Conquête romaine de la Grande-Bretagne

La conquête romaine de la Bretagne débute en 43 apr. J.-C. à l'initiative de l'empereur Claude. Cependant, l'activité militaire romaine dans les îles Britanniques avait déjà commencé au siècle précédent, puisqu'en 55 et 54 av. J.-C. l'armée de Jules César avait déjà tenté deux expéditions[1], restées sans lendemain, mais qui permirent toutefois d'inclure le sud de l'île dans la sphère d'influence économique et culturelle de Rome. De là proviendront les relations commerciales et diplomatiques qui ouvriront la voie aux expéditions militaires de Claude et de ses successeurs. La conquête de l'île s'arrêtera en 83 apr. J.-C.[2].

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Conquête romaine de la Bretagne
La conquête de la Bretagne.
Informations générales
Date de 43 à 83 apr. J.-C.
Lieu Bretagne
Issue Occupation romaine
Belligérants
Empire romainBretons
Commandants
Aulus PlautiusTogodumno
Caratacos
Forces en présence
4 légions et auxiliairesinconnues

Conquête romaine de la Bretagne

Batailles

Contexte historique

Après les expéditions de César, Octave Auguste avait planifié une invasion de l'archipel en 34, 27 et 25 av. J.-C. mais qui furent toutes trois annulées pour diverses raisons[3]. Suivant le Res Gestae Divi Augusti, les deux souverains britanniques Dumnovellaunus et Tincomarus s'enfuirent à Rome pour demander de l'aide durant le règne d'Auguste[4]. Au cours des années 40 du Ier siècle, la situation politique de la Grande-Bretagne s'est amplement modifiée, les Catuvellauni obtenant la prééminence politique dans le sud-est britannique face aux Trinovantes et occupant la capitale Colchester. Les Catuvellauni étaient toutefois sous la pression des tribus voisines Atrébates, dirigées par les descendants de Commios[5].

Prélude de la conquête

L'empereur Caligula souhaitait lancer une invasion dès 40 apr. J.-C. mais cette dernière n'eut donné aucun résultat[6], alors qu'elle avait pour but d'aider Verica à prendre le trône des Atrébates[7].

Forces sur le terrain

Le sénateur Aulus Plautius obtint le commandement suprême de quatre légions et environ 20 000 auxiliaires :

Les phases de la conquête

Années 43 à 46

Le gros des troupes romaines qui partit de Boulogne[8] débarqua à Rutupiae (sur la côte Est du Kent) mais aucune de ces localisations n'est certaine : certains historiens comme John Manley[9] pensent que l'armée romaine est partie de Boulogne pour atteindre des terres près de Chichester ou Southampton, l'ancien royaume de Verica. Pour d'autres, cependant, elle aurait navigué depuis l'embouchure du Rhin pour remonter à Richborough. La résistance britannique était dirigée par Togodumnus et Caratacos, les fils du roi Cunobelinos des Catuvellauni.

Claude représenté avec le titre de Britannicus[10].

Une importante armée britannique livra bataille aux légions romaines près de Rochester, sur la rivière Medway. La bataille fit rage pendant deux jours et étant donné son rôle crucial, Osidius Geta reçut les ornements triomphaux. Les Celtes furent chassés par-delà la Tamise par les Romains avec de lourdes pertes et Togodumnus mourut peu après. En bref, les Romains conquirent et balayèrent le sud-est de l'île, prenant la capitale Colchester. Alors que Caratacos s'enfuyait vers l'Ouest pour continuer la résistance, l'empereur romain Claude revint à Rome pour obtenir le titre de Britannicus. Les forces de Vespasien marchèrent sur l'Ouest pour mater les tribus jusqu'à l'Exe[11].

Années 47 à 53

Dans les quatre années suivant l'invasion, les Romains avaient également balayé le nord de l'île, arrivant plus ou moins jusqu'à la ligne de l'estuaire Humber. En 47, le gouverneur Publius Ostorius Scapula lança une offensive contre les tribus du pays de Galles mais rencontra une résistance acharnée. Après sa mort, le nouveau gouverneur, Gallus Aulus, parvint toutefois à s'emparer de la région.

Années 54 à 70

Les campagnes en Grande-Bretagne et la réorganisation sous Néron.
La Bretagne en 68 lors de la mort de l'empereur Néron.

