Défense russe

La défense russe, aussi nommée défense Petrov, est une ouverture du jeu d'échecs. Elle s'obtient après les coups 1.e4 e5 2.Cf3 Cf6.

Cet article utilise la notation algébrique pour décrire des coups du jeu d'échecs.

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Position de base de la défense russe après 1. e4 e5 2. Cf3 Cf6

Historique

Connue depuis la Renaissance, cette défense a été particulièrement analysée par l'un des fondateurs de l'école d'échecs de Saint-Pétersbourg, Alexandre Petrov (1794-1867).

Wilhelm Steinitz trouva une ligne symétrique qui mène à un jeu égal (3.d4).

Avant la première guerre mondiale, Frank Marshall l’a beaucoup utilisée avec succès.

Au cours du tournoi de Saint-Pétersbourg de 1914, Emmanuel Lasker trouva une suite menant à l’échange des Dames et qui se conclut souvent par la nulle (voir ligne Lasker ci-dessous).

Après ce tournoi, Siegbert Tarrasch écrivit que le gouvernement russe devrait décorer Marshall pour sa constance à jouer un début inférieur[1].

Depuis, la défense russe tomba dans un relatif oubli, avant que l'ancien champion du monde Vladimir Kramnik et l'Israélien Boris Guelfand ne la réhabilitent.

Analyse

Au premier abord, la défense russe semble être une contre-attaque virulente, mais en fait, elle est réputée pour aboutir, à haut niveau, à des nulles rapides. Elle peut cependant se révéler piégeuse. Elle est souvent utilisée par des joueurs recherchant, avec les noirs, des positions solides, avec généralement la nulle pour objectif.

Parmi les joueurs professionnels, sa solidité est telle qu'il arrive que les blancs jouent un autre coup que 2.Cf3 pour l'éviter. Ainsi, lors de la Coupe du monde d'échecs 2009, Judit Polgár, Maxime Vachier-Lagrave et Sergueï Kariakine ont opté pour la partie du fou (1.e4 e5 2.Fc4), une ouverture rare, lors de leurs parties contre Guelfand.

3.Cxe5

Ce coup mène aux variantes ouvertes de la Petrov.

  • 3…Cxe4? est une erreur, car les blancs peuvent jouer 4.De2, créant un face-à-face entre la dame blanche et le roi noir favorable aux blancs. Le cavalier ne peut quitter e4 à cause de 5.Cc6+, et la dame noire est perdue. D'autre part, les noirs ne peuvent pas le protéger par 4…d5, sous peine de perdre un pion : 5. d3 De7 6.dxe4 Dxe5 7.exd5, et la dame, clouée, ne peut reprendre en d5[2].
  • 3…d6 est donc le coup principal.
    • 4.Cf3 Cxe4 est la variante principale.
      • 5.d4
      • 5.De2 (ligne Lasker), simplifie la position, peu entreprenant et conduit le plus souvent à la nulle. 5..De7 6.d3 Cf6 7.Fg5. Les Blancs y conservent l’avantage du trait et cette ligne ne laisse aux Noirs que peu d’espoir de gain.
      • 5.c4 attaque Kauffmann, étudiée par Paul Keres.
    • 4.Cc4 est la variante ou attaque Paulsen, rarement employée dans la pratique moderne.
    • 4.Cd3 est l'attaque Karklins ou variante Martinovsky , rare également.
    • 4.Cxf7 est le gambit Cochrane. Il n'a pas la faveur des théoriciens, mais il a cependant été employé à haut niveau par des joueurs comme Veselin Topalov et Nigel Short pour surprendre leur adversaire.
  • 3...Cc6 est le gambit Stafford, réputé mauvais pour les noirs, mais comporte des pièges pour les blancs. Par exemple, après 4.Cxc6 dxc6 5.d3 Fc5, le pourtant logique Fg5 est perdant sur 6...Cxe4! Si les blancs capturent la dame par Fxd8, Fxf2 puis Fg4 font mat.

3.d4

Ce coup caractérise la variante Steinitz, qui mène aux variantes fermées de la défense russe.

