Colin Gubbins

Colin McVean Gubbins ( - Stornoway, ) fut un officier de carrière britannique d'origine écossaise, qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, dirigea le service secret britannique Special Operations Executive (SOE).

Colin Gubbins

Colin Gubbins

Naissance
Tokyo, Japon
Décès  79 ans)
Stornoway, Écosse
Origine Britannique
Allégeance Royaume-Uni
Arme British Army
Grade Major-général
Années de service 1914 – 1946
Commandement chef du Special Operations Executive
Conflits Première Guerre mondiale
Intervention en Russie septentrionale
Seconde Guerre mondiale
Distinctions Croix militaire
Ordre du Service distingué
Chevalier commandeur de l'Ordre de Saint-Michel et Saint-Georges

Biographie

Jeunesse

Gubbins est né à Shiba, Tokyo au Japon le . Son père, John Harington Gubbins (1852-1929), fut diplomate au Japon pendant 30 ans.

Il suivit ses études à la Normanton Grammar School dans le Yorkshire, puis au Cheltenham college. Il entra ensuite à l'académie militaire royale de Woolwich.

Première Guerre mondiale

Officier au sein de la Royal Field Artillery, unité d'artillerie de l'Armée de terre britannique, il combattit sur le front occidental où il fut blessé en 1916. Lieutenant, il est décoré de la Military Cross le et reçoit une citation (Mentioned in Despatch).

Entre-deux guerres

En 1919, il servit quelques mois en Russie, comme attaché militaire auprès du général Denikine, commandant en chef des armées blanches, qui harcelait encore les Bolcheviks. Ce fut sa première expérience de la guerre irrégulière. Entre 1919-21, deuxième expérience de la subversion au cours de la rébellion irlandaise.

Seconde Guerre mondiale

1939.

  • Avril. Il rejoint le MI(R), récemment créé par le major John Holland au sein du War Office. Sa première mission consiste à rédiger trois guides d'instruction, dans la perspective d'une invasion de la Grande-Bretagne par l'Allemagne.
  • Été. Il dispense des cours d'entraînement sur la théorie élémentaire de la guérilla pour des civils choisis — des explorateurs, des linguistes, des montagnards, des hommes ayant des contacts pour affaire à l'étranger — dont certains auront plus tard des carrières remarquées au SOE. Il fait aussi deux voyages aériens secrets, l'un dans la vallée du Danube, l'autre en Pologne et dans les états baltes, pour étudier les possibilités d'une action de guérilla dans les pays situés à l'est de l'Allemagne.
  • . Il se rend en Pologne, comme chef de mission militaire britannique, pour conseiller les Polonais et les Tchèques en matière de guérilla contre le futur envahisseur allemand.
  • À Varsovie, il fait partie du Service de renseignements du général Adrian Carton de Wiart. Lorsque les Allemands envahissent la Pologne, il s'échappe par la Hongrie et les Balkans.

1940.

  • Mai. Le colonel Gubbins part pour la Norvège avec le corps expéditionnaire britannique. Il commande la Force Scissors, constituée de cinq Compagnies indépendantes[1]. Il commande plusieurs opérations qui préfigurent les futures méthodes des commandos : sans appui aérien et en terrain difficile, les Gubbins Boys retardent les Allemands en multipliant les actes de sabotage. Son action lui vaut d'être décoré de la DSO.
  • Juillet. Dans l'hypothèse redoutée d'un prochain débarquement allemand en Grande-Bretagne, on lui confie la mission de constituer des unités spéciales secrètes, Auxiliary Units (Unités auxiliaires), qui par leurs actions de guérilla seraient chargées de répandre la confusion parmi les troupes d'invasion par des attaques et des sabotages[2]. À la même époque, pour soutenir les mouvements de Résistance dans les pays occupés, Winston Churchill crée le Special Operations Executive, qui réunit le MI/R, la section D de l'Intelligence Service, et la section ultrasecrète EH de propagande noire au Foreign Office.
  • Novembre : Gubbins est nommé par Dalton chef des opérations et de l'entraînement, au SOE (sigle « M », puis « D/CD/O »), avec le grade de A/Brigadier (général de brigade) : il a la haute main sur les sections nationales (Country sections) et sur les écoles d'entraînement spécial des agents.

1943. Après avoir été l'adjoint de Charles Hambro (en), il lui succède en septembre comme chef du SOE (sigle « CD »). Grade de T/Major General.

Retraite

Après la guerre, il disparaît de la scène politique, et ne réapparaît que très brièvement pour participer dans l'ombre à la préparation du complot anglo-américain destiné à renverser le gouvernement communiste en Albanie, le projet Valuable.

Il devient ensuite PDG d'une usine de fabrication de tapis, et finalement retourne dans son pays natal, où il souhaite mourir, parmi les fermiers des Hébrides.

