Ernst Reuter

Ernst Rudolf Johannes Reuter (né à Apenrade dans la province du Schleswig-Holstein le et mort le ) fut maire-gouverneur de Berlin (Ouest) de 1948 à 1953, pendant la Guerre froide.

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Ernst Reuter

Ernst Reuter, premier bourgmestre de Berlin-Ouest
Fonctions
Bourgmestre puis Bourgmestre-gouverneur de Berlin
maire de Magdebourg
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Apenrade
Date de décès
Lieu de décès Berlin
Parti politique Parti social-démocrate d'Allemagne
Diplômé de Université de Münster
Université de Marburg
Profession professeur, urbaniste

Biographie

Années de jeunesse

Reuter grandit à Leer puis étudia à Münster et Marburg jusqu'en 1912, date à laquelle il passa le concours de professeur. Il était alors membre de la confrérie « SBV Frankonia Marburg », et adhéra au SPD.

Pendant la Première Guerre mondiale, blessé et capturé par les Russes, il mit à profit sa détention pour apprendre le russe et se joignit aux bolcheviks. Dès 1917, Lénine l'envoya à Saratov en tant que Commissaire du peuple pour fonder une République socialiste autonome des Allemands de la Volga.

Sous la République de Weimar

De retour en Allemagne, Reuter adhéra au KPD et devint premier secrétaire de la section de Berlin. Militant de l'aile gauche du parti, il prit l'initiative d'une révolte en Allemagne centrale en mars 1921 et se posa en adversaire du chef du parti, Paul Levi. Quoique favori de Lénine, il fut exclu du parti en 1922. Il milita quelque temps au sein du Parti social-démocrate indépendant d'Allemagne, puis revint pour de bon au Parti social-démocrate d'Allemagne.

En 1926, il travailla pour le gouvernement de Berlin où il était responsable des transports : à ce poste, il créa la Berliner Verkehrsbetriebe (BVG), unifia les tarifs de transports en commun, et développa le métro de Berlin.

De 1931 à 1933, Reuter, devenu maire de Magdebourg, s'attaqua à la crise du logement et au chômage. Il fut élu député au Reichstag. La venue au pouvoir des nazis en 1933 le contraignit à la démission de tous ses mandats ; il fut déporté au camp de concentration de Lichtenburg près de Torgau. Libéré en 1935, il s'exila en Turquie, où il demeura jusqu'à la chute de l'Allemagne nazie. Il donnait des conférences d'urbanisme à l'université d'Ankara (où il créa d'ailleurs la chaire d'urbanisme) et le gouvernement turc l'employait également en tant qu'expert. Dans les derniers mois de la guerre, la Turquie fit arrêter tous les détenteurs de passeports allemands et les interna dans des camps en tant qu'« agents étrangers » : c'était pour Reuter sa troisième incarcération, après la Russie et les camps de concentration nazis.

L'après-guerre

Après l'armistice, Reuter put rentrer à Berlin, où il fut élu en 1946 au Magistrat (conseil provisoire) responsable du Département des Transports. En 1947 il est élu maire (Oberbürgermeister) de Berlin mais les autorités soviétiques, avec le développement de ce qui va devenir la Guerre froide, refusent de reconnaître son mandat.

Les quatre zones d'occupation de Berlin (1948).

De fait, le nom de Reuter reste indissolublement lié au Berlin de la guerre froide. Lors du blocus de Berlin imposé par les Soviétiques (1948-49), les quartiers ouest de la ville étaient ravitaillés par le couloir aérien institué par le gouverneur militaire américain, Lucius D. Clay. Pour faire face à l'oppression, les citoyens des zones d'occupation ouest devaient être solidaires. Ernst Reuter se fit leur porte-parole et leur dirigeant, devenant la figure emblématique du « Berlin libre ». Le discours prononcé par Reuter le devant 300 000 personnes devant les ruines du Palais du Reichstag, où il appelait le monde entier à ne pas abandonner Berlin, est resté dans les mémoires (cf. infra, § « citation »). Lors des élections tenues deux mois plus tard dans les quartiers ouest de Berlin, sa popularité valut au SPD le score historique de 64,5 %, le plus haut score jamais accordé à un parti politique lors d'élections libres en Allemagne. Devenu maire, il forma une grande coalition avec les deux autres partis concurrents pour témoigner au monde de l'unité de Berlin-Ouest.

