Dicynodontia

Dicynodonte

Dicynodontia
Robertia, vue d'artiste par Dimitri Bogdanov.
Classification
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Classe Synapsida
Ordre Therapsida
Clade Neotherapsida
Sous-ordre  Anomodontia
Clade  Chainosauria

Infra-ordre

 Dicynodontia
Owen, 1859

Taxons de rang inférieur

Les Dicynodontia (dicynodontes en français) sont un infra-ordre éteint de thérapsides herbivores du sous-ordre également éteint des Anomodontia.

Les plus anciens représentants de ce groupe apparurent au Permien moyen et étaient au début de petite taille, comme les genres Diictodon ou Robertia. Après l'extinction Permien-Trias, ils évoluèrent pour donner naissance à des animaux bien plus grands. Leur nom signifie en grec « deux dents de chien », allusion aux deux dents fouisseuses qui saillaient de leur gueule, et qui leur servaient selon toute vraisemblance à extraire les racines du sol. Plus de 70 genres de ce groupe sont connus à ce jour, ce qui fait de ce taxon le groupe le plus diversifié de thérapsides non-mammaliens.

Caractéristiques et évolution

Reconstitution de Kannemeyeria simocephala, un dicynodonte de 3 mètres de long datant du Trias.

Les dicynodontes possédaient un bec orné de deux dents qui leur permettaient probablement d'extraire les racines du sol ainsi que les jeunes pousses. Ils possédaient une tête massive et une petite queue.

Les premiers d'entre eux étaient petits et agiles, comme Diictodon ou Kingoria du Permien final, mais ils évoluèrent en de plus grands reptiles comme Lystrosaurus du début du Trias, puis en des animaux très massifs et lents comme les Kannemeyeriidae de la fin de Trias.

Les dicynodontes sont parmi les animaux qui ont le mieux traversé la crise biologique de la fin du Permien, survenue il y environ 250 millions d'années. La plupart de ces animaux étaient en effet petits et agiles et vivaient pour certains dans des galeries souterraines qui les protégeaient de la chaleur et des tempêtes de sable. Ils trouvaient en outre dans leurs galeries des racines dont ils se nourrissaient. Juste après cette crise, ils furent les animaux les plus répandus sur terre, à l'image du Lystrosaurus de taille moyenne (1 à 2 mètres de long suivant les espèces), très communs dans les gisements du début du Trias. Les Lystrosauridae furent remplacés peu après par les Kannemeyeriidae, tels que Rabidosaurus ou Kannemeyeria, ou encore Placerias, des animaux bien plus massifs.

Des amas de coprolithes en Argentine datant d'il y a 220 millions d'années indiquent un comportement grégaire, ces animaux déféquant dans des latrines communes[1].

Le plus grand et le plus récent des dicynodontes a été décrit en 2018 par T. Sulej et G. Niedźwiedzki sous le nom de Lisowicia bojani[2],[3]. Il a vécu il y a environ entre 210 et 205 Ma (millions d'années). Sa longueur est estimée à plus de 4,50 mètres, pour une hauteur de 2,60 mètres et une masse de 9 tonnes[3].

Endothermie et poils

Les Dicynodontes sont depuis longtemps soupçonnés d'être des animaux à sang chaud. Leurs os sont très vascularisés, ce qui est une caractéristique des endothermes, possèdent des canaux de Haversian, et leurs proportions corporelles sont propices à la conservation de la chaleur[4]. Chez les jeunes spécimens, les os sont si fortement vascularisés qu'ils présentent des densités de canaux plus élevées que chez la plupart des autres thérapsides[5]. Pourtant, les études sur les coprolithes de Dicynodontes du Trias tardif présentent paradoxalement des schémas digestifs plus typiques des animaux à métabolisme lent[6].

Plus récemment, la découverte de restes de poils dans des coprolithes du Permien renforce peut-être l'hypothèse des Dicynodontes en tant qu'animaux endothermiques. Comme ces coprolithes proviennent d'espèces carnivores et que les os de Dicynodontes digérés y sont abondants, il a été suggéré qu'au moins une partie de ces restes de poils proviennent de Dicynodontes[7].

