Domination de la Compagnie britannique des Indes orientales en Inde

La domination de la Compagnie britannique des Indes orientales en Inde (parfois appelée le Raj de la Compagnie[1]) est la période durant laquelle la Compagnie étend son contrôle sur le sous-continent indien.

Compagnie britannique des Indes orientales

1757–1858

Devise Auspicio Regis et Senatus Angliae
Territoires de la Compagnie en Inde (en rose) en 1837 et 1857.
Informations générales
Statut Colonie administrée par la Compagnie britannique des Indes orientales.
Capitale Calcutta
Langue(s) Anglais, persan, autres
Histoire et événements
10 mai 1757 Bataille de Plassey
16 août 1765 La Compagnie diwan de l'empereur moghol
2 août 1858 Government of India Act de 1858

Entités suivantes :

Plusieurs dates sont considérées comme le début de cette domination : 1757 et la bataille de Plassey, quand le nawab du Bengale rend ses possessions à la Compagnie[2], 1765 quand la Compagnie reçoit le diwani, ou le droit de collecter des impôts, au Bengale et au Bihar[3], 1773, quand la Compagnie établit une capitale à Calcutta, nomme son premier Gouverneur général, Warren Hastings et s'implique directement dans le gouvernement de l'Inde[4].

La domination de la Compagnie dure jusqu'en 1858 quand, après la révolte des cipayes de 1857, le Government of India Act de 1858 transfère le gouvernement de l'Inde de la Compagnie à la couronne britannique, inaugurant le Raj britannique.

Impact économique de la présence britannique sur l'Inde

L'Inde était depuis très longtemps l'une des régions les plus riches du monde, et représentait avant l'installation des colons plus de vingt pour cent du PIB mondial. Les Britanniques ont, sous la direction du la Compagnie, bouleversé l'économie indienne. D'une grande puissance exportatrice (notamment de tissus), ils en ont fait le principal client de la métropole. Cette transformation qui se remarque surtout dans le textile est permise par la désindustrialisation de la colonie, qui était au XVIIIe siècle encore plus avancée que la Grande-Bretagne où la Révolution industrielle commençait à peine. Les étoffes indiennes étaient donc bien meilleur marché et abreuvaient les marchés européens. Les Britanniques ont importé la technologie indienne et l'ont perfectionnée pour créer le spinning jenny dans les années 1760. Devenant compétitifs, ils parvinrent à s'imposer dans la métropole, puis en Europe, en Afrique et en Asie, et finalement en Inde elle-même dans les années 1840. En parallèle, les colons ont encouragé l'agriculture et particulièrement des produits tels que l'indigo (jusque dans les années 1850), le coton et le pavot (pour produire de l'opium destiné à la Chine, voir les guerres de l'Opium). La période du Raj de la Compagnie se caractérise donc par une double mutation : l'Inde bascule d'une puissance exportatrice à un gros importateur, et elle se désindustrialise pour redevenir une économie agraire.[5]

La question religieuse

L'hindouisme et l'islam sont les deux principales religions de l'Inde, tandis que les colons sont chrétiens protestants. En 1806, cette différence religieuse provoque un conflit, la mutinerie de Vellore. Les cipayes, des mercenaires Indiens engagés dans les rangs Britanniques, se soulèvent contre une réforme du code vestimentaire qui leur impose de blasphémer. Aux hindous, les signes religieux ostentatoires sont refusés ; aux musulmans, le rasage de la barbe est imposé. La mutinerie de Vellore est suivie, un demi-siècle plus tard, par la révolte des cipayes de 1857. Les nouveaux fusils fournis par l'armée sont tels que pour manipuler les munitions, il faut les mordre et ainsi mettre sa bouche au contact du lubrifiant, un suif composé de graisse de cochon et de vache. Or la vache est sacrée pour les hindous et le cochon jugé impur par les musulmans. Si le refus de ce lubrifiant est l'élément déclencheur de la révolte des cipayes, il ne faut pas réduire les causes du soulèvement et notamment les raisons pour lesquelles il a été repris par le peuple à ce blasphème refusé.


Références

  1. Robb 2011, p. 116-147 « chapitre 5: Early Modern India II: Company Raj », Metcalf et Metcalf 2006, p. 56-91 « Chapitre 3: The East India Company Raj, 1772-1850 », Bose et Jalal 2004, p. 76-87 « Chapitre 7: Company Raj and Indian Society 1757 to 1857, Reinvention and Reform of Tradition. »
  2. Bose et Jalal 2004, p. 76
  3. Brown 1994, p. 46, Peers 2006, p. 30
  4. Metcalf et Metcalf 2006, p. 56
  5. Claude Markovits, « L'Inde dans l'économie mondiale », Revue d'Histoire du XIXe siècle, (lire en ligne)

Bibliographie

  • (en) Peter Robb, A History of India, Palgrave Macmillan, , 400 p. (ISBN 978-0-230-34549-2, lire en ligne)
  • (en) Sugata Bose et Ayesha Jalal, Modern South Asia : History, Culture, Political economy, Routledge, , 2e éd., 272 p. (ISBN 978-1-134-39715-0, lire en ligne)
  • (en) Judith Margaret Brown, Modern India : the origins of an Asian democracy, Oxford University Press, , 459 p. (ISBN 978-0-19-873112-2, lire en ligne)
  • (en) Barbara Daly Metcalf et Thomas R. Metcalf, A concise history of modern India, Cambridge University Press, , 376 p. (ISBN 978-0-521-86362-9, lire en ligne)
  • (en) Douglas M. Peers, India under colonial rule : 1700-1885, Pearson Education, , 163 p. (ISBN 978-0-582-31738-3, lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

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