Edoardo Giordano

Edoardo Giordano dit « Buchicco » (né à Naples le et mort à Rome le ) est un peintre, céramiste, dessinateur et décorateur d'intérieur, italien.

Biographie

Fils d'Enrico Giulio et d'Anna Giordano (qui était une petite-fille d'Enrico Giulio Giordano), une gouvernante allemande lui donna le surnom de Buchicchio (de l'allemand Buck-livre), pour la passion précoce pour la lecture. Il a obtenu son diplôme en 1927 à l'Académie des beaux-arts de Naples[1], où il a été élève du peintre Vincenzo Volpe. Lors de la Première Exposition permanente de l'art de Naples, en 1928, il exposa Controluce (Naples, Collection de la Mairie), une peinture de style sécessionniste, dans laquelle sont évidents des échos du peintre et scénographe Eugenio Viti et de Felice Casorati.

Il entra en contact avec des intellectuels de tendance antifasciste, parmi lesquels Corrado Alvaro, l'historien Adolfo Omodeo (it) qui enseignait Histoire du christianisme à l'Université de Naples[2] et l'écrivain Carlo Bernari, plus tard dévenu un partisan. Des artistes d'avant-garde se retrouvaient à Villa Lucia, avec des politiciens et des littératies antifascistes. Avec Franco Girosi et Giovanni Brancaccio, Edoardo Giordano faisait partie du Groupe des tenaces (Gruppo degli ostinati), parmi lesquels on reconnaissait des artistes qui se montraient contraires à poursuivre la peinture napolitaine traditionnelle du XIXe siècle.

Il fut présent aux expositions du Syndicat fasciste de la Campanie, aux Biennales de Venise du 1934 et du 1936 et à la Quadriennale de Rome du 1935.

Dans ses œuvres de cette période - comme le Portrait du sculpteur Celestino Petrone (1929) et Nature morte (1930) - est encore présente la recherche des volumes et des lumières, dans le style de Casorati et de Viti; mais il y a aussi une grâce à saisir d'autres sollicitations, comme les atmosphères de Carlo Bernari : en est un exemple le Concertino - présenté à l'exposition personnel (1931), à la Galleria del Milione, à Milan - qui se charge aussi de suggestions du soi-disant « réalisme magique  », c'est-à-dire d'une vision ébahie du réel.

Postimpressionnisme à Paris

Il peignit selon le goût du noucentisme le Cantiere navale (1932) et Vicolo (1933), année où il commença des séjours à Paris, où il admira des œuvres du peintre et scénographe Raoul Dufy et se consacra aussi à la céramique, dans le laboratoire du céramiste espagnol Josep Llorens i Artigas. En 1935 il exposât à la Galerie Carmin, à Paris. Il fréquenta Pablo Picasso, le peintre russe naturalisé français Chaïm Soutine et la peintre française Marie Laurencin.

Il simplifiait en même temps la structure de sa peinture: voir par exemple Interno con figura, inspiré de Dufy, et Ritratto del pittore Franco Giros[3]. Son adhésion au style postimpressionniste prit parfois un revers ironique, en réaction au ridicule triomphalisme du régime fasciste. Il a peint en 1936 une Piazza del Quirinale et une Piazza Colonna - lieux symboliques de la vie politique italienne - mais vus dans une version clairement provinciale et sans formalisme.

La saison de abstractionnisme

Au début des années 1950, il s'installa à Milan et s'approcha d'une art abstrait géométrique, lyrique et informelle[4], en entrant en relation avec des représentants du MAC, Mouvement art concret, fondé à Milan sur la poussée d'une volonté de renouveler totalement l'art et qui vit la participation d'artistes napolitains[5].

Entre 1952 et 1956, il établit une association artistique avec le peintre Andrea Bisanzio. Ses œuvres montraient des échos de Vassily Kandinsky, un des fondateurs de la peinture abstraite : c'est évident dans sa Composition (1954). Il accueillit également des expériences optiques et perceptives innovantes et s'orienta de plus en plus vers art informel, en privilégiant notamment son aspect matériel, dans le sillage du naturalisme informel et lyrique d'Ennio Morlotti et du peintre et sculpteur Alfredo Chighine.

Ses dernières années

De retour à Rome, à la fin des années 1950, il produisit la série des plâtres- expérimentant des matériaux aux couleurs douces - qui furent présentés en 1962 à l’exposition personnelle qui lui consacra la XXXI Biennale de Venise. Ses panneaux décoratifs entrèrent dans la décoration des sales de la Banca d'Italia et une tapisserie, sur son dessin, fut réalisée pour le paquebot Raffaello (paquebot) (it).

Il perfectionna les soi-disant « écritures tournantes », comme dans Intonaco pour Pian di Mugnone (Fiesole), présenté à la XXXIe Biennale de Venise. Des visages surréalistes il inséra dans Parete (exposée à la Triennale de Milan du 1964) et dans les décorations exécutées en 1967 pour les palais de la Rai de Turin, de Gênes et de Rome.

De 1967 à 1970, il a enseigné nu à l'Académie des beaux-arts de Naples, réalisant également des reportages photographiques sur la toile, dans le goût de la pop art américaine, comme Racconto del nostro tempo (1966-1967) et Bevete Pepsi Cola (1968). Il produisit aussi des collages abstraits.

Notes et références

  1. (it) « Giordano Edoardo », sur archivioceramica.com (consulté le ).
  2. Historien et personnalité politique, Adolfo Omodeo (1889–1946) fut ministre de l'Éducation publique du royaume d'Italie et membre de la Consulta Nazionale.
  3. (it) Paolo Mamone Capria, Edoardo Giordano, Napoli, A. Guida, , p. 30 et 34.
  4. La photo de Paolo Monti - Servizio fotografico (Italia, 1954) - se réfère à une œuvre d'Edoardo Giordano, exposée à Milan et l'enveloppe qui la contient porte cette inscription: R 14709-742/ Giordano - Bisanzio/ dicembre 1954.
  5. (it) Luciano Berni Canani, Lo stile nel M.A.C. napoletano: Barisani, Bizanzio, Giordano: opere dal 1950 al 1956, Genova, Orti Sauli arte, , p. 9 s., 85-93.

Bibliographie

  • (it) Alfonso Gatto (Dal 27 novembre al 6 dicembre 1953), Edoardo Giordano : 160ª mostra del Naviglio, Milan, Galleria del Naviglio, .
  • (it) Alfonso Gatto, Edoardo Giordano : 4 marzo-16 marzo 1961 (Napoli), Naples, Tipi Artigianelli, .
  • (it) Guido Ballo, La linea dell'arte italiana : Dal simbolismo alle opere moltiplicate, vol. II, Rome, Edizioni Mediterranee, , p. 73.
  • (it) Cesare Vivaldi, Edoardo Giordano : 27 aprile 1970-20 maggio 1970, Rome, Hermes, .
  • (it) Paolo Ricci, Arte e artisti a Napoli : 1800-1943. Cronache e memorie, Napoli, A. Guida, , p. 114, 160, 208, 210 s., 223, 225.

Liens externes

  • Portail de la peinture
  • Portail de l’Italie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.