Comparaison entre le jaïnisme et le bouddhisme

Le jaïnisme et le bouddhisme ont de nombreux points communs :

  • Le pouvoir permanent d'un Dieu en tant que créateur du monde n'est pas accepté.
  • Le caractère « monastique » très important de ces religions, où les « sadhus » et « sadhvis » occupent une place prééminente.
  • Le Tirthankara Mahâvîra et Gautama Bouddha sont des princes de la caste des guerriers, dans l'État du Bihar moderne, et ils se sont retirés de leur situation privilégiée, en renonçant au pouvoir, afin de se réaliser.
  • Le bouddhisme et le jaïnisme ont été fondés au VIe siècle av. J.-C. au terme du mouvement de contestation de l'orthodoxie brahmanique. Ces deux religions prétendent également que leur fondateur historique est le 24e représentant d'une suite de maîtres mythiques appelés Tirthankara par les Jaïnes (musique sur le 1er Tirthankara:, musique tamoule:). Ses deux fondateurs historiques Mahâvîra et Bouddha eurent la révélation en méditant sous un figuier royal. Alain Daniélou pense que les deux maîtres furent ensemble élèves du matérialiste Gosala. S'agissait-il du même personnage historique interprété différemment dans les deux traditions ? La question reste ouverte.

Malgré ces ressemblances entre le jaïnisme et le bouddhisme, il y a des différences fondamentales qui évitent de les confondre :

  • Le jaïnisme est une religion atmavadi, conçue à partir de l'existence d'une âme individuelle et éternelle ou jiva, qui pour se libérer doit détruire les liens du karma. Au contraire du bouddhisme qui est une religion anatmavadi, où la notion même d'âme (une substance qui constituerait l'énergie de tout être vivant) n'est pas acceptée. Une conséquence est que dans le bouddhisme, le nirvāna est la fin du devenir (bhava nirodho) et peut être atteint avant la mort, tandis que dans le jaïnisme il est la fin de l'existence terrestre (et non du jiva) et n'est atteint qu'à la mort.
  • Bien que la « règle d'or » dans le bouddhisme soit la non-violence, le bouddhisme a été moins strict dans l'application de cette règle que le jaïnisme. Un bouddhiste ne doit pas commettre la violence lui-même, mais d'une façon implicite cela veut dire qu'il peut, par exemple, consommer de la viande d'un animal tué par un autre (néanmoins, il faut reconnaître que tous les bouddhistes indiens sont végétariens[réf. nécessaire]). Dans le jaïnisme, le principe de non-violence est considéré sous tous ses aspects, obligatoire pour qui veut se prétendre son disciple (la pérennité du jaïnisme tient seulement à la ferveur de ses fidèles à la pratiquer), en lui demandant de ne pas commettre la violence de neuf façons: par la pensée, par la parole et par le corps et, à chaque fois, soit personnellement, soit en le commandant à d'autres, soit en consentant son exécution par d'autres.
  • Le jaïnisme est une religion ascétique (dont l'ascétisme est sans doute le plus exigeant au monde), qui attache de l'importance à des pratiques d'austérité, de pénitence. Dans le bouddhisme, au contraire, le rejet de l'ascétisme par le Bouddha dans sa voie vers l'éveil est l'un des événements qui ont permis de déterminer "la voie du milieu".
  • Les conceptions relatives au karma sont différentes dans les deux religions. Dans le jaïnisme c'est une substance invisible, qui adhère au jîva, et que l'on produit de façon quasi-automatique par nos actions (d'où l'obligation du végétarisme, par exemple). Dans le bouddhisme, ce n'est pas une substance et seule l'intention consciente peut le produire.

Références/Sources/Bibliographie

  • Pierre Amiel, B.A.-BA du Jaïnisme 2008
  • Pierre Amiel, Les Jaïns aujourd'hui dans le monde 2003
  • Dayanand Bhargave, Jaïna Ethics, Delhi, Motilal Banarsidass, 1968.
  • Colette Caillat, Les Expiations dans le rituel ancien des religieux jaïna, Éditions De Boccard, 1965.
  • Colette Caillat, Ravi Kumar, La Cosmologie jaïna, Paris, Chêne/Hachette, 1981.
  • Appaswami Chakravarti, The Religion of Ahimsâ: the Essence of Jaina Philosophy and Ethics, Varthamanan Pathipagam, 1957.
  • Bool Chand, Mahâvîra, Le Grand Héros des Jaïns traduit par Pierre P. Amiel, Maisonneuve et Larose (1998 (ISBN 2-7068-1326-1).
  • A. Guérinot, La Religion Djaïna, Paris, Paul Geuthner, 1926, ASIN : B0000DY141.
  • Paule Letty-Mouroux, Une nouvelle approche du Jaïnisme, Paris, Detrad, 1994.
  • Paule Letty-Mouroux, Cosmologie Numérique Teerthankara, Paris, Detrad, 1994.
  • Jean-Pierre Reymond, L'Inde des Jaïns, Atlas, 1991.
  • Vilas Adinath Sangave, Le Jaïnisme, traduit par Pierre P. Amiel, Paris, Tredaniel, 1999, (ISBN 2844450784).
  • N. Shanta, La Voie jaina: Histoire, spiritualité, vie des ascètes pèlerines de l'Inde, Paris, O.E.I.L., (1985), (ISBN 2868390269).
  • Nicole Tiffen, Le Jaïnisme en Inde: Impressions de voyage et photographies, Introduction de Colette Caillat, Genève, Weber, 1990, (ISBN 7047440631).

Voir aussi

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