Une étude chimique de 2017 suggère quant à elle que les Cynodontes et les Dicynodontes ont tous deux développé un métabolisme à sang chaud, de façons indépendentes, et ce avant l'extinction du Permien[8].

Phylogénie

Eodicynodon est probablement le Dicynodonte le plus basal. Diictodon et Robertia, des dicynodontes permiens et de petite taille sont eux aussi assez basaux. Les Dicynodontes les plus dérivés sont les Dicynodontoidea, qui contiennent entre autres Dicynodon, les Lystrosauridae et les Kannemeyeriiformes.

Disparition

À la fin du Trias, les dicynodontes déclinèrent. Ils furent progressivement remplacés dans les écosystèmes par les Rhynchosauria, ainsi que les Traversodontia, des cynodontes herbivores, comme Exaeretodon. Ils finirent par disparaître au Norien (milieu du Trias supérieur) il y a environ 210 millions d'années, quand les dinosaures Sauropodomorpha leur prirent la place de grands herbivores. Cependant de récentes découvertes remirent en cause la date de cette disparition. Des Dicynodontes furent découverts en Australie, au Queensland, dans des terrains datés du Crétacé[9].

Notes et références

  1. (en) Lucas E. Fiorelli et al., « The oldest known communal latrines provide evidence of gregarism in Triassic megaherbivores », Scientific Reports, 28 novembre 2013
  2. « Découverte d'un dicynodonte géant vieux de 210 millions d'années », sur https://www.sciencesetavenir.fr, (consulté le )
  3. (en) Tomasz Sulej et Grzegorz Niedźwiedzki, « An elephant-sized Late Triassic synapsid with erect limbs », Science, no eaal4853, (DOI 10.1126/science.aal4853)
  4. Robert T. Bakker, « Dinosaur renaissance », Scientific American, vol. 232, no 4, , p. 58-79 (DOI 10.1038/scientificamerican0475-58)
  5. Jennifer Botha-Brink et Kenneth D. Angielczyk, « Do extraordinarily high growth rates in Permo-Triassic dicynodonts (Therapsida, Anomodontia) explain their success before and after the end-Permian extinction? », Zoological Journal of the Linnean Society, vol. 160, no 2, , p. 341-365 (DOI 10.1111/j.1096-3642.2009.00601.x)
  6. Piotr Bajdek, Krzysztof Owocki et Grzegorz Niedźwiedzki, « Putative dicynodont coprolites from the Upper Triassic of Poland », Palaeogeography, Paléoclimatologie, Paléoécologie, vol. 411, , p. 1-17 (DOI 10.1016/j.palaeo.2014.06.013)
  7. Piotr Bajdek, Martin Qvarnström, Krzysztof Owocki, Tomasz Sulej, Andrey G. Sennikov, Valeriy K. Golubev et Grzegorz Niedźwiedzki, « Microbiota and food residues including possible evidence of pre-mammalian hair in Upper Permian coprolites from Russia », Lethaia, vol. 49, no 4, , p. 455-477 (DOI 10.1111/let.12156)
  8. Kévin Rey, Romain Amiot, François Fourel, Fernando Abdala, Frédéric Fluteau, Nour- Eddine Jalil, Jun Liu, Bruce S. Rubidge, Roger MH Smith, J. Sébastien Steyer, Pia A Viglietti, Xu Wang et Christophe Lécuyer, « Oxygen isotopes suggest elevated thermometabolism within multiple Permo-Triassic therapsid clades », eLife, vol. 6, , e28589 (PMID 28716184, PMCID 5515572, DOI 10.7554/eLife.28589)
  9. (en) Thulborn et Turner, 2003: « The last dicynodont, an australian cretaceous relict »

Liens externes

Sources

  • (en) Kammerer, C.F., Angielczyk, K.D., (2009), « A proposed higher taxonomy of anomodont therapsids », Zootaxa vol. 2018, p. 1-24.
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