Emmanuel Hocquard

Emmanuel Hocquard, né le à Cannes[1] ou à Tanger[2] suivant les sources et mort le à Mérilheu (Hautes-Pyrénées)[3], est un poète et traducteur français.

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Biographie

Emmanuel Hocquard grandit à Tanger au Maroc[1].

Il peut être défini comme un tenant d'une « modernité négative »[4]. Il a créé la maison d'édition Orange Export Ltd, avec sa compagne Raquel[1] en 1969. Cette structure disparaît en 1986 après avoir été pendant près de 20 ans un foyer de rencontre entre les générations. Hocquard a également dirigé le département de littérature contemporaine à l’A.R.C.[Quoi ?] (Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris) de 1977 à 1991 puis fondé en 1989 Un bureau sur l’Atlantique[5], une association destinée à favoriser une meilleure connaissance, en France, de la poésie américaine contemporaine.

Son travail, qui se réclame des objectivistes américains (Charles Reznikoff ou George Oppen), s’attache à rompre avec le lyrisme pour privilégier des formes minimalistes et descriptives. Le poète selon Emmanuel Hocquard est « un guetteur involontaire de notre quotidien, et qui en retient ce qu’il veut en retenir. (...) Il s’agit alors de parvenir à une sorte d’écriture tabulaire, de l’ordre de la photographie, d’où serait exclu tout attirail métaphorique, c’est-à-dire toute pseudo-profondeur, et qui néanmoins s’imposerait au regard, à l’oreille et à la sensibilité même comme “poétique”, à cause de son agencement, sa grammaire et sa focale. »[6] Dans Un privé à Tanger (1987) ironiquement appelé roman, Emmanuel Hocquard rassemble à la manière d'un montage de film, des poèmes, des éléments de journal de voyage , des textes critiques. Un deuxième volume du Privé à Tanger Ma haie est publié en 2001. C'est une succession de textes hétéroclites qui forment selon l'auteur « une sorte de rhizome incontrôlé.» Dans Le Cap de Bonne Espérance (1988), Emmanuel Hocquard écrit : « Tel fut mon art : de brusques contrastes entre un prosaïsme trivial et de nostalgiques élans de l’âme ; la rapidité des changements de ton, l’emploi d’une langue familière qui ne s’interdisait pourtant pas les emprunts érudits, les réminiscences mythologiques, le recours aux abstractions. »

Œuvres

  • Le Portefeuil, avec des sérigraphies de Raquel, Orange Export Ltd., 1973
  • Album d’images de la villa Harris, Hachette/POL, Paris 1978
  • Les dernières nouvelles de l’expédition sont datées du 15 février 17.., Hachette/POL, Paris, 1979
  • Une journée dans le détroit, Hachette/P.O.L, Paris, 1980
  • Une ville ou une petite île, Hachette/P.O.L, Paris, 1981
  • Aerea dans les forêts de Manhattan, POL, Paris, 1985. Prix France Culture
  • Des nuages & des brouillards, Spectres Familiers, été 1985
  • Le Modèle et son peintre (en collaboration avec Alexandre Delay), Villa Médicis, Rome, 1987
  • Un privé à Tanger, POL, Paris, 1987
  • La Bibliothèque de Trieste, Éditions Royaumont, Asnières sur Oise, 1988
  • Le Cap de Bonne-Espérance, POL, Paris, 1989
  • Deux étages avec terrasse et vue sur le détroit, Royaumont, Asnières sur Oise, 1989
  • Les Elégies, POL, Paris, 1990 (ISBN 2-86744-184-6) (notice BnF no FRBNF35086154)
  • Hier (avec Alexandre Delay), Musée de l'Élysée, Lausanne,1991
  • Théorie des tables, POL, Paris, 1992
  • Allo Freddy ? (avec Juliette Valéry), cipM, Marseille, 1996
  • Un test de solitude, POL, Paris, 1998
  • Le Consul d’Islande, POL, Paris, 2000
  • Ma haie, POL, Paris, 2001
  • L'Invention du verre, POL, Paris, 2003
  • Silva, variation sur le thème du jadis de Pascal Quignard, Contrat Maint, 2003
  • Une grammaire de Tanger (2006-2016)
    • Terrasse à la kasbah, « Le Cahier du Refuge », cipM, Marseille, 2006
    • Une grammaire de Tanger, « Le Refuge en Méditerranée »,cipM, Marseille, 2008
    • Les babouches vertes, Une grammaire de Tanger II, « Le Refuge en Méditerranée », cipM, Marseille, 2009
    • Les coquelicots, Une grammaire de Tanger III, « Le Refuge en Méditerranée », cipM, Marseille, 2011
    • Avant, Une grammaire de Tanger IV, Épilogue, « Le Refuge en Méditerranée », cipM, Marseille, 2012
    • Ce qui n'advint pas, Une grammaire de Tanger V, Post-scriptum, « Le Refuge en Méditerranée », cipM, Marseille, 2016
  • Conditions de lumière, POL, Paris, 2007 (ISBN 978-284682-205-3)
  • Méditations photographiques sur l'idée simple de nudité, POL, Paris, 2009 (ISBN 978-2-84682-445-3)
  • Ruines à rebours, L'Attente, Bordeaux, 2010
  • Un anniversaire, Contrat maint, 2015
  • Comme un orage, cipM, Marseille, 2016
  • Muriel film, cipM, Marseille, 2017
  • Le Cours de Pise, POL, Paris, 2018 (ISBN 978-2-8180-4188-8)

