Chironex fleckeri

La cuboméduse d'Australie (Chironex fleckeri), aussi appelée piqueur marin, guêpe de mer ou encore main de la mort ou main qui tue, est une cuboméduse (méduses de la classe des cubozoa) de la famille des Chirodropidae, qui vit dans les moyennes profondeurs, dans les eaux du littoral australien et du sud-est asiatique. Elle est la méduse la plus venimeuse connue à ce jour.

Nom binomial

Le nom de genre Chironex est une combinaison du grec khiro, main et nex, tuer, allusion à la taille de la méduse et son caractère venimeux. L'épithète fait référence au toxicologue Hugo Flecker (en) qui l'a identifiée)[1].

Cycle de vie

Panneau indiquant la présence de cuboméduses dans les eaux, situé en Australie (Queensland)

Avant toute chose, il convient de noter que Chironex fleckeri n'est pas une « méduse » au sens classique (classe des Scyphozoa) mais une « cuboméduse » (Cubozoa), un groupe d'animaux assez différent malgré certaines ressemblances, souvent plus petits et plus dangereux.

Comme toutes les méduses, Chironex fleckeri commencent leur vie en tant que planula, puis passent par le stade du polype. La forme pélagique (méduse) est la forme reproductive.

Les adultes se reproduisent dans la grande barrière de corail, avec la fin de l’été. Les planulas se transforment en polypes l’automne et au printemps en suivant les jeunes méduses, gagnent le large. Le corps adulte (cubique) de la cuboméduse peut être aussi gros qu’une pastèque, et elle possède 60 tentacules longs d’environ 4 mètres, pour mm d’épaisseur.

Elle se nourrit de petits poissons et de crevettes roses, dont la zone d’habitat principal se trouve justement être les plages touristiques (plus fréquemment dans le Queensland et le Territoire du nord). On ne la croise habituellement pas sur la Grande barrière de corail.

Son principal prédateur est la tortue. Contre elle, la seule arme de la cuboméduse est sa vision. Elle possède en effet 4 « grappes » de 6 yeux qui lui permettent de former des images. On ne sait toutefois pas encore comment elles sont capables de traiter ces informations[2].

La méduse la plus venimeuse

Les Chironex fleckeri ont tué environ 70 personnes pendant les 100 dernières années rien qu'en Australie[3]. Ses piqûres sont extrêmement douloureuses et son venin est capable de tuer un humain en quelques minutes.

D'une manière naturelle, la Chironex fleckeri ne tue pas intentionnellement les humains[réf. nécessaire]. Comme toutes les méduses venimeuses, cet animal n'a aucune envie de s'attaquer à une proie qu'elle ne pourrait pas ingérer, et il a d'ailleurs été constaté à maintes reprises qu'elle tente d'éviter un obstacle de taille dès qu'elle le détecte [réf. nécessaire]. Dans les cas de piqûres constatés, ce sont des baigneurs qui sont entrés involontairement en contact avec elle car elle est transparente et ses tentacules très fins et difficilement visibles mesurent plusieurs mètres de long.

Une mesure de protection artisanale et ancienne consiste à utiliser des collants en nylon (un utilisé "normalement" en dessous de la taille, et un autre pour les bras et le torse). Les nématocystes (cellules venimeuses) comportent un cil sensible chimiquement au contact avec les êtres vivants, le venin est économisé et non injecté au contact avec des substances inertes comme les rochers... ou le nylon. Cette méthode très économique reste d'actualité malgré le développement d'équipements de protection individuelle (combinaisons intégrales, plus pratiques mais beaucoup plus onéreuses, crèmes anti-méduse) ou collective (filets anti-méduses), mais le coût élevé rend leur généralisation difficile, ils n'arrêtent pas d'autres méduses plus petites et néanmoins très irritantes. De plus, ces filets peuvent favoriser la formation d'une soupe urticante: Les méduses vont s’écraser contre les mailles, d’autres animaux aussi, au demeurant. Stressées, elles vont secréter un mucus urticant et leurs tentacules vont se briser tout en restant venimeux[4]. De plus, la prise de ces animaux dans des filets induit la production de spermatozoïdes et d'ovules, ce qui favorise la pullulation de méduses[5]. D'autres moyens de prévention sont la pose de panneaux d’informations, les baignades déconseillées entre novembre et mai, la prévention par modélisation pour alerter le public de l'avancée des méduses[6]. La pose de balises acoustiques miniaturisées sur ces méduses permet en effet d'évaluer la variabilité saisonnière de l’abondance de cet animal dangereux sur les plages australiennes dans le cadre de modèles de gestion des risques[7],[8].

Leurs nématocystes (cellules venimeuses) comportent un cil sensible chimiquement au contact avec une substance qui se trouve sur les poissons, les crustacés et les humains. Ils comportent à l'intérieur une fine et longue pointe. Dès qu'ils se déclenchent, cette pointe est retournée, son intérieur devenant son extérieur, elle est projetée en 600 nanosecondes[réf. nécessaire], et injecte son venin directement dans la circulation sanguine. La petite taille des filaments urticants a pour conséquence qu’une simple tenue de protection (type combinaison de plongée ou rashguard) suffit pour se prémunir des piqûres.

