Claude Balifre

Claude Balifre [Ballifre, Baliffre], né vers 1550 et mort en 1625, est un chanteur haute-contre de la Chambre et de la Chapelle du roi, actif sous les règnes de Charles IX, Henri III, Henri IV et Louis XIII.

Chanteur puis maître des enfants de la Chambre du roi

Sous le règne de Charles IX, Balifre est chantre (chanteur) haute-contre de la Chambre du roi, aux gages annuels de 200 lt, et parfois dénommé « un des chantres de la petite musicque ». Les premières mentions de son nom sur les rôles de paiement de la maison du roi datent de 1572[1].

En 1574, il figure sur la liste des musiciens qui reçoivent un habit pour les funérailles de Charles IX[2].

Sous le règne de Henri III (1575-1589), Balifre garde sa place de chantre de la Chambre (qui regroupe 17 chanteurs) et cumule avec une charge de valet de chambre. Il fait aussi partie de la « petite musicque » (qu’on suppose regrouper les meilleures voix, amenées à chanter dans les moments les plus intimes). Ses gages sont inchangés : 200 lt (soit 66 écus deux tiers)[3].

Il fait également partie, avec d’autres musiciens de la Chambre du roi tels Salmon et Girard de Beaulieu, des membres de la Congrégation des Pénitents érigée par Henri III[4].

En 1575 il figure sur un rôle de paiement pour être défrayé d’être allé au devant du roi, revenant de Pologne[5]. C’est de tous les chantres de la Chambre celui qui est le plus souvent consigné sur les comptes de bouche dans les années 1570 et 1580, c’est-à-dire qu’il chantait souvent pendant les repas du roi. Il touchait à chaque fois 10 st. de gratification, dans quelque résidence qu’ils aient lieu[6].

Mais Balifre figure également en 1577 dans l’état de la maison de Louis de Lorraine, cardinal de Guise, parmi quatre autres chanteurs et un joueur de lire[7]

En 1581, il fait partie des six chanteurs de la Chapelle et de la Chambre qui sont invités au Puy de musique d’Évreux.

Sous Henri IV, Balifre obtient (avant ) la charge de maître des enfants de la musique de la Chambre[8] ; il est encore cité comme tel jusqu'en 1603, en 1619[9] et en 1623[10]. Peu avant sa mort, il transmet la survivance de cette charge à son fils Mathias Balifre[11].

À la Chapelle du roi

Le , Claude Balifre se voit accorder par Henri III une place de chantre de sa Chapelle, celle qui était devenue vacante par la mort de Robert Mothe[12].

Il fait partie cette même année des huit chantres (sept de la Chambre, un de la Chapelle) qui sont inscrits par Henri III parmi les officiers de la Congrégation royale des Pénitents de l’Annonciation de Notre-Dame[13]. Il chante dès lors régulièrement aux offices de la Confrérie du Saint-Esprit instituée par Henri III, jusque sous le règne de Henri IV ; un paiement de 40 écus est accordé pour lui ainsi qu’aux autres chantres de la Chambre pour avoir assisté aux cérémonies de trois jours de la fête du Saint-Esprit en l’église Saint-Augustin[14].

Il sollicite, avec un placet du , de recevoir les deux canonicats de Saint-Pierre de Corbeil (refusé) et de Saint-Thomas du Louvre (accordé)[15]. Il sollicite encore le de recevoir deux prébendes dans l’évêché de Lusson (toutes deux refusées)[16].

Famille et descendance

Claude Balifre se marie avec Louise Rescyon [Ression]. Il baptise sa fille Geneviève le à l’église Saint-Paul[17]. Celle-ci épousera le peintre Daniel Dumonstier, avec une dot de 4200 lt, le . On connaît son inventaire après décès (), riche de nombreux livres de musique et d’instruments[18].

Il baptise son fils Jean le à Saint-Eustache, une fille le à Saint-Eustache et son fils Mathias le à Saint-Germain l’Auxerrois. Celui-ci lui succédera dans la charge de maître des enfants de la musique de la Chambre en 1625.

Il baptise encore sa fille Ursinne le à Saint-Merry, puis le Charles, à Saint-Sulpice, né de son remariage avec Louise de Vivonne.

Une fille Claude est également connue, qui épouse Henry Le Bailly, surintendant de la musique de la Chambre du roi, avec une dot de 5000 lt et des joyaux[19]. Une autre fille, Geneviève, s'est mariée avec Daniel Dumonstier en l'église Saint-Eustache, le (décédée le ).

Quelques actes de parrainage révèlent des liens avec des membres de la musique du roi : Louise Rescyon est marraine d’un fils de Pierre Guédron le , tandis que Claude est parrain en 1618 d’une fille du chantre d’Antoine Outrebon et en 1614 d’une fille du luthiste Gabriel Bataille.

Le , Claude Balifre est inhumé en l’église Saint-Eustache. L’inventaire après décès de son gendre Henry Le Bailly donne des éléments sur les maisons et terrains à bâtir qui avaient été achetés et construits par Claude Balifre, notamment dans le quartier de la rue des Petits-Champs et dans la « rue Balifre ». Il avait aussi impliqué son gendre dans certaines de ses affaires.