Anthologies

  • 21+1 poètes américains d'aujourd'hui (en collaboration avec Claude Royet-Journoud), Université de Montpellier, éditions Delta, 1986
  • Orange Export Ltd. 1969-1986 (en collaboration avec Raquel), Paris, éditions Flammarion, 1986 ; rééd. 2020
  • 49+1 nouveaux poètes américains (en collaboration avec Claude Royet-Journoud), éditions Un bureau sur l'Atlantique/Royaumont, 1991
  • Tout le monde se ressemble, une anthologie de poésie contemporaine, Paris, P.O.L., 1995

Traductions

  • Charles Reznikoff, Le Musicien (en collaboration avec Claude Richard), POL, 1986
  • Fernando Pessoa, Alvaro de Campos, choix de poèmes (1914-1935) (en collaboration avec Rémy Hourcade), éditions Royaumont, 1986
  • Paul Auster, Effigies, éditions Unes, 1987
  • Antonio Cisneros, Chant cérémonial contre un tamanoir (en collaboration avec Raquel), éditions Unes, 1989
  • Michael Palmer, Série Baudelaire (en collaboration avec Philippe Mikriammos), Les Cahiers de Royaumont, 1989
  • Antonio Cisneros, Les Grandes Questions célestes (en collaboration avec Raquel), 1990
  • John Taggart, Poème de la chapelle Rothko (en collaboration avec Pierre Alféri), Un Bureau sur l'Atlantique, Royaumont, 1990
  • Démosthène Agrafiotis, Déviations (en collaboration avec l'auteur), Les Cahiers de Royaumont, 1991
  • Claude Esteban, L'insomnie, journal (en collaboration avec Raquel Levy), Fourbis, 1991
  • Natacha Strijevskaïa, Le Froid (en collaboration avec Rémy Hourcade), Royaumont, 1993
  • Benjamin Hollander, Onome, Format Américain, 1994
  • Michael Palmer, Sun (en collaboration avec Christine Michel), POL, 1996

Notes et références

  1. « Emmanuel Hocquard », sur centre international de poésie Marseille (consulté en )
  2. « Hocquard de langage. », Libération.fr, (lire en ligne, consulté le )
  3. Patrick Kéchichian, « Le poète Emmanuel Hocquard est mort », Le Monde, (lire en ligne).
  4. Voici la définition qu’en donne Dominique Rabaté : « (…) “Modernité négative” donc qui se signale par un certain nombre de refus que La Bibliothèque de Trieste articule. Au contraire des Poètes (qui revendiquent volontiers la majuscule) qui croient à l’expression d’une “essence poétique transcendante, permanente et universelle”, les poètes “mineurs”, selon Hocquard, recherchent “une poésie sans accent poétique, aussi sèche qu’une biscotte sans beurre”. Anti-lyriques, “le pathos n’est pas leur affaire. Leur propos n’est pas de chanter, de séduire, de s’apitoyer”. Ils cherchent, au contraire, en s’ouvrant à d’autres champs que la littérature, du côté de la philosophie du langage ou de la linguistique, à donner à voir le travail du langage, à le figurer sur la page, selon des découpages ou des tabulations qui sont les ressources propres de l’écriture (…) ». Dominique Rabaté, extrait du Dictionnaire de poésie de Baudelaire à nos jours, sous la direction de Michel Jarrety, Puf, 2001.
  5. http://epc.buffalo.edu/orgs/bureau/
  6. Jean-Michel Maulpoix dans son article : « La poésie française depuis 1950 (IIe partie) : 1970 : Décanter, déchanter... »

Liens externes

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