Il meurt le à Stornoway. Il est enterré au cimetière de Scarista, Harris (Écosse).

Famille

  • Sa première femme : Norah Creina Somerville (née Warren) Gubbins. Mariage en 1919 et divorce en 1944.
  • Sa deuxième femme : Anna Elise (« Tulla ») Jensen, d'origine norvégienne. Mariage en 1950. Veuve de Rolf Torbjorn Tradin, lieutenant dans la Luftforsvaret, tué à Caen le (612 Squadron).

Personnalité de Colin Gubbins

Selon M.R.D. Foot

Dès le début, il eut une influence sur toute la pyramide du SOE, les collègues, les subordonnés, les agents… Il combinait la vision d'un highlander écossais avec la ténacité d'un officier de carrière, un esprit aiguisé, et beaucoup d'expérience en matière de diplomatie et de renseignements ; et avant le deuxième anniversaire du SOE, un observateur très bien placé le décrivait comme le ressort principal du SOE.

Selon Résistance et collaboration

On dit souvent que les apparences sont trompeuses. Ce fut particulièrement vrai de Colin Gubbins. Raide, crispé, conformiste, parfaite incarnation du militaire britannique, il s'exprimait laconiquement en détachant bien les syllabes, arborait une moustache impeccablement taillée et se comportait en rigoriste. Mais ses dehors conventionnels cachaient un esprit très cultivé, une vive imagination et une bravoure parfois romanesque… Dalton fut impressionné par « la vitalité, l'énergie de Gubbins… sa vivacité intellectuelle, son esprit de synthèse… » Dalton aurait pu mentionner aussi l'autorité, la sérénité dans l'adversité, la détermination et le doigté nécessaires pour fondre dans le SOE des hommes en provenance de nombreux pays et d'horizons sociaux différents.

Œuvres

  • Guides d'instruction :
    • The Art of Guerilla Warfare (L'Art de la guérilla),
    • Partisan Leader's Handbook (Manuel du chef de partisans),
    • How to use high explosives (Mise en œuvre des explosifs brisants).
  • Resistance Movements in the War, JRUSI, London, 1948.

Distinctions

Notes, sources et liens externes

Notes

  1. Ces unités, qu'on appelle les Compagnies indépendantes (en anglais : Independant Companies), étaient apparentées à ce qu'on appela plus tard les commandos. Chacune se composait uniquement de volontaires, recrutés dans des brigades territoriales et comptait environ 400 hommes et 20 officiers.
  2. Ne voulant pas de militaires de carrière - il redoute leur formalisme et leur conditionnement par la discipline -, Gubbins choisit des civils habitués à une vie indépendante, voire insolite, et néanmoins dotés d'une certaine expérience militaire. Tels sont, entre autres : Peter Fleming, le frère de Ian Fleming, le créateur de James Bond, qui prend en charge le Kent ; Andrew Croft, explorateur du Groenland, le Suffolk ; Donald Hamilton-Hill, le Lincolnshire ; John Cwynne le Sussex, ou encore le futur acteur Anthony Quayle. [Dominique Venner].

Sources et liens externes

  • (en) « Photographies de Colin Gubbins », sur Special Forces Roll of Honour, site consacré aux forces spéciales
  • (en) « Biographie sur le site du King's College de Londres » ; Liddell Hart Centre for Military Archives
  • (en) « La London Gazette, le Journal Officiel britannique, pour les décorations, citations, promotions, nominations… »
  • Bernard Ash, Norvège 1940, Presses de la Cité, 1965.
  • Résistance et collaboration, coll. La Guerre au jour le jour, Genève, Édito-Services S.A., 1981
  • (en) Peter Wilkinson et Joan Bright Astley, Gubbins and SOE, London, Leo Cooper, , 272 p. (ISBN 978-0-850-52556-4).
  • M. R. D. Foot (trad. de l'anglais par Rachel Bouyssou, préf. Jean-Louis Crémieux-Brilhac), Des Anglais dans la Résistance : le service secret britannique d'action (SOE) en France, 1940-1944, Paris, Tallandier, , 799 p. (ISBN 978-2-847-34329-8). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004. Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France.
  • Anthony Cave Brown, La guerre secrète : le rempart des mensonges, Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 426-427), , 2 vol. (722, 716 p.) (ISBN 978-2-262-03616-4 et 978-2-262-03617-1, OCLC 779745875).
  • Roger Faligot, Les services spéciaux de Sa Majeste, Paris, Temps actuels, coll. « La Vérité vraie », , 322 p. (ISBN 978-2-201-01580-9).
  • Dominique Venner, Histoire critique de la Résistance, Paris, Pygmalion/G. Watelet, coll. « rouge et blanche », , 500 p. (ISBN 978-2-857-04444-4, OCLC 246267091).
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