Chaudron de Gundestrup

Le chaudron de Gundestrup est un chaudron datant du Ier siècle av. J.-C.[1] retrouvé en 1891 dans une tourbière du Jutland au Danemark. Il est constitué de l'assemblage de 13 plaques d'argent (12 richement décorées par martelage et une circulaire constituant le socle et le fond), et mesure 42 cm. de haut pour un diamètre de 69 cm.

Vue d'ensemble du chaudron
Détail d'un panneau intérieur, on distingue une représentation de Cernunnos.
Détail d'un panneau intérieur

Il est conservé au Musée national du Danemark de Copenhague dont il est une des pièces les plus célèbres. On peut voir une reproduction du chaudron au Musée gallo-romain de Fourvière à Lyon (Lugdunum), une autre est conservée dans les réserves du musée de la civilisation celtique de Bibracte (Saône-et-Loire) et a été exposée au Musée archéologique de Dijon (Côte-d'Or) en 2010 lors d'une exposition sur les monnaies, une galvanoplastie est visible au Musée d'archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye.

Iconographie

Ce chaudron est parcouru de nombreux motifs illustrant la mythologie celte, telles qu'une représentation de Cernunnos, une autre de Taranis, une encore d'un dieu ou d'un géant plongeant des guerriers morts dans un chaudron afin de les ressusciter. Dans la mythologie celtique, le chaudron « magique » peut, suivant les légendes, donner de la nourriture pour un millier d'hommes, tel le chaudron d'abondance du Dagda, ou bien donner le savoir universel à celui qui goûte de son contenu ou encore ressusciter les morts. Ces vertus sont d'ailleurs à rapprocher de celles des sources bienfaitrices. Le Saint Graal du roi Arthur n'est autre qu'une représentation christianisée du chaudron d'abondance ou du chaudron de la connaissance.

Sur le chaudron de Gundestrup, on trouve aussi des représentations d'animaux exotiques comme un lion, un éléphant (ou/et un sanglier) ou un dauphin.

Selon l'affichette de présentation de 2012 à la Cité des Sciences (« Les Gaulois, une expo renversante »[2]), le chaudron arborerait des figures comme le Taureau, le chasseur Orion, la Grande Ourse, des feuilles de lierre symbolisent la Voie Lactée et, au même titre que le Calendrier de Coligny, le chaudron témoignerait de l'observation des astres, des phases de la Lune, du Soleil et des étoiles. Cette interprétation, bien qu'ayant rencontré un grand succès en France, est moins retenue dans les pays anglophones.

Décoration intérieure

Détail d'un panneau intérieur, sonneurs de carnyx.

Cinq scènes décorent cinq plaques :

  1. Cernunnos, reconnaissable à ses bois de cerf sur la tête. Dans la main gauche, il serre fermement un serpent. À ses côtés apparaissent plusieurs animaux, dont le cerf emblématique du dieu.
  2. Sur le registre du bas, six guerriers en armes et trois joueurs de carnyx partent vers la mort. Au bout de leur course un chien (vertragus)[3] les retient, tandis qu'un personnage gigantesque (sans doute une femme, pouvant être associée à la prêtresse de la mort[4]) plonge dans un chaudron le onzième combattant. Sur le registre du haut, les quatre dieux des saisons galopent à cheval vers l'éternité, de gauche à droite leurs emblèmes sont l'arc-en-ciel, les bois du cerf, le sanglier et le corbeau. Le premier pourrait être Loucetios, figurant le printemps et l'eau, le 2e cavalier pourrait être Cernunnos, figurant l'été et le feu, le troisième Teutatès, figurant l'automne et la terre et le quatrième Belenos, ayant pour emblème le corbeau, figurant l'hiver et l'air[5].
  3. Personnage masculin le plus souvent interprété comme Taranis, dans son rôle de divinité suprême car tient une roue dans sa main droite. Divers animaux mythiques l'entourent : des chiens monstrueux, des griffons et un serpent à tête de bélier[6].
  4. Une déesse, elle aussi au milieu de deux griffons, deux éléphants (ou deux sangliers tirant la langue) , et un chien en dessous d'elle a les mains presque jointes entre les seins. Deux roues sont placées de part et d'autre de la « déesse ». La présence des deux éléphants a parfois été associée par des auteurs anglo-saxons au passage des Alpes par Hannibal[7]. Cette théorie n'est pas retenue en France.
  5. Une tauroctonie, répétée à trois reprises, est représentée.

