrondissement, acte de naissance no 1651 de l'année 1893. Il est le fils d'Eugène Félix Criqui, sommelier originaire de Strasbourg, et de Joséphine Marie Garnier, étagère native de la Mayenne, mariés le dans le 3e arrondissement de Paris.
  2. Archives départementales de l'Ain, recensement de 1906, commune de Corveissiat, foyer 73, famille Quinson, vue 6 de la numérisation.
  3. Eugène Criqui et Robert Bré, « Aventures de ma vie : Mes débuts, mes premières joies, mes premiers malheurs », Match, no 284, , p. 10-11 (lire en ligne).
  4. Eugène Criqui et Robert Bré, « Les aventures de ma vie (2) », Match, no 285, , p. 6-7 (lire en ligne).
  5. « La soirée des Knock-Out : Un grand Champion : Criqui », La presse, no 5829, , p. 3 (lire en ligne).
  6. « Criqui, champion de France », Le Figaro, no 272, , p. 6 (lire en ligne).
  7. Rodolphe Darzens, « Criqui vainqueur de Kilbane par knock-out au sixième round est champion du monde des poids plume », Le Journal, no 11186, , p. 1 (lire en ligne).
  8. « Eugène Cirqui est Champion du Monde : Après un combat magnifique, il bat J. Kilbane par k.o. au sixième round », L'Auto, no 8205, , p. 1 et 3 (lire en ligne).
  9. (en) Johnny Dundee vs. Eugene Criqui (boxrec.com)
  10. J. M., « Comment Eugène Criqui fut battu aux points par l'Américain Dundee », Le Siècle, no 3254, , p. 1 (lire en ligne).
  11. « Après un combat superbe Eugène Criqui bat aux points le Belge Henri Hébrans », Le Matin, no 12645, , p. 1 (lire en ligne).
  12. « Le miroir du passé », Le miroir des sports, no 1245, .
  13. (en) Biographie de Eugène Criqui sur le site de l'International Boxing Hall Of Fame (ibhof.com)

Bibliographie

  • Pierre Hanot, Gueule de fer : Le destin d'Eugène Criqui, Manufacture de livre éditions, , 141 p. (ISBN 978-2358872355).

Liens externes

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