Citadelle de Doullens

La citadelle de Doullens, située à Doullens (Somme) est l'un des plus beaux ensembles d'architecture militaire de l'époque moderne du Nord de la France, antérieure à l’œuvre de Vauban.

Histoire

Contexte politique

La création de la citadelle s'inscrit au cours des XVe et XVIe siècles dans une période d'affrontement entre le royaume de France et les ducs de Bourgogne qui se prolonge lorsque les territoires bourguignons passent à la maison de Habsbourg à la fin du XVe siècle à la suite du mariage de Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne avec Maximilien Ier de la maison de Habsbourg. À cette même époque, la guerre de Succession de Bourgogne à la fin du XVe siècle a entrainé la perte de la Picardie pour les Pays-Bas bourguignons avec un déplacement de la frontière vers le nord à la frontière avec l'Artois resté bourguignon.

Mais c'est surtout l'invention puis la démocratisation de l'artillerie au XVe siècle ayant rendu caduques les fortifications médiévales qui va pousser ces deux puissances au cours du XVIe siècle à réaliser de nombreuses fortifications le long de leur frontière commune.

Création de la citadelle

À la suite de la guerre de Succession de Bourgogne à la fin du XVe siècle, Doullens devient une ville frontière française face à l'Artois. En , l'artillerie française est placée sur un retranchement de terre qu'a fait élever Antoine de Créquy pour tenir en respect les troupes espagnoles. Afin de protéger cette frontière le roi François Ier décide, en , de faire construire à Doullens une citadelle de grès. Il en confie la construction à Robert Mailly qui fait édifier une forteresse de pierre à quatre bastions à orillons et flancs casematés selon une disposition typique des bastions construits dans les années et en France et dans les Pays-Bas voisins. François Ier, en , puis Henri II, en , viennent surveiller l'avancement des travaux. Située au pied du confluent de la Grouche et de l'Authie, avec d'un côté la position stratégique de la côte d'Amiens, de l'autre les collines de l'Artois, la citadelle est, au XVIIe siècle, l'une des plus vastes de France.

Extension d'Errard

Plan de la citadelle en .

En , le roi Henri IV, décide de renforcer et agrandir la citadelle, il confie la réalisation des travaux à Jean Errard ou Errard de Bar-le-Duc qui fait construire une seconde ligne de défense devant le front sud-ouest composé de trois bastions de brique avec chaînage de pierre. Ces bastions sont caractéristiques du système de Jean Errard avec des flancs à angle aigu par rapport à la courtine.

Vauban est-il intervenu dans les travaux de la citadelle de Doullens ?

Doullens, intérieur de la citadelle

Il n'a pu le faire, de toute évidence, que pour les derniers travaux selon Paul Rudet. Le colonel Pierson pense que Vauban n'est jamais venu à Doullens, mais qu'il a simplement donné ses directives pour les derniers perfectionnements.

Fin du rôle militaire de la citadelle

En 1634 par Christophe Tassin.

En 1659, le Traité des Pyrénées rattacha l’Artois à la France. La citadelle perdit alors son statut militaire et se transforme en lieu de détention : assignation à résidence, prison d’État, maison de préservation de jeunes filles, puis prison pour femmes.

Au XIXe siècle, Auguste Blanqui, Armand Barbès, Proudhon et François-Vincent Raspail y furent détenus.

Durant la Première Guerre mondiale, la citadelle, située seulement à 30 km de la ligne de front, fut transformée en hôpital militaire canadien.

Seconde Guerre mondiale

Doullens, citadelle, ruines des bâtiments pénitentiaires

Pendant la Seconde Guerre mondiale de 1941 à 1943, la citadelle de Doullens devint un camp d'internement français.

À partir de 1943, un blockhaus fut construit par les Allemands pour abriter un poste de commandement de missiles V 1.

Après Guerre

C’est du haut des remparts qu’Albertine Sarrazin, célèbre écrivain, s’échappa en . Elle fit le récit de cette évasion dans son roman L’Astragale. Le film L'Astragale, film réalisé en 1968 par Guy Casaril avec Marlène Jobert dans le rôle principal, est une adaptation de ce roman.

Accueil des Harkis

Après l'indépendance de l'Algérie en 1962, 83 familles de Harkis rapatriées d'Algérie furent accueillies à la citadelle dans les locaux du Ministère de la Justice. Six-cents personnes dont 300 enfants pour la plupart en bas-âge se trouvèrent rassemblées là, démunies de tout. L'armée française était chargée de venir en aide aux réfugiés mais les besoins de cette population civile, biberons, lait, layette, vêtements de femme, etc., ne pouvaient être satisfaits par les militaires. Un appel aux dons fut fait dans la presse locale pour sensibiliser les Doullennais à cette œuvre sociale d'urgence[2]. Ce furent les derniers occupants de la citadelle.

La citadelle aujourd'hui, un espace récréatif

En 1973, l'association "les Amis de la citadelle" voit le jour. Une grande campagne de débroussaillage et de nettoyage est alors menée, par des bénévoles passionnés, sur un site à l'abandon depuis 1965. Devenue propriété du Conseil départemental de la Somme en 1978, la citadelle de Doullens fut gérée par la communauté de communes du Doullennais de 2006 à 2017 puis, depuis le , par l'EPCC Somme Patrimoine (Établissement Public de Coopération Culturelle).

Tourisme

Des visites guidées sont organisées par les médiateurs de Somme Patrimoine sur réservation. On peut voir l'intérieur de la citadelle, ses murailles de grès, ses bastions en as de pique, ses anciennes prisons pour femmes et son réseau de galeries de contre-mines.

Manifestations culturelles et sportives

  • Les Journées doullennaises des jardins d'agrément (JDJA), se déroulent le dernier week-end de mai.

Culture

  • concentration de voitures anciennes,
  • festivals de musique

Sport

  • championnat de VTT,
  • championnat de moto-cross
  • championnat de tir

Notes et références

  1. Notice no PA00116137, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Alain Trogneux, « La Guerre d'Algérie 1954-1962 » in Textes et Documents sur la Somme, revue du service éducatif des Archives départementales de la Somme, n° 74, Amiens, 2002 (ISSN 0769-5799)

Voir aussi

Articles connexes


  • Armée et histoire militaire françaises
  • Portail des monuments historiques français
  • Portail de la Somme
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