Clef (musique)

Dans la notation musicale, une clef, ou clé, est un signe graphique placé au début de la portée qui indique la hauteur des notes associées à chaque ligne.

La note do dans 8 clefs

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La clef se trouve nécessairement au début de toute portée, mais peut aussi se rencontrer plus loin pour indiquer un changement de clef.

Les trois figures de clefs

Diagramme des clés de sol, d'alto (d'ut) et de basse (de fa) avec des notes de musique identiques alignées verticalement
Notation américaine / notation française :
Clés : G4 = sol3 ; C4 = do3 ; F3 = fa2
Gammes : C2 = do1 ; C3 = do2 ; C4 = do3

Il existe trois figures de clefs :

  • la clef de sol, qui indique le sol no 3, proche du la du diapason, et qui concerne les sons aigus,
  • la clef d’ut qui indique le do no 3 — ut est l’ancien nom de la note do — et qui concerne les sons du médium,
  • la clef de fa, qui indique le fa no 2 et qui concerne les sons graves.

Le dessin des clefs est dérivé (stylisation et enluminure) des lettres G (pour sol), C (pour do ou ut) et F (pour fa), que l’on avait pris l’habitude de placer sur une ligne de la portée primitive — aux alentours du XIe siècle — afin d’attacher une hauteur absolue à la ligne en question. Les copistes ont ensuite progressivement transformé l’aspect de ces lettres jusqu’à aboutir au graphisme des clefs actuelles. Cette trouvaille, qui est en fait à l’origine de l’invention de la portée, est attribuée à un moine italien, Guido d’Arezzo.

Premières formes de la clé de sol – La troisième combine verticalement les lettres « G » (au niveau du G4) et « D » (au niveau du D5)

Les sept clefs principales

Chaque figure de clef pouvant en principe se fixer sur n’importe quelle ligne de la portée, on devrait disposer d’un total de 15 clefs. Cependant, la pratique a seulement conservé deux clefs de fa, quatre clefs d'ut et une clef de sol.

Les dix clefs.

Bien que dix clefs aient été retenues au départ, certaines équivalences entre elles ont été constatées avec le temps : les clefs d'ut 5e et de fa 3e ; les clefs de fa 5e et de sol 2e - différence de deux octaves justes ; les clefs de fa 4e et de sol 1re - différence de deux octaves justes. Cela a amené à n'utiliser que sept clefs principales, rejetant ut 5e, fa 5e et sol 1re. Ce n’est pas par hasard que le nombre réel de clefs correspond au nombre de notes. En effet, ces sept clefs permettent l’affectation de n'importe quel nom de note à n’importe quel emplacement sur la portée — ligne ou interligne.

Ainsi, par exemple, la figure de note placée sur la première ligne peut prendre n’importe quel nom selon la clef utilisée :

On peut en effet utiliser les différentes clefs pour transposer une partition. Ainsi, pour jouer deux tons plus haut une partie écrite en clef de sol — le do doit devenir mi, le ré, fa, le mi, sol, etc. — il suffit de changer la clef de sol en clef de fa. C’est ainsi que le sol deviendra si, le la, do, le si, ré, etc. — il faudra aussi changer l’armure, ainsi que certaines altérations accidentellesdièses, bémols, etc. — ce qui est une autre histoire.

Ce système de « transposition par les clefs » n’est pas connu par les musiciens de tous les pays, et semble lié à une certaine tradition solfégique française. Par ailleurs, il a l’inconvénient de ne pas toujours indiquer la bonne octave des sons réels. Ce procédé est un détournement du sens historique de ces différentes clefs, dont l’existence n'était pas nécessitée par la transposition mais par la volonté d’éviter les lignes supplémentaires.

Rôles

Chaque instrument ou chaque voix ayant son ambitus particulier — son étendue propre — le choix de la clef permet d’écrire une partition pour cet instrument ou cette voix, en utilisant au maximum les cinq lignes de la portée, sans avoir à trop multiplier les lignes supplémentaires.

Affectation traditionnelle

De nos jours, la clef indique uniquement une zone particulière de l’étendue des hauteurs. Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle cependant, la clef déterminait plus précisément le type de voix — et, par extension, le type d’instrument — de destination.