Un tentacule contient cinq millions de nématocystes[9], le venin pénètre donc sur une très large surface (on estime qu’il faut un contact minimum sur 3 mètres de tentacules pour délivrer une dose létale).

Une piqûre de cette méduse provoque une paralysie respiratoire et cardiaque (dans les cas mortels, le cœur reste en état contracté) en quelques minutes. Il existe depuis les années 1970 un anti-venin efficace disponible dans les trousses des secouristes sur les plages touchées par les méduses, mais il n'empêche pas les cas mortels, l'intervention des secours et le temps d'action de cet anti-venin étant parfois trop long[10]. Par ailleurs, la souffrance générée par sa piqûre dépassant les pics de douleurs les plus extrêmes, les victimes sont susceptibles de s’évanouir et donc de se noyer avant d’avoir pu être sorties de l’eau pour bénéficier d'un anti-venin[11]. Malgré tout une fillette australienne de 10 ans, Rachael Shardlow, a survécu à une piqûre sévère dans la rivière Calliope, près de Gladstone, dans le Queensland en décembre 2009[12].

En 1997, la société israélienne Nidaria a isolé un composé du mucus extra-corporel des méduses qui neutralise la contraction des cnidocytes et empêche ainsi l’éjection du filament. Synthétisé et incorporé dans une crème solaire, ce produit serait un anti-méduse efficace contre les Chironex[13]. Le danger de ce produit est que les études sur lesquelles il s'appuie ne prouvent pas son efficacité sur cette espèce mortelle selon la biologiste Lisa-ann Gershwin (en), et qu'il pourrait donner un faux sentiment de sécurité aux clients qui s'enduisent de cette crème[14].

Habitat et répartition

Carte de répartition.

On trouve cette cuboméduse dans l'ouest de l'océan Pacifique tropical, du Viet Nam à l'Australie, et à l'est jusqu'en Papouasie-Nouvelle-Guinée[15]. L'espèce est présente tout le long de la moitié nord de la cote australienne.

Références culturelles

La cuboméduse apparaît dans le film Sept vies avec Will Smith, sorti en 2008, où elle joue un rôle majeur dans le dénouement du film. La version en DVD propose un bonus entièrement consacré à Chironex fleckeri.

Références taxinomiques

Genre Chironex

Espèce Chironex fleckeri

Liens externes

Références

  1. Jacqueline Goy, Anne Toulemont, Méduses, Musée océanographique, , p. 76.
  2. La cuboméduse d'Australie, un tueur sous-marin (traduction française libre de l'article "A killer down under (Australia’s Box Jellyfish)", William HAMNER,NATIONAL GEOGRAPHIC Vol. 186, no 2 – août 1994
  3. Williamson J. A., Fenner P. J., Burnett J. W., Rifkin J. (1996). Saving Australia and University of New South Wales Press Ltd, Sydney.
  4. Martine Valo, « Filets, produits chimiques, robots hacheurs… face aux méduses, un combat inégal », sur lemonde.fr,
  5. (en) Kylie A. Pitt, Cathy H. Lucas, Jellyfish Blooms, Springer Science & Business Media, , p. 198
  6. (en) Pamela Nagami, Bitten. Bites and Stings from Around the World, Fusion, , p. 54.
  7. (en) M. R. Gordon, J. E. Seymour, « Quantifying movement of the tropical Australian cubozoan Chironex fleckeri using acoustic telemetry », Hydrobiologia, vol. 616, no 1, , p. 87–97 (DOI 10.1007/s10750-008-9594-7).
  8. (en) Kylie A. Pitt, Jennifer E. Purcell, Jellyfish Blooms: Causes, Consequences and Recent Advances, Springer Science & Business Media, , p. 86-97.
  9. (en) Lester M. Haddad, James F. Winchester, Clinical Management of Poisoning and Drug Overdose=, Saunders, , p. 310.
  10. (en) Peter J. Fenner, Joseph W. Burnett, Jacqueline F. Rifkin, Venomous and Poisonous Marine Animals, UNSW Press, , p. 278-279.
  11. Ouest-France, « Cette méduse est l’un des animaux les plus dangereux du monde - Edition du soir Ouest-France - 02/05/2019 », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
  12. Ian Sample, « Australian schoolgirl survives deadly box jellyfish stings », sur https://www.theguardian.com,
  13. Jacqueline Goy, « Les paradoxes des méduses », Pour la Science, no 299, , p. 39.
  14. (en) « Safe Sea & Other Jellyfish Lotions - Buyer Beware! », sur boxjellyfish.net, .
  15. (en) « Chironex fleckeri », sur Sea Life Base.
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