Conseil de déontologie journalistique et de médiation

Le Conseil de déontologie journalistique et de médiation, ou CDJM, est une association loi 1901 française fondée le . C'est une instance de médiation entre les journalistes, les médias, les agences de presse et les publics sur toutes les questions relatives à la déontologie journalistique.

Pour l'organisme belge, voir Conseil de déontologie journalistique.

Contexte

Le débat sur la création d'un organisme régulateur est ancien et polémique, « en raison de fortes dissensions dans la profession, certains y voyant une tentative de mettre au pas la presse », selon le quotidien Le Monde[1]. En , la déclaration du secrétaire d’Etat au numérique Cédric O, qui appelait de ses vœux « un Conseil de l’ordre des journalistes » avait suscité des inquiétudes[2],[3].

L'ancien président de l'Agence France-Presse Emmanuel Hoog est chargé par le premier ministre Édouard Philippe de « réfléchir à l'instauration d'un comité d'éthique supervisant le travail des journalistes » en [4],[5].

La création du Conseil de déontologie journalistique et de médiation est annoncée en 2019 par l'Observatoire de la déontologie de l’information[1].

Organisation

Le CDJM est une association indépendante. Le CDJM indique qu'il « n’est ni un conseil de l’ordre, ni un "tribunal de la pensée" » et qu'il n'est pas non plus « une instance étatique ou administrative »[6]. Pour son président Patrick Eveno, le CDJM s'inspire de trois chartes : celle du syndicat national des journalistes, la charte de Munich et la charte internationale de déontologie journalistique[6].

Le CDJM est structuré autour de trois groupes d'acteurs : les journalistes, les éditeurs et le public[7]. Il comporte trente membres, divisés en trois collèges de nombre égal[5].

Parmi les fondateurs de l'association, on compte l’Observatoire de la déontologie de l’information, le syndicat national des journalistes, la CFDT-Journalistes ainsi que Jérôme Bouvier, président de l’association Journalisme & Citoyenneté et organisateur des Assises du journalisme[5].

Activité

Instruction

Un des objectifs du CDJM est de répondre à la défiance croissante envers les médias en France[1].

Les membres du CDJM instruisent en commission les dossiers dont ils sont saisis et proposent des avis qui doivent être adoptés en session plénière par le conseil d’administration[5].

Saisines et publication d'avis

En 2020, le CDJM rend son premier avis concernant une interview de Juan Branco réalisée par la journaliste Apolline de Malherbe pour le compte de BFM TV[6],[8].

Le CDJM indique avoir été saisi à 63 reprises depuis le début de l'année 2020, au sujet de 31 articles ou émissions. 20 saisines ont été déclarées irrecevables, et deux non fondées[8], dont une portant sur la couverture de Paris Match montrant Piotr Pavlenski menotté lors de son interpellation, en rappelant son opposition à l'interdiction faite par la loi renforçant la protection de la présomption d'innocence et les droits des victimes de montrer une personne menottée[6].

Critiques

Michel Ducrot, pour Acrimed, doute de l'indépendance et de l'utilité de l'association CDJM. Le syndicat national des journalistes CGT estime que « pour reconquérir la confiance du public, les journalistes n’ont pas besoin d’un conseil de presse. Ils ont besoin de conditions de travail correctes, de pouvoir vivre dignement de leur métier et de ne pas dépendre du bon vouloir d’actionnaires en tout genre ». 19 sociétés de rédacteurs et de journalistes[alpha 1] critiquent également le CDJM[9],[5],[10].

Pour le président du CDJM, « assimiler ce conseil déontologique à Emmanuel Macron est une quasi-fake news. Il est le résultat d’un processus né il y a plus de dix ans »[5]

Notes et références

Notes

  1. Il s'agit des sociétés des journalistes (SDJ) et sociétés des rédacteurs (SDR) de l'Agence France-Presse, Challenges, Europe 1, L'Express, Le Figaro, Franceinfo TV, France 3 National, France Inter, France Bleu, France Info, L'Obs, Le Parisien, Le Point, Mediapart, TF1, LCI, La Tribune, TV5 Monde et 20 Minutes.

Références

  1. Le Monde avec AFP, « Un conseil de déontologie journalistique sera créé en décembre », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  2. Le Monde avec Reuters, « Cédric O réclame un « Conseil de l’ordre des journalistes », faute de quoi « l’Etat s’en chargera » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  3. « Après une polémique sur un « conseil de l’ordre » des journalistes, Cédric O tente de rectifier le tir », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  4. Jérôme Lefilliâtre, « Conseil de déontologie des médias : pas de sanction, que des avis », sur Libération.fr, (consulté le )
  5. Jérôme Lefilliâtre, « Conseil de déontologie des médias : à peine créé, déjà contesté », sur Libération.fr, (consulté le )
  6. Céline Brégand, « Médias : à quoi sert le Conseil de déontologie journalistique ? », sur Europe 1, (consulté le )
  7. La Voix du Nord, « Journalisme: un conseil de déontologie créé début décembre »
  8. Le Figaro avec AFP, « Le Conseil de déontologie journalistique critique BFMTV dans son premier avis », sur Le Figaro.fr, (consulté le )
  9. Michel Ducrot, « Pourquoi Acrimed ne rejoindra pas le Conseil de déontologie journalistique et de médiation », sur Acrimed | Action Critique Médias (consulté le )
  10. Collectif, « TRIBUNE - Le Conseil de déontologie journalistique est un piège », sur Le Point, (consulté le )

Voir aussi

Liens externes

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