Christian Wirth (SS)

Christian Wirth, né le et mort le , est un officier nazi de la SS (ayant atteint le grade de Sturmbannführer[alpha 1]), ayant eu d'importantes responsabilités dans l'euthanasie des malades mentaux et handicapés, puis en tant que commandant du camp d'extermination de Belzec et par la suite comme inspecteur général des camps d'extermination de l'opération Reinhard. Il est mort dans des circonstances peu claires dans le Nord de l'Istrie, lors d'opérations contre les résistances italienne et yougoslave.

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Christian Wirth

Naissance
Oberbalzheim, Empire allemand
Décès
Hrpelje-Kozina, Slovénie
Origine Allemagne
Allégeance Empire allemand
République de Weimar
 Reich allemand
Arme Deutsches Reichsheer (1914-1918)
Schutzstaffel (1939-1944)
Grade SS-Sturmbannführer[alpha 1]
Commandement Aktion T4 (1939-1941)
Camp d'extermination de Bełżec (1942)
Inspecteur des camps de l'opération Reinhard (1942-1943)
Lutte anti-partisans (1944)
Conflits Première Guerre mondiale,
Seconde Guerre mondiale

Biographie

Sous-officier pendant la Première Guerre mondiale, il combat sur le front de l'Ouest. Il s'inscrit en 1931 au parti nazi et entre, à l'arrivée au pouvoir de Hitler, dans la police d'ordre du Wurtemberg. Puis, il dirige d'une main de fer la police criminelle (Kripo) de Stuttgart, où il obtient les aveux de suspects par l'usage de la violence. Fin 1939, ayant rejoint l'opération T4, il officie à l'institut d'euthanasie situé dans le château de Grafeneck. Puis il est nommé directeur administratif de l'institut d'euthanasie de Brandebourg-sur-la-Havel, où il prend l'initiative de camoufler la chambre à gaz en salle de douches.

Courant 1940 les tout premiers Juifs déclarés infirmes mentaux, y sont transférés et gazés. Son efficacité et son expérience lui valent d'être nommé inspecteur général de tous les instituts d'euthanasie. Fin Viktor Brack l’envoie à Lublin dans le Gouvernement général de Pologne pour se placer sous les ordres du SS-Brigadeführer[alpha 2] Odilo Globocnik[1] qui le nomme commandant (Lagerkommandant) du camp d'extermination de Bełżec[2]. Selon Kogon, il décide de ne pas utiliser le Zyklon B comme moyen de mise à mort, jugé d'approvisionnement aléatoire, pour retenir un procédé autonome utilisant l'oxyde de carbone produit par un moteur de char d’assaut russe[2].
Selon le SS-Unterscharführer[alpha 3] Franz Suchomel, interviewé par Claude Lanzmann, « Belzec était le laboratoire. C'est Wirth qui commandait le camp. Et Wirth là-bas a fait tous les essais imaginables. Au début, il s'y est mal pris. Les fosses débordaient, le cloaque dégoulinait devant le réfectoire des SS. Ça puait… devant le réfectoire […] Wirth avec ses hommes à lui, avec Franz, avec Oberhauser et Hackenhold, a tout essayé là-bas[3]. »

Début , Odilo Globocnik le nomme inspecteur général des camps d'extermination de l'opération Reinhard (Belzec, Sobibor, Treblinka)[4] où vont périr jusqu'à environ 1 400 000 Juifs de 1942 à 1943[5].

En 1943, l'opération Reinhard étant terminée, les camps sont démantelés jusqu'à ce qu'aucune trace ne subsiste[6].

Fin 1943, suivant en cela leur chef de Lublin, le SS-Gruppenführer[alpha 4] Odilo Globocnik, Christian Wirth et ses hommes sont envoyés en Istrie, au Nord-Est de l'Italie, dans une zone chevauchant le frontière avec la Yougoslavie : ils sont incorporés dans une unité combattante contre les partisans[6], baptisée Sonderabteilung Einsatz R (de) (en français : « section spéciale d’action R ») ; Wirth y est commandant de la zone de Trieste. Peu de temps après son arrivée, alors qu'il se rend à Fiume dans le cadre d’un déplacement officiel, il est abattu dans le Nord de l'Istrie (près de Hrpelje-Kozina aujourd'hui en Slovénie) d'une balle dans le dos dans des conditions non éclaircies : il circulait dans une voiture sans toit et la balle a très bien pu avoir été tirée par des partisans comme par ses hommes[6].

Après avoir été enterré avec les honneurs dans le cimetière militaire allemand d’Opicina près de Trieste, il a été déplacé en 1959 dans le cimetière militaire allemand de Costermano, près du lac de Garde, dans les Alpes italiennes.

Notes et références

Notes

  1. Grade équivalent à commandant en France ; ce grade a été atteint, pour Wirth, dans le corps des gardiens SS des camps.
  2. Équivalent de général de brigade en France, mais ce grade est ici un grade de police.
  3. Équivalent de sergent en France, mais ce grade est ici un grade de police.
  4. Équivalent de général de division en France, mais ce grade est ici un grade de police.

Références

  1. Hilberg 2006, p. 1658.
  2. Kogon, p. 140.
  3. Claude Lanzmann, Shoah, Folio Gallimard, p. 96, et sur youtube
  4. Kogon, p. 137.
  5. Hilberg 2006, selon les chiffres de Hilberg, jusqu'à 1 384 508, p. 2272.
  6. Hilberg 2006, p. 1804.

Annexes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, Paris, Gallimard, coll. « Folio Histoire », édition définitive 2006, en trois tomes avec pagination continue, 2400 p. (ISBN 978-2-07-030983-2, 978-2-07-030984-9 et 978-2-07-030985-6). 
  • Eugen Kogon, Hermann Langbein et Adalbert Ruckerl (trad. de l'allemand), Les chambres à gaz, secret d'État, Paris, Éditions de Minuit, coll. « Arguments », , 300 p. (ISBN 2-7073-0691-6, présentation en ligne). 
  • Robert Kuwalek (trad. du polonais), Belzec, premier centre de mise à mort, Paris, Calmann-Lévy, , 360 p. (ISBN 978-2-7021-4431-2). 

Article connexe

Liens externes

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