Constitution espagnole de 1978
La Constitution espagnole de 1978 est la loi fondamentale qui régit de manière organisée et hiérarchisée l'ensemble des institutions de l'État espagnol, ainsi que les droits et les devoirs des citoyens depuis 1978.
Pour les articles homonymes, voir Constitution espagnole.
Titre | Constitución española de 1978 |
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Pays | Espagne |
Langue(s) officielle(s) | Espagnol |
Type | Loi fondamentale |
Branche | Droit constitutionnel |
Législature | Constituante |
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Gouvernement | Suárez II |
Signature | Juan Carlos Ier d'Espagne |
Sanction | |
Entrée en vigueur | |
Version en vigueur | version consolidée par les lois constitutionnelles du 27 août 1992 (droit de suffrage passif) et du 27 septembre 2011 (adoption de la règle d'or budgétaire) |
Modifications | Voir : université de Perpignan |
Lire en ligne
sur le site du Tribunal constitutionnel : en espagnol, en français
Le texte fut développé par la voie du consensus et ce pour la première fois dans l'histoire espagnole et fut approuvé par référendum pendant le processus de la Transition démocratique espagnole, après la dissolution des institutions organiques du régime franquiste dirigé par Francisco Franco.
Histoire
Rédaction du texte et consensus
Le Parlement est issu des élections constituantes du 15 juin 1977 désigna une Commission constituante, formée par 36 députés issus de toutes les formations politiques représentées, dont un groupe de sept membres fut ensuite chargé de diriger la rédaction de la loi constitutionnelle.
Les sept membres étaient[1] :
- Unión de Centro Democrático (UCD) (centristes, parti gouvernemental) :
- Partido Socialista Obrero Español (PSOE) (socialistes) :
- Alianza Popular (AP) (post-franquistes) :
- Minorité catalane et Parti nationaliste basque :
- Partit Socialista Unificat de Catalunya (communiste catalan) :
Ces rédacteurs, connus sous le nom de Los Padres de la Constitución (en français Les pères de la constitution), publient le 15 janvier 1978 une première ébauche du texte constitutionnel, mais elle contient 168 contestations adressées par les mêmes rédacteurs. Dans les mois qui suivent, des négociations ont lieu entre les rédacteurs pour accorder un texte plus consensuel dans les points relatifs à la religion, l'éducation et l'économie. En parallèle, les travaux de la Commission se sont centrés sur l'étude des contestations.
Une nouvelle ébauche est présentée aux Cortès (le Parlement) le 10 avril 1978 pour négociation. Plus de 3 100 modifications sont discutées au Congrès des députés, où a lieu le vote d'approbation du projet constitutionnel le 21 juillet 1978 qui est ensuite remis au Sénat.
À la haute chambre, un nouveau processus de négociation rapporta des modifications linguistiques proposées par Camilo José Cela (qui recevra le prix Nobel de littérature en 1989), l'abolition de la peine de mort et la légitimation définitive de la monarchie font partie de ces modifications. Le texte est à nouveau soumis aux Congrès des députés le 13 octobre 1978.
Le Cortès approuve le texte le 31 octobre 1978 :
- le Congrès des députés par 325 voix pour, six contre et trois abstentions
- le Sénat avec 226 voix pour, cinq contre et huit abstentions
Référendum
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Référendum pour l'approbation du projet de Constitution | ||||||||||||||
Mercredi | ||||||||||||||
Type d’élection | Référendum | |||||||||||||
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Corps électoral et résultats | ||||||||||||||
Inscrits | 26 632 180 | |||||||||||||
Votants | 17 873 271 | |||||||||||||
67,11 % | ||||||||||||||
Votes exprimés | 17 739 485 | |||||||||||||
Votes blancs | 632 902 | |||||||||||||
Votes nuls | 133 786 | |||||||||||||
Sí – | ||||||||||||||
Voix | 15 706 078 | |||||||||||||
88,54 % | ||||||||||||||
No – | ||||||||||||||
Voix | 1 400 505 | |||||||||||||
7,89 % | ||||||||||||||
Vote blanc – | ||||||||||||||
Voix | 632 902 | |||||||||||||
3,57 % | ||||||||||||||
Le roi Juan Carlos signe le 3 novembre 1978 le décret royal 2 560/1 978, qui est ensuite présenté par référendum au peuple espagnol, qui l'approuve le 6 décembre 1978. Sur 26,6 millions d'électeurs, 17,7 millions votent (le taux de participation est de 67,1 %) dont 15,7 millions votent oui (ce qui fait 87,8 % des voix) et 1,4 million contre.
