Claque (théâtre)
La claque est, au théâtre ou à l'opéra, un ensemble de personnes (les « claqueurs ») engagés pour soutenir ou faire choir une pièce par des manifestations bruyantes (applaudissements, rires, sifflets, huées, etc.).
Histoire
La pratique de la claque trouve son origine dès l’Antiquité. Ainsi, lorsque Néron jouait, cinq mille de ses soldats saluaient sa performance par un éloge chanté. Développée au XVIe siècle par le poète Jean Dorat qui achetait un certain nombre de billets pour la représentation de ses pièces qu’il donnait ensuite en échange d’une promesse d’applaudissements, la claque moderne s’est continuée au XVIIe siècle dans les cabales contre les auteurs ou la concurrence féroce à laquelle se livraient les actrices.
La claque apparaît à l'opéra avec le système des abonnements au début du XVIIIe siècle. En 1820, elle s’est systématisée avec l’ouverture à Paris d’une agence destinée à fournir et à gérer des claqueurs. Les directeurs de théâtre ou d’opéra pouvaient commander une troupe de claqueurs installée au parterre ou répartie dans la salle à la faveur d’un billet gratuit, remis en même temps que la liste des passages où ils devaient applaudir. Généralement dirigée par un « chef de claque », qui déterminait où les efforts des « claqueurs » étaient nécessaires et déclenchaient la manifestation d’approbation qui pouvait prendre plusieurs formes. La troupe de claqueurs comprenait des commissaires, qui apprenaient la pièce par cœur et attiraient l’attention de leurs voisins sur ses bons points entre les actes. Les « rieurs » riaient bruyamment aux plaisanteries tandis que les « pleureurs », généralement des femmes, feignaient les larmes, le mouchoir aux yeux. Les « chatouilleurs » entretenaient la bonne humeur du public, tandis que les « bisseurs » applaudissaient en criant « Bis ! Bis ! » pour demander les rappels.
La claque, qui a également été utilisée comme forme de chantage (les chanteurs étant généralement contactés par le chef de claque avant leurs débuts et obligés de payer une taxe, afin de ne pas se faire huer), s’est développée au XIXe siècle jusqu'à sa suppression (officielle) en 1902 à la Comédie-Française.
La pratique s’est étendue à l’Italie (notamment à la Scala de Milan, temple de l'opéra mais en même temps fief des loggionisti, où nombre d’artistes lyriques en ont fait les frais), Vienne, Londres (Covent Garden) et New York (le Metropolitan Opera). Wagner a retiré la mise en scène de Tannhäuser du répertoire de l’opéra parisien après que la claque du Jockey Club dérision en a interrompu les premières performances initiales. Par la suite, Toscanini et Mahler ont déconseillé l’usage de la claque, dans le cadre du développement de l'étiquette mélodramatique. La critique théâtrale ou musicale, a remplacé la claque, qui oriente les choix du public. À l'opéra, ce sont les mélomanes eux-mêmes qui font ou défont une interprétation ou un interprète. Bien que la claque ait cessé en Europe et en Amérique vers le milieu du XXe siècle, elle s’est poursuivie en Russie, le plus notamment avec le Bolchoï.
Bibliographie
- Agnès Pierron, Dictionnaire de la langue du théâtre, Paris, Le Robert, 2003 (ISBN 978-2-8503-6689-5)
- La sortie au théâtre, sous la direction de Pascale Goetchel et de Jean-Claude Yon, 2014, Publications de la Sorbonne. Un chapitre (Sylvain Nicolle) est consacré au trafic de billets de théâtre sous la restauration, où la claque jouait un rôle important
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