Décoration extérieure

Quatre dieux et trois déesses s'y trouvent. Il y avait à l'origine huit panneaux mais le dernier n'a jamais été retrouvé. Tous les dieux portent la barbe et ont les bras levés dans la posture de l'orant. Ce sont leurs divers attributs qui permettent de les différencier. Les quatre premiers dieux sont saisonniers :

  1. Le dieu tient par les coudes deux personnages vêtus de justaucorps rayés. Ceux-ci portent à bout de bras de petits animaux, probablement des sangliers. Il pourrait correspondre à Teutatès, alias Toutatis.
  2. Un dieu barbu soulève deux cerfs par les pattes arrière. Il pourrait être Cernunnos.
  3. Le personnage central lève ses bras en position d'Orant, poings fermés. Trois personnages dont un cavalier sont juchés sur les épaules de ce dieu.
  4. Le dieu tient en main deux dragons en forme d'hippocampe, tandis qu'une autre créature monstrueuse, dotée de deux têtes, se repaît de chair humaine.

Suivent trois « déesses » :

  1. Une première lève les bras comme les dieux, deux autres personnages féminins sont à ses côtés.
  2. Repliant ses bras sur sa poitrine, a des personnages masculins auprès d'elle. Ils sont parfois interprétés comme des époux. L'adolescent à gauche et le plus vieux à sa droite[8].
  3. Elle est aussi parfois interprété comme Rhiannon car elle semble être proche des oiseaux (elle en écoute une, deux oiseaux de proie sont de part et d'autre de la figure centrale)[7],[9]. L'homme couché sur le dos dont le bras de la déesse semble constituer son bras hypertrophié est parfois interprété comme « Lougous à la longue main ».
  4. Croisant les bras, est entouré de deux personnages probablement masculins. L'un d'entre eux terrasse un animal ressemblant à un lion ou un chien.

Fond

La plaque du fond est ornée d'un bélier couché au vu de ses frêles pattes et sa laine mais pour d'autres, il s'agirait d'un taureau[6].

Voir aussi

Le chaudron dans une vitrine du Musée national du Danemark.

Articles connexes

Notes et références

  1. « Les Gaulois », sur www.cndp.fr (consulté le )
  2. Cité des sciences et de l'industrie, "Les Gaulois, une expo renversante", du 19 octobre 2011 au 2 septembre 2012, Paris.
  3. Le Destin des Lévriers, Xavier Przezdziecki - Ets Ciais s.a.
  4. Régis Boyer, La Mort chez les anciens Scandinaves, Paris, Les Belles Lettres, , 241 p. (ISBN 2-251-32421-6), p. 187-188
  5. Actualité de l'histoire, spécial, janvier 2003, Le chaudron de Gundestrup, p. 61
  6. Actualité de l'histoire, spécial, janvier 2003, Le chaudron de Gundestrup, p. 60
  7. Taylor, Timothy (1992), “The Gundestrup cauldron”, Scientific American, 266: 84-89. (ISSN 0036-8733)
  8. Actualité de l'histoire, spécial, janvier 2003, Le chaudron de Gundestrup, p. 59
  9. Olmsted, Garrett S (1979), “The Gundestrup cauldron : its archaeological context, the style and iconography of its portrayed motifs and their narration of a Gaulish version of Táin Bó Cúailnge”, Collection Latomus 162 [Latomus: Bruxelles 1979]. (ISBN 2-87031-102-8)
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