Il avait demeuré en plusieurs adresses : rue de la Grande Truanderie (1580), rue des Bons-Enfants (1584), rue des Petits-Champs (1598), rue des Prêcheurs (1610) et rue Balifre (1625).

Sa signature est reproduite dans Jurgens 1967 p. 65.

Notes

  1. Sur cette période, les sources sont : Paris BNF : Ms. Dupuy127, f. 33, 1560 ; ms. N.A.F. 20108 pièces 102-103 ; ms. fr. 7007 f. 91v. Sauf mention contraire, les sources citées dans cet article le sont d’après Brooks 2000 p. 419-420, Handy 2008 (voir l’index des noms), Jurgens 1967 p. 63-68 ou Jurgens 1974 p. 148-150.
  2. Paris BNF : ms. fr. 26171 f. 169r.
  3. Sur cette période : Paris BNF (Mss.) : ms. fr. 7007 f. 125v ; ms. N.A.F. 20108 pièces 116, 118, 120, 122, 125, 126 ; ms. Dupuy 852 f. 69r ; ms. Dupuy 127 f. 33r et 92r ; ms. Dupuy 489 f. 13r ; ms. fr. 26160 pièce 542, Paris AN : MC VIII 340 (28 juin 1581), KK 138 f. 34r.
  4. ’’Statuts de la Congrégation des Pénitents’’ : Paris BNF (Mss.) : Ms. N.A.F. 7549 f. 20v, cité d’après Petey-Girard 2008 p. 615.
  5. Paris BNF : ms.fr. 26159 pièce 293.
  6. Paris BNF (Mss.) : ms. N.A.F. 20108, tome I, 12 pièces entre janvier 1570 et mars 1580, détaillées dans Handy 2008, qui donne p. 51 un autre exemple en mai 1582 pour un repas donné à Fontainebleau.
  7. Paris BNF : ms. Clairambault 816 f. 203r-203v, cf. Brooks 2000 p. 89.
  8. Il est cité comme tel lorsqu’il est parrain d’un enfant le 16 septembre 1594 (cf. Brossard 1965 p. 16). il a du l'exercer par quartier ou par semestre, car il la partage avec Antoine Boësset à partir de 1613.
  9. Dans l'État de la musique du roi : Pars BNF (Mss.) ms. Clairambault 808 f. 107v, 109r, cité d'après Le Moël 1954 p. 84.
  10. 26 septembre 1623 : donation par demoiselle Diane de Vivone de biens meubles et immeubles à honorable Claude Balifre, maitre en la musique de la Chambre du Roy, demeurant rue Balifre, paroisse Saint-Eustache. Paris ANF : Y 164 f. 22 ; cf. Écorcheville 1907 p. 9.
  11. Paris AN : MC XXXV, 202, 11 novembre 1625.
  12. Paris BNF (Mss.) : ms. fr. 21480, f. 166v.
  13. Paris BNF (Mss.) : ms. Mél. Colbert 82 f . 73 (89)v, et Heures de Nostre-Dame pour la Congrégation royale des Pénitens (Paris : Jamet Mettayer, 1583), cf. Handy 2008 p. 377.
  14. Paris BNF (Mss.) : ms. Clairambault 1120, f. 192r et 208v, cité d’après Handy 2008 p. 244.
  15. Paris BNF (Mss.) : ms. fr. 21480, f. 47r.
  16. Idem, f. 71v.
  17. Ces éléments et les suivants sont donnés par Brossard 1965 p. 16-17.
  18. Paris ANF : MC VII 18, avec transcription partielle dans Jurgens 1967 p. 881-883.
  19. Paris ANF : MC XXX 239, 13 mars 1610, d’après Jurgens 1967 p. 59.

Références

  • Jeanice Brooks. Courtly song in late sixteenth-century France. Chicago : University of Chicago Press, 2000.
  • Yolande de Brossard. Musiciens de Paris 1535-1792 d'après le fichier Laborde. Paris : Picard, 1965.
  • Jules Écorcheville, Actes d'état civil de musiciens insinués au Châtelet de Paris. Paris : L. M. Fortin, 1907.
  • Isabelle Handy, Musiciens au temps des derniers Valois (1547-1589). Paris : Honoré Champion éditeur, 2008.
  • Madeleine Jurgens. Documents du Minutier central concernant l’histoire de la musique (1600-1650). Tome premier [études I – X]. Paris : 1967.
  • Madeleine Jurgens. Documents du Minutier central concernant l’histoire de la musique (1600-1650). Tome second [études XI – XX]. Paris : 1974.
  • Michel Le Moël. Recherches sur la musique du roi et plusieurs de ses grands officiers de 1600 à 1660. Thèse de l'École des Chartes, 1954.
  • Bruno Petey-Girard, « De l’Académie de Baïf aux oratoires du roi », Les Académies dans l’Europe humaniste : idéaux et pratiques, éd. Marc Deramaix, Perrine Galand-Hallyn, Ginette Vagenheim et Jean Vignes (Genève : Droz, 2008), p. 607-620.
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