L'abstention est plus importante en Galice et au Pays basque (45 % abstention), où le Parti nationaliste basque prône cette option, mais 69 % de ces 55 % de votants votent pour. Seuls donc 38 % des Basques approuvent la Constitution espagnole.
La Constitution espagnole de 1978 devient la loi fondamentale de l'État espagnol le jour de sa publication au Journal officiel de l'État, le 29 décembre 1978. La journée du 6 décembre, jour du référendum, est célébré tous les ans, à la même date.
Textes précédents
Il a existé par le passé trois textes constitutionnels :
- les Lois fondamentales (Leyes fundamentales) du régime franquiste (voir article Franquisme), ce que n'était pas vraiment une constitution.
- la Constitution espagnole de 1931 de la Seconde République espagnole
- la Constitution espagnole de 1876, dernière constitution de la monarchie
Organisation du texte
Le texte est articulé autour de 169 articles, répartis en 10 titres[2].
- Article 1: L'Espagne constitue un État de droit, social et démocratique, qui défend comme valeurs suprêmes de son ordre juridique la liberté, la justice, l'égalité et le pluralisme politique. La souveraineté nationale appartient au peuple espagnol, dont émanent les pouvoirs de l'État. La forme politique de l'État espagnol est la monarchie parlementaire.
Dispositions de la Constitution
Parmi les dispositions les plus importantes on trouve notamment :
- l'établissement d'une monarchie parlementaire démocratique. Le roi « arbitre et tempère le fonctionnement régulier des Institutions » ; l'exercice de ses pouvoirs très limités ne s'exercent qu'avec le contreseing du président du gouvernement et correspondent à des compétences liées sans faculté d'appréciation[3].
- la création d'un État de droit, dont l'organisation juridique doit idéalement s'inspirer des valeurs de liberté, de justice, d'égalité et de pluralité politique
- une organisation territoriale originale : les Communautés autonomes
- une politique social-démocrate, avec des droits sociaux en harmonie avec une économie de marché
- la séparation des pouvoirs et la déclaration d'un État sans confessionnalité religieuse
- le droit d'initiative populaire mais sans référendum.
Séparation des pouvoirs
La constitution déclare la séparation des pouvoirs :
- le pouvoir législatif est détenu par le Congrès des députés et le Sénat (regroupés dans le Cortes Generales). À ce titre, ils élaborent et votent les lois. Ils élisent le président du gouvernement (autrement dit le Premier ministre).
- le pouvoir exécutif est de la responsabilité du gouvernement, qui dirige depuis le Conseil de ministres du palais de la Moncloa, les administrations civiles et militaires, ainsi que la politique intérieure et extérieure du pays. Ce pouvoir est détenu par le président du gouvernement, qui est élu par les détenteurs du pouvoir législatif.
- le pouvoir judiciaire est composé d'institutions comme le Tribunal constitutionnel, le Conseil général du pouvoir judiciaire et le défenseur du peuple.
Les Communautés autonomes
La Constitution décrit l'organisation territoriale de l'État comme décentralisée, selon le modèle des Communautés autonomes en établissant deux types de communautés :
- les régions autonomes : l'article 143 établit les procédures pour la création des autonomies de nouvel accès, appelés régions autonomes.
- les nationalités : l'article 151 a permis un processus d'autonomie accéléré et adaptée aux régions dites « historiques », celles qui avaient déjà bénéficié d'un statut d'autonomie pendant la IIe République : Catalogne, Galice et Pays basque.
- la disposition transitoire nº 4 permet expressément la réunion de la Navarre avec la Communauté autonome basque.
Jusqu'à 17 régions autonomes, dont 3 nationalités, se sont ainsi créées.
Notes et références
- Campuzano 2011, p. 84.
- « Constitución_española_de_1978 », es.wikisource.org
- Francis Hamon et Michel Troper, Droit constitutionnel, LGDJ Lextenso 2018 p. 256
Annexes
Bibliographie
Articles connexes
Liens externes
- (fr) Constitution espagnole sur le site web officiel de Pr Jean-Pierre Maury
- (es) site web officiel institutionnel du Tribunal constitutionnel d'Espagne
- (es)(en) Texte de la Constitution, en espagnol
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