Lorsque Néron monta sur le trône impérial en 54, les gouverneurs Quinto Veranio et Caius Suetonius Paulinus déclenchèrent une offensive qui aboutit à la conquête de l'ile d'Anglesey en 60, bastion des Bretons.

Les Romains prirent soin d'écraser la rébellion de Boadicée, reine des Iceni, puis à se consacrer à celle de Venutius, époux de la reine Cartimandua pro-romain, qui a été défait par le gouverneur Quintus Petillius Cerialis à proximité de Stanwick en 70. Ces succès ont entraîné la romanisation rapide des Brigantes et Parisii.

Années 70 à 83

La conquête romaine du pays de Galles de 43 à 78.

Le successeur de Cerialis, Sextus Julius Frontin, lança une vaste campagne militaire dans l'archipel, conduisant à l'assujettissement des tribus galloises et d'autres tribus hostiles à la présence romaine sur l'île.

Cnaeus Julius Agricola anéantit la résistance du pays de Galles, puis marcha sur les Pennines. En mettant en œuvre une stratégie fondée sur la guérilla et le harcèlement, il obtint la reddition de nombreuses tribus. Son ultime succès eut lieu lors de la bataille du mont Graupius (situé en Écosse), en remportant une victoire décisive contre les troupes de Calgacos en 83 mais il dut faire face aux Pictes.

Conséquences

Les réactions immédiates

La nord de la Bretagne à l'époque de la construction du mur d'Hadrien.

Pour Cnaeus Julius Agricola, rappelé à Rome par l'empereur Domitien, il est insensé qu'un certain nombre de gouverneurs ne soient pas parvenus à mater le nord de l'île. Les Romains se replient derrière le mur d'Hadrien (construit en 122), mettant ainsi un frein à l'invasion.

L'impact sur l'Histoire

Plus tard, les Romains essayèrent de nouveau de s'avancer en territoire écossais, prenant position jusqu'à l'estuaire Firth of Forth avec le mur d'Antonin mais ils furent contraints de se replier derrière le mur d'Hadrien vers 162 sous le règne de Marc Aurèle.

Cependant, les Romains ont souvent pénétré en territoire écossais pour des raisons militaires, par exemple en 209 lorsque l'empereur Septime Sévère souhaitait envahir la Calédonie. Sa campagne fut selon Dion Cassius très difficile et destructrice, les indigènes ayant livré une véritable guerre asymétrique (guérilla). Septime Sévère mourut à York lors de la planification d'une nouvelle campagne militaire, qui fut abandonnée par son fils et successeur Caracalla. À partir de cette époque, les Romains se limitèrent à des incursions en Écosse, principalement pour des raisons commerciales ou pour capturer des esclaves et répandre le christianisme.

Notes et références

  1. Jules César, Guerre des Gaules, IV, 20-36 et V, 2-22.
  2. (it) Tacite, De vita et moribus Iulii Agricolae 13.
  3. (it) Dion Cassius, Storia romana XLIX 38; LIII 22; LIII 25.
  4. (it) Octave Auguste, Res Gestae Divi Augusti 32.
  5. (en) John Creighton, Coins and power in Late Iron Age Britain, Cambridge University Press, 2000.
  6. (it) Suétone, Vie des douze Césars, Vita di Caligola 44-46; Dione Cassio, Storia romana, LIX 25.
  7. (it) Dione Cassio, Storia romana, LX 19-22.
  8. (it) Suétone, Vita dei Dodici Cesari, Vita di Claudio 17.
  9. (en) John Manley, AD43 : a Reassessment.
  10. Roman Imperial Coinage, Claudius, I, 122; RPC 3625; Sydenham, Caesarea 55.
  11. (it) Suétone, Vite dei Dodici Cesari, Vita di Vespasiano 4.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Leonard Cottrell-Coward-McCann. The Great Invasion. New York, 1962.
  • (en) John Manley. A.D. 43. Tempus, 2002.
  • (en) Peter Salway, Roman Britain, Oxford, 1986.
  • (en) Miles Russel - Ruling Britannia. History Today. 2005. p. 5-6
  • (en) Francis Pryor. Britain BC. New York, HarperPerennial, 2004.
  • (en) Francis Pryor. Britain AD, New York: HarperCollins, 2004.
  • (en) George Shipway. Imperial Governor. Londra, in Cassell Military Paperbacks.

Dans la culture populaire

Articles connexes

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