Après l'adoption de la constitution de Berlin et son entrée en vigueur à Berlin-Ouest, Reuter fut rééelu, devenant le le premier maire-gouverneur de Berlin. Il devait conserver ce mandat jusqu'à sa mort.

Sous son égide, on créa l'université libre de Berlin pour faire pièce à l'université Humboldt de Berlin, désormais dirigée par les autorités de RDA. En 1953, Reuter institua la Fondation Reuter (Bürgermeister-Reuter-Stiftung) pour porter assistance aux réfugiés d'Allemagne de l'Est.

Reuter mourut d'une attaque cardiaque quelques semaines après les émeutes de 1953 en Allemagne de l'Est ; il avait alors 64 ans. Plus d'un million de personnes assistèrent à ses funérailles. Il est inhumé au cimetière boisé de Berlin-Zehlendorf[1]. Son fils, Edzard Reuter, a été PDG de Daimler-Benz.

Hommages

  • La médaille Ernst-Reuter a été instituée dès 1954 par l'assemblée de Berlin pour récompenser ceux qui, par leur action, ont contribué à la prospérité de l'agglomération.
  • L'association Ernst-Reuter (Ernst-Reuter-Gesellschaft) est la sodalité des anciens de l'université libre de Berlin fondée en 1954. Cette association décerne le prix Ernst-Reuter tous les ans aux lauréats ayant composé les meilleures dissertations de l'université et pourvoit aux bourses Ernst-Reuter pour les Berlinois qui étudient à l'étranger.
  • Les résidences successives de Reuter à Berlin portent des plaques commémoratives : le no 35 de la Hardenbergstrasse (Charlottenburg), le no 33 de la Bülowstrasse (Zehlendorf).
  • Parmi les nombreux endroits de Berlin qui perpétuent le souvenir de Reuter, notamment :

Bien des villes d'Allemagne comptent une rue ou une école dédiée à Ernst Reuter.

La série philatélique « Champion of Liberty » tirée en 1959 par le United States Postal Service a consacré deux timbres à Reuter.

Articles

  • Ernst Reuter, Rationalisierung der Berliner Verkehrsbedienung. Verkehrstechnik (29 juin 1928), vol. 9, no 26, p. 437-439.
  • Ernst Reuter, Die Gründung der Berliner Verkehrs-A.-G. Verkehrstechnik (14 décembre 1928), vol. 9, no 50, p. 917-919

Citation

  • « Peuples du monde... Voyez cette ville, et admettez que vous ne devez pas, que vous ne pouvez pas l'abandonner, ni elle ni son peuple! » Ihr Völker der Welt... Schaut auf diese Stadt und erkennt, dass ihr diese Stadt und dieses Volk nicht preisgeben dürft, nicht preisgeben könnt! »)
  • (de) « Discours de Reuter », sur http://www.berlin.de, ville de Berlin,

Notes et références

Sources

  • Willy Brandt, Richard Lowenthal (en): Ernst Reuter - Ein Leben für die Freiheit (Eine politische Biographie). München: Kindler Verlag, 1957
  • Klaus Harpprecht: Ernst Reuter - Ein Leben für die Freiheit (Eine Biographie in Bildern und Dokumenten). München: Kindler Verlag, 1957
  • Ernst Reuter. Schriften - Reden. Hg. v. Hans E. Hirschfeld und Hans J. Reichardt. Vorwort von Willy Brandt. Bd. 1-4. Frankfurt am Main; Berlin; Wien 1972-1975.
  • David E. Barclay, Schaut auf diese Stadt : Der unbekannte Ernst Reuter, Berlin, Seidler, (ISBN 3-886-80527-1)
  • Pour un examen plus détaillé de la carrière de Reuter, y compris son exil en Turquie, cf. (en) Arnold Reisman, « Turkey's modernization : Refugees from Nazism and Ataturk's Vision »

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