Condylura cristata

Le Condylure étoilé (Condylura cristata) est une petite espèce de taupes nord-américaines, la seule du genre Condylura. Ce mammifère fouisseur vit dans l'Est du Canada et dans l'extrême Nord-Est des États-Unis, jusqu'au nord de la baie James. Sa longueur atteint environ 20 centimètres, la queue totalisant un tiers. Il doit son épithète d'« étoilé » à la forme très caractéristique de son museau.

Dénominations

Description

Taupe à nez étoilé Muséum de Toulouse

Le Condylure étoilé est tout gris[7]. Il a une longueur totale de 16,2 à 23,8 cm incluant une queue de 6 à 9,2 cm de long[7]. Ses pieds mesurent entre 15 et 32 mm[7]. Son museau qui mesure cm de largeur a la forme d'un disque dénudé muni de 22 tentacules symétriques ; ceux-ci ne sont pas des organes d'odorat, mais plutôt des organes tactiles qui peuvent bouger dans tous les sens et qui servent à explorer l'environnement ou à chercher de la nourriture puisque la vue du Condylure à nez étoilé est très faible[7]. De plus, le museau est doté de plus de 100 000 fibres nerveuses et 30 000 organes d'Eimer. Certains tentacules sont plus longs que d'autres, ce sont les premiers à entrer en contact avec la proie, alors que d'autres ne servent qu'à la diriger vers la bouche. D'autres encore peuvent être des électro-senseurs qui captent des champs magnétiques des proies potentielles. Les individus adultes ont un poids se situant entre 31,5 et 77 g tandis que les nouveau-nés pèsent 1,5 g[7]. Les mâles et les femelles ont sensiblement la même taille[7].

La longévité du Condylure étoilé peut atteindre trois ans en milieu naturel[7].

Comportement

Période d'activité

L'animal est actif toute l'année, le jour aussi bien que la nuit[7]. Cependant, 43 % de son temps est consacré au repos[7].

Alimentation

Il se nourrit de petits invertébrés aquatiques, de crustacés, de mollusques et de vers[7]. Il lui arrive aussi de se nourrir de petits poissons[7]. Il chasse dans ses galeries et perçoit ses proies grâce à son ouïe et son toucher, car il est dépourvu d'odorat.

Relations intra et interspécifiques

Les Condylures étoilés vivent en petite colonie[7].

Ils ont peu d'ennemis naturels à cause de leur odeur nauséabonde et ses habitudes défensives, mais parfois ils deviennent la proie du grand-duc d'Amérique, du hibou moyen-duc, de l'effraie des clochers, de la buse à queue rousse, de la buse à épaulettes ou aussi de quelques gros poissons, comme le brochet ou l'achigan[7]. Il arrive aussi qu'ils soient la proie d'une belette, d'une mouffette rayée, d'un renard roux ou d'un vison d'Amérique[7]. Les chats et les chiens domestiques font aussi partie de la liste de leurs prédateurs[7].

Nid

Son nid de forme sphérique est construit avec des brins de joncs et d'herbes ainsi que des feuilles séchées et est situé dans une chambre de 13 cm de diamètre au-dessus du niveau de l'eau[7]. Ses galeries débouchent souvent sous l'eau[7].

Locomotion

Lorsqu'il creuse ses galeries, les tentacules se replient sur les narines afin de protéger ces dernières de la poussière. Cependant, à la différence des autres taupes, ce n'est pas un grand fouisseur; il est plus adapté à la vie de surface et peut même courir sur de courtes distances[7]. En hiver, il circule sur la neige[7].

Étant bon nageur et bon plongeur, il part souvent à la recherche de nourriture au fond des ruisseaux ou des étangs, fouillant le sédiment. Il peut même plonger sous la glace l'hiver. Dans l'eau, il utilise ses pattes antérieures comme rames et sa queue comme gouvernail, ses pattes postérieures ne faisant que le propulser de manière indépendante[7]. L'animal recule aussi ses tentacules sur ses narines une fois dans l'eau, afin d'empêcher que de l'eau ne rentre dans ses narines. Ainsi, il peut demeurer sous l'eau pendant plusieurs secondes[7].

Reproduction

Le Condylure étoilé n'a qu'une seule portée annuellement de deux à sept petits, généralement cinq, qui naissent entre avril et juillet après une période de gestation d'environ 45 jours[7]. Les nouveau-nés sont dénudés et roses[7]. Les petits quittent le nid à l'âge de trois semaines et atteignent leur maturité sexuelle après une dizaine de mois[7].

