Défense Alekhine
La défense Alekhine est une ouverture du jeu d'échecs, nommée ainsi en hommage au joueur franco-russe Alexandre Alekhine, qui l'employa en 1921. Si le prestige d’Alekhine a rejailli sur cette défense, plusieurs maîtres ont étudié et pratiqué cette ouverture bien avant lui[1]. De plus, Alekhine ne l’a pas jouée souvent.
Cet article utilise la notation algébrique pour décrire des coups du jeu d'échecs.
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Cette ouverture fut longtemps considérée comme mauvaise pour les Noirs jusqu'à ce que Bobby Fischer l'employât deux fois avec succès lors de son match du championnat du monde de 1972 à Reykjavik (Islande), face à Boris Spassky. Il gagna une fois et fit nulle à l'autre partie[2]. Elle est peu jouée en compétition de haut niveau car, si elle permet aux blancs d'avoir assez facilement une bonne position, les noirs ne peuvent espérer mieux que l'égalité[3]. Néanmoins, les possibilités d'égalisation des Noirs sont réelles, même s'ils souffrent pendant la partie d'un désavantage d'espace qu'ils doivent supporter « avec patience et optimisme » en attendant de pouvoir attaquer au moment qui sera propice[4].
Idée générale
Les coups composant l'ouverture sont les suivants : 1. e4 Cf6. Ce coup des noirs invite les Blancs à avancer leurs pions pour les attaquer par la suite ou s'en servir afin de créer du contre-jeu[4]. La philosophie de la défense Alekhine est d'inciter les Blancs à se créer un centre de pions avancés au détriment du développement. Les Noirs, en avance de développement, pourront alors attaquer le centre blanc vulnérable.
Après 1. e4 Cf6, les Blancs poursuivent donc normalement par 2. e5.
À l'inverse, défendre le pion e4 donne aux Noirs une partie assez simple :
- 1. e4 Cf6 2. Cc3 e5 transpose dans la partie viennoise ;
- 1. e4 Cf6 2. Cc3 d5 reste dans l'Alekhine proprement dite. Cette variante permet facilement l'égalité[4]. Ces deux options posent peu de problèmes aux Noirs.
- 1. e4 Cf6 2. d3 d5 3. e5 Cfd7 4. f4 c5, variante qui permet à terme aux Noirs de se développer à l'aile Dame ou d'attaquer le centre blanc par f7-f6[4].
Variantes principales
Après 2. e5 Cd5, les Blancs peuvent poursuivre par l'une des quatre variantes suivantes :
- la variante moderne, (aussi appelée variante positionnelle[4]) : 1. e4 Cf6 2. e5 Cd5 3. d4 d6 4. Cf3 (voir diagramme)
- la variante de la chasse : 1. e4 Cf6 2. e5 Cd5 3. c4 Cb6 4. c5,
- la variante des quatre pions : 1. e4 Cf6 2. e5 Cd5 3. c4 Cb6 4. d4 d6 5.f4 (voir diagramme),
- la variante d'échange : 1. e4 Cf6 2. e5 Cd5 3. c4 Cb6 4. d4 d6 5. exd6.
Le coup-clé pour les Noirs, comme on peut le voir dans ces variantes, est la poussée d6, qui attaque la pointe du centre blanc. La variante des quatre pions est une tentative aiguë d'écraser les Noirs sous un déluge de pions centraux. La variante moderne privilégie, elle, le jeu des pièces.
Variante moderne
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La variante moderne, (aussi appelée variante positionnelle[4]) : 1. e4 Cf6 2. e5 Cd5 3. d4 d6 4. Cf3 (voir diagramme) est jugée donner un avantage léger aux Blancs[5].
Il peut suivre :
- 4... Cb6 qui donne à terme l'initiative aux Blancs[4].
- 4... Cc6
- 4...c6.
- 4... dxe5 qui assure à terme un avantage net aux blancs[4].
Et les variantes principales :
- 4...Fg4 qui semble le meilleur coup pour « miner le centre » blanc[4]. La suite principale est 5. Fe2.
- 4...g6.
Variante des quatre pions
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1. e4 Cf6 2. e5 Cd5 3. c4 Cb6 4. d4 d6 5.f4 (L'ordre 1. e4 Cf6 2. e5 Cd5 3. d4 d6 4. c4 Cb6 5.f4 est aussi possible[4]) 5... dxe5 peut être joué, dans l'idée pour les Noirs de poursuivre par Ff5, Cc6, e6 sans permettre aux Blancs de jouer e5xd6[4].
Une partie notoire
Boris Spassky-Bobby Fischer, championnat du monde de 1972, Reykjavik, 19e partie[6].
1. e4 Cf6 2. e5 Cd5 3. d4 d6 4. Cf3 Fg4 5. Fe2 e6 6. o-o Fe7 7. h3 Fh5 8. c4 Cb6 9. Cc3 o-o 10. Fe3 d5 11. c5 Fxf3 12. Fxf3 Cc4 13. b3 Cxe3 14. fxe3 b6 15. e4 c6 16. b4 bxc5 17. bxc5 Da5 18. Cxd5 Fg5 19. Fh5 cxd5 20. Fxf7+ Txf7 21. Txf7 Dd2 22. Dxd2 Fxd2 23. Taf1 Cc6 24. exd5 exd5 25. Td7 Fe3+ 26. Rh1 Fxd4 27. e6 Fe5 28. Txd5 Te8 29. Te1 Txe6 30. Td6 Rf7 31. Txc6 Txc6 32. Txe5 Rf6 33. Td5 Re6 34. Th5 h6 35. Rh2 Ta6 36. c6 Txc6 37. Ta5 a6 38. Rg3 Rf6 39. Rf3 Tc3+ 40. Rf2 Tc2+ ½-½.
Bibliographie
- (en) John Cox, Starting Out: Alekhine's Defense, Everyman Chess, 2004
- (en) Alexander Khalifman, Opening for White according to Anand 1. e4, Vol. 5, Chess Stars, 2005.
- M. I. Chéréchevski et L. M. Sloutski, Choisir son ouverture, vol. 1, Paris, Echecs Payot, , 318 p. (ISBN 2-228-88910-5)
Notes et références
- (en) Les origines de la défense Alekhine sur le site de l'historien des échecs Edward Winter.
- voir partie ci-dessous
- Chéréchevski et Sloutski, p. 301
- Gábor Kállai, Traité moderne des ouvertures, vol. 1 (1.e4), Caissa Chess Books, , 180 p., p. 164-167
- Lev Alburt, Roman Dzindzichashvili, Eugene Perelshteyn, Chess Openings for White, Explained, Chess Information and Research Center, 2007, (ISBN 978-188932-311-4), p. 47.
- (en) Spassky-Fischer 1972 sur ChessGames.com
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