Exemples de parties

Aleksandr Grichtchouk-Boris Gelfand, Russie, 2006 (annotations de Gelfand)

1. e4 e5 2. Cf3 Cf6 3. Cxe5 d6 4. Cf3 Cxe4 5. d4 d5 6. Fd3 Cc6 7. o-o Fe7 8. c4 Cf6 9. Cc3 Fe6 10. cxd5 Cxd5 11. Te1 o-o 12. a3 Ff6 13. Fe4 h6 14. Fc2 Cde7 15. Fe3 Cf5 16. Ce2 Te8!? 17. Dd3 g6 18. Dd2 Cxe3 19. fxe3 Fg4 20. Cc3 Ca5?! 21. Df2 Cc4 22. Fb3 Cd6 23. Tad1?! (23. e4! Ff3 24. e5!) Ff5 24. h3 Rg7! 25. Tf1 c6 26. Ce5 Fe6 27. Fxe6 Txe6 28. e4 Txe5! 29. dxe5 Fxe5 30. Txd6!? Dxd6 31. Dxf7+ Rh8 32. Td1? (32 Ce2!) Tf8 33. Txd6 Txf7 34. Td3 Rg7 35. b4 Rf8 36. Cd1 Re7 37. Cf2 Re6 38. g3? (38. Rf1) b6 39. Rg2 c5 40. bxc5 bxc5 41. Td5 c4 42. Cg4 Fg7+ 43. Ta5 Fd4 44. Ta6+ Fb6 45. a4 c3 46. a5 c2 47. axb6 c1D 48. bxa7+ Re7 49. Ta2! Df1+ 50. Rh2 Tf8 51. a8D Txa8 52. Txa8 De2+! 53. Rg1 De1+ 54. Rh2 h5 55. Ta7+ Rd8 56. Ta8+ Rc7 57. Ta7+ Rb8 58. Tf7 hxg4 59. hxg4 Dxe4 60. Tf4 Dd5 61. Tb4+ Rc7 62. Tf4 Dd1 63. Rg2 Rd6 64. Tf6+ Re5 65. Tf4 g5 0-1 (si 66. Tf5+ Re4 67. Txg5?? alors 67...Dd2+).


Peter Svidler-Étienne Bacrot, Morelia/Linares, 2006 (annotations de Svidler)

1. e4 e5 2. Cf3 Cf6 3. Cxe5 d6 4. Cf3 Cxe4 5. Cc3 Cxc3 6. dxc3 Fe7 7. Ff4 o-o 8. Dd2 Cd7 9. o-o-o Cc5 10. Fe3 Te8 11. Fc4 Fe6 12. Fxe6 Cxe6 13. h4 Dd7 14. Dd3 Da4! 15. Cg5 Cf8 16. Dd5!? Fxg5 17. hxg5 De4! 18. c4 Dxd5?! 19. cxd5 Cd7 20. Td3! f6 21. Tc3 Tac8 22. Th4 Te7 23. Thc4 Cb6 24. Fxb6 axb6 25. gxf6 gxf6 26. a4 Rf8 27. Rd2 Tg7 28. g3 Re8 29. Tf3 Tg6 30. Th4 h6 31. Te4+ Rd7 32. Te6 Tf8 33. c4 h5 34. Tf5? Tg4! 35. b3 h4 36. gxh4 Txh4 37. Tfxf6 Txf6 38. Txf6 Re7 39. Te6+ Rf7 40. Te3 Th1 41. Tf3+ Re7 42. Re3 Te1+ 43. Rf4 Rf6? 44. Th3! Te2 45. Th7 Txf2+ 46. Re3 Tb2 47. Txc7 Txb3 48. Rd4 Tb4 49. Td7! Txa4 50. Txd6+ Re7 51. Txb6 Ta7 52. c5 Rd8 53. Re5 Rc7 54. Th6 Ta5 55. Th7+ Rb8 56. Th8+ Ra7 57. d6 Txc5+ 58. Re6 Tc6 59. Re7 1-0.

Notes et références

  1. La pratique moderne des ouvertures dans la partie d’échecs par Victor Kahn aux éditions le triboulet p.93
  2. Une analyse qui remonte à Luis Ramírez Lucena (source : (en) Raetsky, M. Chetverik, Petroff Defence p. 5).

Bibliographie

  • (en) Vassílios Kotroniás, Andreas Tzermiadianos, Beating the Petroff, Batsford Ltd., 2004
  • (en) Alex Raetsky, Maxim Chetverik, Petroff defence, Everyman Chess, 2005
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