  1. La clef de sol 1re
    Cette clef est utilisée par le violon dans la musique française du XVIIe siècle.
  2. La clef de sol 2e
    Affectée aux sons aigus et à la mélodie en général, elle est au contraire celle dont l’usage est le plus répandu. C’est actuellement la clef de toutes les voix, excepté les voix graves masculines. Elle est utilisée par de nombreux instruments : violon, flûte, hautbois, clarinette, saxophone, trompette, guitare, ukulélé, main droite de la harpe et des instruments à clavier — piano, orgue, clavecin, etc. — ainsi que par les instruments plus graves dans leur registre le plus aigu (violon alto, violoncelle).
  3. La clef d'ut 1re
    Jadis utilisée par la voix de soprano (voix aiguë des femmes et des enfants), c'était la clef préférée pour la main droite aux claviers à l'époque de J. S. Bach ; elle ne sert désormais qu’à la transposition orchestrale.
  4. La clef d'ut 2e
    Jadis utilisée par la voix de mezzo-soprano (voix moyenne des femmes et des enfants), elle ne sert désormais qu’aux cornistes pour qui elle est de nos jours la clef principale (avec la bien moins courante clé de fa 3e, dans le registre grave), mais aussi pour les transpositions orchestrales.
  5. La clef d'ut 3e
    Jadis utilisée par la voix de contralto (voix grave des femmes et des enfants) et de haute-contre, elle est principalement utilisée de nos jours par le violon alto et la viole de gambe.
  6. La clef d'ut 4e
    Jadis utilisée par la voix de ténor (voix aiguë des hommes), elle est principalement utilisée de nos jours par le violoncelle, le trombone et le basson, dans leur registre aigu.
  7. La clef d'ut 5e = La clef de fa 3e
    Jadis utilisées par la voix de baryton (voix moyenne des hommes), elles ne servent désormais qu’à la transposition orchestrale. Elles sont équivalentes.
  8. La clef de fa 4e
    Affectée aux instruments graves, elle est presque autant utilisée que la clef de sol 2e. C'est la clef de la voix de basse (voix grave des hommes) et de baryton.
    Elle est par ailleurs utilisée par de nombreux instruments graves : instruments à cordes (contrebasse, violoncelle, guitare basse, main gauche de la harpe), à vent (basson, trombone, tuba), ainsi que pour la main gauche des instruments à clavier (piano, orgue, clavecin).

Notons enfin une clef de fa 5e, qui fut parfois utilisée au début de la Renaissance (soit dix clefs à cette époque) ; mais, alors que la clef de sol 1re se trouve encore dans plusieurs manuscrits du XVIIIe siècle, cette clef de fa 5e fut rapidement abandonnée dans la pratique. Elle produisait les mêmes notes que notre clef de sol courante, deux octaves plus bas.

La connaissance de toutes les clefs n’est indispensable qu’aux musiciens désirant étudier la transposition, l'orchestration, la direction ou la composition, les autres pouvant se contenter de la clef correspondant à leur type de voix ou à leur instrument. Néanmoins, la capacité d'exécuter un solfège dans les quatre clefs principales, soit Sol 2e, Fa 4e, Ut 3e et Ut 4e, est un atout dans la poche de n'importe quel musicien. La plupart des écoles de musique enseignent ces quatre clefs.

Octaviation

Traditionnellement, la notation musicale de certains instruments ou de certaines voix peut décaler la hauteur réelle de la note-repère — et par conséquent, de tout l’ambitus concerné — d’une octave, ou davantage, si nécessaire. Il s'agit d’une octaviation permanente.

Par exemple :

  • la partie de flûte à bec soprano ou sopranino ou de piccolo, écrite en clef de sol, doit être jouée une octave au-dessus ;
  • la partie de ténor, écrite en clef de sol, doit être chantée une octave au-dessous ;
  • la partie de contrebasse ou de guitare basse, écrite en clef de fa 4e, doit être jouée une octave au-dessous ;
  • la partie de guitare, écrite en clef de sol, doit être jouée une octave au-dessous.

Dans ce cas, on trouve parfois un « petit huit » collé sous la clef : par exemple, sous la clef de sol pour les parties de ténor.

