Domaine de Montreuil

Le château ou domaine de Montreuil, dit domaine de Madame Élisabeth, situé dans le quartier de Montreuil à Versailles, au bord de l'avenue de Paris dont un mur de clôture l'en sépare, abrite un parc de 7,2 hectares. Louis XVI l'acheta en 1783 pour sa sœur Élisabeth de France, dite Madame Élisabeth.

Ne doit pas être confondu avec Hôtel de Madame Élisabeth.

Historique

L'orangerie.

Ancien Régime

Seigneurie dès le XIIe siècle, Montreuil est doté d'une forteresse en 1375. Entré dans le domaine royal, le domaine est cédé aux Célestins de Paris par le roi Charles VI. Puis il est intégré au domaine de Versailles au temps de Louis XV. La source qui alimente à l'époque les étangs aujourd'hui asséchés, en fait un lieu à la mode où les proches de la Cour font construire de belles propriétés d'agrément.

C'est ainsi qu'en 1772, le prince de Rohan-Guéméné et son épouse, dite Madame de Guéméné acquièrent le domaine de Montreuil, qu'ils agrandissent pour former une propriété de 8 hectares. Les transformations, tant de la maison que des jardins sont confiées à l'architecte Alexandre Louis Étable de La Brière. En 1783, à la suite de la faillite retentissante des Guéméné, Louis XVI achète la demeure pour sa sœur cadette Élisabeth. C'est Marie Antoinette qui en fait la surprise à celle-ci. Lui ayant proposé une promenade à Montreuil, où Madame Élisabeth alors âgée de 19 ans se souvient d'avoir joué étant enfant, la reine lui annonce : « Vous êtes ici chez vous ». Madame Élisabeth y séjourne jusqu'en 1789.

De 1784 à 1789, les bâtiments sont mis au goût du jour, dans le style néo-classique, par l'architecte Jean-Jacques Huvé, futur maire de Versailles (1792-1793)[1]. Celui-ci fait élever des corps de logis à deux niveaux (rez-de-chaussée et étage) en pierre de taille, striés de refends horizontaux et surmontés de combles brisés. L'ensemble comprenait notamment une chapelle sur plan circulaire et éclairage zénithal, type alors en vogue[2], ainsi qu'un boudoir turc. Le mobilier fut commandé à l'ébéniste Jean-Baptiste-Claude Sené. Des pièces de ce mobilier sont conservées aujourd'hui à Paris au musée du Louvre[3] et au musée Nissim-de-Camondo[4].

Le mur de clôture, le long de l'avenue de Paris, couronné d'une balustrade, servait de terrasse d'où l'on pouvait admirer le parc et le jardin de huit hectares aménagé par Huvé dans ce qu'on appelait le goût anglo-chinois (grotte factice, cours d'eau, cascade, pont, etc.). Des dessins de l'architecte, conservés à la Bibliothèque nationale, au musée Carnavalet et au musée Lambinet gardent le souvenir de cet aménagement[5].

Madame Élisabeth établit à Montreuil un petit dispensaire dans une pièce de la maison pour les pauvres des environs. Ceux-ci sont soignés par le médecin et botaniste Louis Guillaume Le Monnier, qui fait venir des plantes rares dans le potager du domaine. La Révolution met fin à ces occupations.

Ayant échappé au morcellement des propriétés lors de la Révolution française, la famille Clausse en devient propriétaire au début du XIXe siècle, Charles Louis Clausse, maire de Versailles y meurt le .

Les bâtiments sont profondément transformés, sans doute sous la Restauration ou la Monarchie de Juillet, pour leur donner leur configuration actuelle.

Époque contemporaine

Entre les deux dernières guerres, des restaurations importantes sont réalisées par le propriétaire, Jean-Baptiste Chantrell. En 1955, sa fille Lydie vend la propriété à une société immobilière. La maison de Madame Élisabeth appartient depuis 1984 au conseil général des Yvelines. L'Orangerie, acquise par le département en 1997, sert de lieu d'expositions temporaires.

Description

L'habitation actuelle se compose d'un corps de logis rectangulaire de deux étages sur rez-de-chaussée flanqué de deux pavillons. La façade est ornée d'un péristyle à quatre colonnes. De la maison d'origine, ne subsiste que la partie initialement acquise par les Guéméné avec seulement trois pièces de l'appartement de Madame Élisabeth : la chambre qui devait être la sienne mais où elle n'a jamais couché (n'étant pas majeure, elle devait chaque soir retourner dormir au château), le salon turc et la salle du clavecin. Certains éléments de décor sont des réemplois.

Outre l'orangerie, le domaine était bordé par une laiterie et une vacherie aujourd'hui disparues.

La visite du parc est libre.

L'orangerie fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques pour ses façades et toitures depuis le [6].


Citation

  • « Les Grâces, en riant, dessinèrent Montreuil. »Jacques Delille[réf. nécessaire]

Notes et références

  1. S. Chauffour, Jean-Jacques Huvé (1742-1808), architecte : retour à Palladio, Thèse d'École des Chartes, 2005.
  2. Cf. chapelle de l'hôpital Richaud par l'architecte Charles François Darnaudin, collègue d'Huvé comme inspecteur du château de Versailles.
  3. Jean-Baptiste-Claude Sené (1748-1803), Paire de bergères « à la Reine » (1789), Paris, musée du Louvre.
  4. Jean-Baptiste-Claude Sené (1748-1803), Paire de chaises voyeuses (1789), Paris, musée Nissim-de-Camondo
  5. S. Chauffour, op. cit.
  6. Notice no PA00087672, base Mérimée, ministère français de la Culture

Annexes

Liens externes

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