Don Quichotte à Dulcinée

Don Quichotte à Dulcinée est un recueil de trois mélodies pour baryton et accompagnement composées par Maurice Ravel en 1932 sur des poèmes de Paul Morand. Il s'agit de la dernière œuvre achevée par Ravel, dont il existe deux versions : l'une pour voix soliste et orchestre, l'autre arrangée pour une voix seule et piano. L'œuvre porte la référence M.84, dans le catalogue des œuvres du compositeur établi par le musicologue Marcel Marnat.


Musique

C'est pour répondre à une commande du chanteur et acteur Fédor Chaliapine que Ravel écrivit ces trois mélodies, qui étaient destinées au film Don Quichotte de l'autrichien Georg Wilhelm Pabst. Chaliapine avait en fait requis ces mélodies auprès de plusieurs compositeurs (ce dont Ravel ne savait rien) et finalement ce sont celles composées par Jacques Ibert qui furent retenues — ce dernier en fut d'ailleurs extrêmement gêné.

Ces trois mélodies sont un hommage original au héros de Cervantes. Si elles reflètent pour la dernière fois l'imaginaire espagnol de Ravel, elles marquent dans leur forme un retour à une esthétique bien plus traditionnelle que celles des derniers grands chefs-d'œuvre du musicien. Mais peut-être cette apparente simplicité participe-t-elle à la popularité du triptyque.

  1. Chanson romanesque
  2. Chanson épique
  3. Chanson à boire

Les trois mélodies durent environ sept minutes.

Paroles

Chanson romanesque

Si vous me disiez que la Terre
A tant tourner vous offensa,
Je lui dépêcherais Pança :
Vous la verriez fixe et se taire.
Si vous me disiez que l'ennui
Vous vient du ciel trop fleuri d'astres,
Déchirant les divins cadastres,
Je faucherais d'un coup la nuit.
Si vous me disiez que l'espace
Ainsi vidé ne vous plaît point,
Chevalier Dieu, la lance au poing,
J'étoilerais le vent qui passe.
Mais si vous disiez que mon sang
Est plus à moi qu'à vous ma Dame,
Je blêmirais dessous le blâme
Et je mourrais vous bénissant.
Ô Dulcinée...

Chanson épique

Bon Saint Michel qui me donnez loisir
De voir ma Dame et de l’entendre,
Bon Saint Michel qui me daignez choisir
Pour lui complaire et la défendre,
Bon Saint Michel veuillez descendre
Avec Saint Georges sur l’autel
De la Madone au bleu mantel.
D’un rayon du ciel bénissez ma lame
Et son égale en pureté
Et son égale en piété
Comme en pudeur et chasteté:
Ma Dame.
Ô grands Saint Georges et Saint Michel,
L’ange qui veille sur ma veille,
Ma douce Dame si pareille
A Vous, Madone au bleu mantel !
Amen.

Chanson à boire

Pour les articles homonymes, voir Chanson à boire (homonymie).

Foin du bâtard, illustre Dame,
Qui pour me perdre à vos doux yeux
Dit que l'amour et le vin vieux
Mettent en deuil mon cœur, mon âme !
Je bois à la joie !
La joie est le seul but
Où je vais droit...
Lorsque j'ai bu !
A la joie, à la joie !
Je bois à la joie !
Foin du jaloux, brune maîtresse,
Qui geint, qui pleure et fait serment
D'être toujours ce pâle amant
Qui met de l’eau dans son ivresse !
Je bois à la joie !
La joie est le seul but
Où je vais droit...
Lorsque j'ai bu !
A la joie! À la joie !
Je bois à la joie !
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