Coordination paysanne européenne

La Coordination Européenne Via Campesina (ECVC) est une organisation de base qui rassemble actuellement 31 organisations paysannes, de travailleurs et travailleuses agricoles et ruraux-les nationales et régionales basées dans 21 pays européens différents. Au cœur du travail de ECVC est la Souveraineté Alimentaire dont l’objectif principal est la défense des droits des paysans et paysannes et des ouvriers et ouvrières agricoles ainsi que la promotion d’une agriculture paysanne diversifiée et familiale.

Dans son travail, ECVC aborde les thèmes suivants : Agroécologie et environnement, droits paysans, installation agricole, politique agricole, salariés agricoles et migrants, semences et OGM, souveraineté alimentaire et commerce, et Terre.

ECVC est le membre régional de La Vía Campesina, le plus grand mouvement paysan de la société civile au niveau international.

Histoire

En 1986, après cinq ans de labeur, le processus entamé dans le but de rassembler les organisations paysannes européennes arriva finalement à son apogée avec la création de la Coordination Paysanne Européenne (CPE).

L’idée que les agriculteurs devaient s’unir en tant qu’associés et non en tant que concurrents stimula un ensemble d’organisations agricoles progressistes afin de réunir leurs forces dans la recherche de nouvelles alternatives au productivisme. En décembre 1986, après une longue préparation, ils se retrouvèrent à Madrid où, après avoir signé une déclaration collective, ils créèrent officiellement la CPE. Cette toute nouvelle plateforme visait à :

  • expliquer et dénoncer les conséquences des politiques agraires (ex : PAC, Politique Agricole Commune Européenne) impliquant la majorité des paysans et des consommateurs/trices ;
  • exister en tant qu’initiatrice de projets afin d’élaborer une nouvelle politique agraire qui soit enfin au service des paysans/annes ;
  • agir conjointement avec d’autres mouvements sociaux afin d’établir un rapport de force qui jouerait en faveur de cette nouvelle politique agraire ;
  • développer, d’un côté, les échanges entre les différentes organisations membres pour améliorer les connaissances mutuelles concernant chaque pays et, d’un autre côté, un esprit de solidarité internationale vis-à-vis des autres pays.

Depuis le début, la nouvelle coalition a du aborder des sujets de grande importance, comme la PAC et La Ronda Uruguay de l'Accord Général sur les Tarifs Douaniers et le Commerce (AGTC) de 1986 qui, en 1994 laissa la place à la création de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Très rapidement, la voix des paysans-agriculteurs européens se fit entendre au sein du débat public sur les politiques agricoles dans les institutions européennes.

Convaincue de la nécessité d’une union et de la solidarité entre les agriculteurs du Nord et du Sud, en 1993, la CPE co-organisa à Mons, Belgique, la conférence globale de paysans-agriculteurs, événement qui lança la Via Campesina. Durant les trois années suivantes, la CPE occupera le premier tour au poste du secrétariat de La Via Campesina.

Au travers de sa participation lors de manifestations et de mobilisations de base, ainsi qu’en occupant différents espaces dans la société civile comme, par exemple, lors du Forum Social Européen, ECVC a augmenté ses forces jusqu’à devenir un des mouvements paysans les plus importants basés en Europe, rassemblant 27 organisations de tout le continent qui luttent pour changer les politiques agricoles et pour défendre la souveraineté agricole et les droits des paysans.

La CPE a plaidé pour une PAC qui soit légitime sur le plan économique (les paysans doivent pouvoir vivre essentiellement de la vente de leurs produits), social (le soutien public doit être réparti équitablement entre les exploitations, les secteurs, les régions, les pays), environnemental (agriculture durable), et international (modifier les règles du commerce international adoptées en 1994 lors de la création de l'OMC, qui ont blanchi le dumping de l'UE et des USA et formatent toutes les politiques agricoles, imposant la priorité donnée à l'importation et exportation et à la recherche de la production au plus bas coût sur toute la planète). La PAC doit changer de cadre et remplacer celui de l'OMC, qui a largement contribué aux problèmes agricoles et alimentaires en Europe et dans le monde, par celui de la souveraineté alimentaire.

La CPE a œuvré aussi contre l'industrialisation de la production agricole et la privatisation des ressources naturelles et des semences (OGM,..), vantant les externalités positives de l'agriculture paysanne et des petites et moyennes exploitations. Le livre Paysans mutins, paysans demain - pour une autre politique agricole et alimentaire, de Gérard Choplin[1], qui a animé la CPE de 1986 à 2008, relate la chronique de ce mouvement paysan européen.

En 2008, les organisations rassemblées sous la CPE se sont unis à la COAG (Coordination des Organisations d’Agriculteurs et Eleveurs, syndicat agricole espagnol) ainsi qu’à d’autres organisations paysannes afin de créer ECVC.

Organisation

ECVC est une organisation de base qui rassemble actuellement 31 organisations paysannes, de travailleurs et travailleuses agricoles et ruraux-les nationales et régionales basées dans 21 pays européens différents. Au travers de sa participation lors de manifestations et de mobilisations de base, ainsi qu’en occupant différents espaces dans la société civile comme, par exemple, lors du Forum Social Européen, ECVC a augmenté ses forces jusqu’à devenir un des mouvements paysans les plus importants basés en Europe.

