Dénialisme
En psychologie comportementale, le dénialisme est le choix de nier la réalité. Il s'agit d'une action irrationnelle d'une personne qui rejette la validité d'une expérience historique ou d'un événement et ainsi refuse d'accepter une réalité empiriquement vérifiable[1]. C'est un moyen mis en place afin d'éviter une vérité psychologiquement inconfortable[2].
Description
Dans le domaine des sciences, le dénialisme est le rejet de faits bien soutenus par le consensus scientifique en faveur d'idées controversées[3].
Les différentes formes de dénialisme présentent les caractéristiques communes de rejeter des preuves accablantes et de tenter de nier l'existence d'un consensus, afin d'amener le sujet sur le terrain de la controverse politique[4][5]. Les motivations et les causes de dénialisme incluent les croyances religieuses, l'intérêt personnel (économique, politique, financier, etc.), ainsi que les mécanismes de défense destinés à protéger le psychisme du dénialiste contre des faits et des idées mentalement troublants[6][7].
Une des techniques de prévention du glissement vers le dénialisme est l’inoculation psychologique.
Dénialisme et négationnisme
En langue française, les termes dénialisme et négationnisme ont deux sens voisins mais sensiblement différents, tout deux désignent le déni de faits établis, mais le dénialisme désigne plutôt le déni de faits scientifiques tel que le réchauffement climatique tandis que le négationnisme désigne le déni de faits historiques telle que la Shoah. Comme l'explique le philosophe Normand Baillargeon, « on pourra être tenté de traduire dénialisme par « négationnisme ». Cependant, ce serait oublier que ce mot désigne déjà, en français, le refus d’admettre la réalité de la Shoah qui est un fait historiquement prouvé. »[réf. nécessaire] Le terme négationnisme est également utilisé par certains pour désigner le déni de l'existence de communautés immigrantes en France, d'une deuxième religion comme l'Islam ou encore des guerres coloniales tel que la guerre d'Algérie[8][source insuffisante]. On peut considérer le négationalisme comme un cas particulier de dénialisme, visant des faits établis par la science historique.
Exemples
Il y a de nombreux cas de dénialisme, les principaux sont d'après Normand Baillargeon[9] :
- le refus d’admettre l’efficacité et l’innocuité quasi totale des vaccins ;
- le refus d’admettre la réalité du réchauffement climatique anthropique ;
- le refus d'admettre que le VIH cause le sida ;
- ou le refus d'admettre l'évolution biologique, et spécialement que l'espèce humaine soit le produit de l'évolution par sélection naturelle ».
SIDA
La négation du SIDA et de nombreuses théories du complot liées fleurissent notamment sur Internet[10]. Thabo Mbeki, ancien président sud-africain, a freiné l'accès des malades sud-africains aux antirétroviraux en partie sous l'influence de ce dénialisme.[11].
Notes et références
- O'Shea 2008, p. 20.
- Maslin 2009.
- Scudellari 2010.
- Diethelm et McKee 2009.
- McKee et Diethelm 2010.
- Hambling 2009.
- Monbiot 2006.
- Patrick Harismendy, « Algérie-France : sortie(s) de guerre et « entrée en paix » », dans Algérie : sortie(s) de guerre, Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-7535-3264-9, lire en ligne), p. 9–13
- Normand Baillargeon, « Un nouvel ennemi: le dénialisme », Québec Science, (lire en ligne)
- « « Le sida n’existe pas » : le VIH aussi a ses théories du complot », sur rue89, (consulté le )
- Alan Vonlanthen, « Dossier – le dénialisme scientifique (ou négationnisme de la science) », sur podcastscience, (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Janet Maslin, Michael Specter Fires Bullets of Data at Cozy Antiscience in 'Denialism', New York Times, (lire en ligne).
- (en) Paul O'Shea, A Cross Too Heavy: Eugenio Pacelli, Politics and the Jews of Europe 1917-1943, Kenthurst, Rosenberg Publishing, , 392 p. (ISBN 978-1-877058-71-4, lire en ligne), p. 20.
- (en) PA Diethelm et M McKee, « Denialism: what is it and how should scientists respond? », European Journal of Public Health, vol. 19, no 1, , p. 2–4 (PMID 19158101, DOI 10.1093/eurpub/ckn139, lire en ligne).
- (en) M McKee et PA Diethelm, « How the growth of denialism undermines public health », British Medical Journal, vol. 341, , p. 1309–1311 (PMID 21156741, DOI 10.1136/bmj.c6950, lire en ligne).
- (en) David Hambling, « Abominable 'No' Men », Fortean Times, (lire en ligne).
- (en) George Monbiot, « The denial industry », Guardian Unlimited, (lire en ligne).
- (en) M. Scudellari, « State of denial », Nat. Med., vol. 16, no 3, , p. 248 (PMID 20208495, DOI 10.1038/nm0310-248a).
Articles connexes
- Biais cognitif
- Négationnisme
- Politisation de la science
- Résistance (psychologie)
- Résistance au changement
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