À l'inverse, pour les voix d'alto on pourrait logiquement envisager la clef de fa octaviée au-dessus qui est seulement un ton plus haut que l'ancienne clef d'ut 3°.

Enfin, de même qu'il existe des partitions qui utilisent la clef de sol octaviée au-dessous pour des voix féminines graves de contralto, il devrait être possible aussi d'écrire la voix de contreténor en clef de fa octaviée au-dessus.

Exemple de clef de Sol octaviée

Autres notations à la clef

Les notes représentées sur la portée ne dépendent pas seulement de la clef placée sur celle-ci ; en effet en fonction de la gamme chromatique désirée, les principales notes de la gamme peuvent être altérées d’un demi-ton. Pour éviter d’avoir à noter systématiquement ces demi-tons alors très fréquents pour la réalisation des accords majeurs de notes dans cette gamme ; les altérations de demi-tons (dièse, bémol) des notes de la gamme majeure indiquée par la clef seule, sont alors notés juste dans l’armure (aussi appelée armature) à côté de la clef en tête de partition.

On peut ensuite annuler ce demi-ton d’armure, note par note, en complétant chacune d’un bécarre en cas de besoin ; toutefois, pour le jeu sur des instruments à cordes pincées ou sur un orgue, l’accord chromatique parfait n’est normalement pas obtenu en jouant la note correspondante de la gamme majeure mais une altération de celle-ci, légèrement inférieure (ou supérieure) au demi-ton annulé de l’armature. L’armature de la clef ne comporte normalement aucun bécarre sauf pour indiquer qu’une note majeure de la gamme n’est en fait pas modifiée en fonction de la note principale de l’accord majeur, et marquer ainsi que la dissonance est voulue par le compositeur. Ce dernier cas particulier ne devrait concerner que dans les œuvres jouées avec des instruments différents, pour signifier que les instruments secondaires doivent s’accorder avec les notes majeures jouées avec les instruments principaux.

Cette notation des bécarres est aujourd’hui peu employée dans la musique « moderne » actuelle, où les gammes majeures et mineures simples sont les plus fréquentes, et où les instruments à clavier permettent rarement l’expression de ces gammes pures ; dans les faits, ce sont souvent les interprètes qui ajustent et accordent eux-mêmes les notes de leurs instruments en interprétant les partitions en fonction de l’effet sonore voulu (les dissonances et autres altérations sont aujourd’hui fréquentes et souvent volontaires). Cette notation est aussi non nécessaire pour le jeu avec un seul type d’instrument ou quand les altérations de demi-tons ne sont pas possibles : dans ce cas les instruments privilégient un nombre assez limité d'armatures et donc aussi un nombre limité de clefs en fonction du nombre restreint de gammes qu’ils peuvent jouer et accorder sans dissonance.

À côté de l’armure, on trouve également fréquemment la signature rythmique indiquant la longueur des mesures (et le nombre de notes ou d’accords jouées dans le rythme de base), ou encore d’autre notations abrégées destinées à indiquer le tempo (ou la variation de celle-ci) et la force d’expression des notes. Leur notation à la clef plutôt qu’à côté de chaque note simplifie la lecture et la compréhension de la partition.

Représentation informatique

Notation des clefs dans LilyPond
ClefNotation
Lilypond
clef de sol 1re ligne \clef french
clef de sol 2e ligne \clef treble
\clef G
clef de fa 3e ligne \clef varbaritone
clef de fa 4e ligne \clef bass
\clef F
clef d'ut 1re ligne \clef soprano
clef d'ut 2e ligne \clef mezzosoprano
clef d'ut 3e ligne \clef alto
\clef C
clef d'ut 4e ligne \clef tenor

Bibliographie

  • Adolphe Danhauser, Théorie de la musique : Édition revue et corrigée par Henri Rabaud, Paris, Henry Lemoine, , 128 p. (ISMN 979-0-2309-2226-5)
  • Claude Abromont et Eugène de Montalembert, Guide de la théorie de la musique, Librairie Arthème Fayard et Éditions Henry Lemoine, coll. « Les indispensables de la musique », , 608 p. [détail des éditions] (ISBN 978-2-213-60977-5)

Notes et références

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