Actions

En Europe le manque de soutien institutionnel à l’agriculture familiale et paysanne durable a conduit et conduit toujours à la disparition de milliers de fermes chaque année. Dans le cadre de son travail pour améliorer les conditions des paysans en Europe, ECVC est engagé dans le processus politique régional et international. ECVC participe au travail des Institutions Européennes et des organisations Internationales en tant que partie prenante. Elle contribue notamment au Groupe de Dialogue Civil de la Commission Européenne, est invité par le Parlement Européen à des audiences publiques et est également active dans le Mécanisme de la Société Civile pour les relations avec le Comité des Nations Unis sur la Sécurité Alimentaire Mondiale.

Principes

ECVC se reconnaît autour des principes suivants :

  • la solidarité, à la place de la concurrence,
  • la justice sociale,
  • l’égalité des droits entre hommes et femmes,
  • l’utilisation durable des ressources naturelles,
  • la santé des producteurs et des consommateurs,
  • la diversité régionale des produits et des agricultures.

Campagnes

Hands on the Land

La campagne ‘Hands on the Land pour La Souveraineté Alimentaire’ est une campagne d’éducation et de sensibilisation pan-européenne dont l’objectif est de mettre en lien les luttes pour la souveraineté alimentaire dans le Nord et le Sud. campagne plaide pour un engagement des politiques européennes de coopération au développement sur les points suivants :

  • Les problèmes urgents associés à la gouvernance des thématiques inter-reliées que sont : alimentation-terre-climat au niveau mondial et leurs effets dévastateurs sur les populations les plus pauvres.
  • Les meilleurs pratiques en ce qui concerne l’usage durable de la terre, l’eau et l’énergie, illustrées par des exemples d’investissements positifs dans l’agriculture et le développement rural.
  • Une cohérence politique pour le développement de stratégie qui place les droits humains au centre de toutes les décisions politiques européennes, y compris dans le commerce, l’énergie et la politique d’investissement afin de protéger et soutenir les ressources dont nous dépendons tous.

Nyéléni

Le Réseau Nyéléni Europe et Asie centrale pour la souveraineté alimentaire rassemble des agriculteur.rice.s, des pêcheur.euse.s, des éleveur.euse.s, des peuples autochtones, des consommateur.rice.s, des ONG, des syndicats, des organisations de protection de l’environnement, de développement, de recherche et de défense des droits humains, des mouvements pour l’alimentation de proximité et bien d’autres encore, dans le but d’améliorer les initiatives existantes en matière de souveraineté alimentaire et renforcer notre action au niveau local, national, régional et international.

L’inoubliable Forum international de Nyéléni pour la Souveraineté Alimentaire, qui s’est tenu en 2007 au Mali, a vu la participation de 500 représentants-tes de mouvements de producteurs-trices, de consommateurs-trices et de protection de l’environnement venus des quatre coins du monde. De ce Forum est né le mouvement mondial pour la souveraineté Alimentaire. Au cours de ce Forum ont été adoptés les six principes et la déclaration de Nyéléni. Un Forum Nyéléni Europe a par la suite été organisé en 2011 à Krems, en Autriche, au cours duquel ont été approuvés la Déclaration Nyéléni Europe et le plan d’action. En février 2015, ces mêmes mouvements ont pris part au Forum international sur l’agroécologie, qui s’est tenu à Nyéléni au Mali, et ont contribué à la déclaration issue de ce Forum. Ces documents constituent la base politique du mouvement et clarifient les valeurs qu’il défend et celles qu’il combat.

En 2016, un deuxième Forum européen Nyéléni a eu lieu en Roumanie, et a élargi son adhésion aux pays d’Asie centrale. Depuis lors, le mouvement a été rebaptisé Réseau Nyéléni Europe et Asie centrale pour la souveraineté alimentaire (Nyéléni ECA). Depuis lors, Nyéléni ECA agit comme l’articulation régionale de la plate-forme mondiale des organisations de petits producteurs alimentaires et de travailleurs ruraux et des mouvements sociaux de base et communautaires dont le but est de faire progresser la souveraineté alimentaire : le Comité international de planification pour la souveraineté alimentaire (CIP).

Grâce à ces rencontres internationales et régionales, de plus en plus de personnes s’impliquent pour changer le système alimentaire et agricole dominant, luttent contre le modèle agro-industriel de production et de consommation et contribuent à la construction du Mouvement pour la Souveraineté Alimentaire en Europe et dans le monde entier.

Réseau européen d'échange de savoirs agroécologiques (EAKEN)

L’agroécologie est avant tout un processus de transformation de la société.

Le Réseau européen d’échange de connaissances agroécologiques (EAKEN) est un réseau visant à relier les initiatives en Europe qui participent à l’échange de connaissances agroécologiques paysannes basées sur une méthodologie de paysan.ne.s à paysan.ne.s.

Ce réseau est composé des membres de la Coordination Européenne Via Campesina actifs dans le domaine de l’agroécologie ainsi que d’autres organisations alliées au mouvement européen pour la souveraineté alimentaire (Nyéléni Europe) qui soutiennent les principes de l’agroécologie tels que définis par ECVC dans sa déclaration agroécologique de 2014.

EAKEN souhaite mettre en lien les initiatives d’éducation de base, donner une visibilité et un accès aux formations horizontales et réciproques disponibles, ainsi que promouvoir l’agroécologie et la souveraineté alimentaire en Europe.

Ce réseau fait partie d’un processus international mené par La Via Campesina (LVC) et coordonné en Europe par la Coordination Européenne de La Via Campesina (ECVC).

Références

  1. « Paysans mutins, paysans demain », sur Éditions Yves Michel (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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