La queue de l'animal s'épaissit et augmente de trois à quatre fois son volume dès la fin de l'hiver jusqu'au début du printemps afin de servir de réserve alimentaire pendant la saison reproductive[7]. Il s'agit d'une réserve de graisse sous-cutanée. À la période de rut, des glandes sudoripares situées sur les flancs du corps modifient leur activité de manière à altérer le pelage et lui donner une odeur nauséabonde[7].

La période du rut dure de janvier à juin pour le mâle. Au début de la période, les testicules s'enflent de manière marginale. Dès mai, les organes reproductifs régressent avant de reprendre leur taille normale vers septembre-octobre.

Répartition et habitat

L'aire de répartition du Condylure étoilé se situe à partir de l'est du Manitoba jusqu'aux Maritimes à l'exception de l'Île-du-Prince-Édouard en passant par l'Ontario et le Québec au Canada ainsi que dans les états septentrionaux de la côte atlantique des États-Unis jusqu'en Caroline du Sud[7].

On retrouve le Condylure à nez étoilé dans les terrains humides et marécageux où le sol est meuble[7]. On le retrouve aussi dans les forêts, les champs et sur les rives des lacs ou des cours d'eau[7].

Classification

L'espèce Condylura cristata a été décrite par le naturaliste suédois Carl von Linné en 1758, sous le nom initial de Sorex cristatus[8]. La localité type est la Pennsylvanie aux États-Unis.

  • Synonymes scientifiques : Sorex cristatus Linné, 1758

Classification plus détaillée selon le Système d'information taxonomique intégré (SITI ou ITIS en anglais) :
Règne : Animalia ; sous-règne : Bilateria ; infra-règne : Deuterostomia ; Embranchement : Chordata ; Sous-embranchement : Vertebrata ; infra-embranchement : Gnathostomata ; super-classe : Tetrapoda ; Classe : Mammalia ; Sous-classe : Theria ; infra-classe : Eutheria ; ordre : Soricomorpha ; Famille : Talpidae ; Sous-famille : Scalopinae ; Tribu : Condylurini ; Genre : Condylura [9].

Cette espèce est traditionnellement classée dans l'ordre des Insectivora, un regroupement qui est progressivement abandonné au XXIe siècle[10].

Sous-espèces

Selon Mammal Species of the World (version 3, 2005) (2 janvier 2015)[10] et Catalogue of Life (2 janvier 2015)[11] :

  • Condylura cristata cristata
  • Condylura cristata nigra

Relations avec l'homme

Étant donné que le Condylure à nez étoilé habite les terrains humides qui ne sont pas propices à l'agriculture, ses galeries ne sont pas nuisibles[7].

Préservation

Le Condylura cristata est classé au statut de préoccupation mineure selon l'Union internationale pour la conservation de la natureUICN.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Ouvrage

  • Jacques Prescott et Pierre Richard, Mammifères du Québec et de l'est du Canada, Waterloo (france), Éditions Michel Quintin, , 400 p. (ISBN 2-89435-270-0)

Liens externes

Références taxinomiques

Notes et références

  1. Nom vernaculaire français d'après Dictionary of Common (Vernacular) Names sur Nomen.at
  2. Meyer C., ed. sc., 2009, Dictionnaire des Sciences Animales. consulter en ligne. Montpellier, France, Cirad.
  3. Nom vernaculaire en français d’après Termium plus, la banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada
  4. Voir définition donnée par le Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française.
  5. (en) Murray Wrobel, Elsevier's Dictionary of Mammals : in Latin, English, German, French and Italian, Amsterdam, Elsevier, , 857 p. (ISBN 978-0-444-51877-4, lire en ligne)
  6. Voir cette espèce sur le site idRef
  7. Mammifères du Québec et de l'est du Canada, pp. 52-54
  8. (la) Linnaeus, C. (1758). Systema Naturae per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis, Tomus I. Editio decima, reformata. Holmiæ: impensis direct. Laurentii Salvii. i–ii, 1–824 pp : page 53
  9. ITIS, consulté le 2 janvier 2015
  10. Mammal Species of the World (version 3, 2005), consulté le 2 janvier 2015
  11. Roskov Y., Ower G., Orrell T., Nicolson D., Bailly N., Kirk P.M., Bourgoin T., DeWalt R.E., Decock W., van Nieukerken E.J., Penev L. (eds.) (2020). Species 2000 & ITIS Catalogue of Life, 2020-12-01. Digital resource at www.catalogueoflife.org. Species 2000: Naturalis, Leiden, the Netherlands. ISSN 2405-8858, consulté le 2 janvier 2015
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