Chapelle San Brizio

La Chapelle San Brizio ou Cappella Nova[1] est une chapelle située dans le transept droit de la cathédrale d'Orvieto. La chapelle est connue par le cycle de fresques « Histoires des Derniers Jours » (en italien : Storie degli Ultimi Giorni) commencé sur les voûtes par Fra Angelico et Benozzo Gozzoli (1447-1449) et complété et terminé sur les parois cinquante ans plus tard par Luca Signorelli (1499-1502).

Luca Signorelli et Fra Angelico représentés par Luca Signorelli dans la scène della Predica e fatti dell'Anticristo.
La porte d'entrée de la chapelle San Brizio
Les voûtes

Histoire

L'édification de la chapelle débute en 1396, comme le document le testament de Tommaso di Micheluccio d'Orvieto qui désire la création d'une chapelle dédiée à la Vierge couronnée (en italien : Vergine Incoronata). Les travaux débutent véritablement en 1408, date où le premier maître constructeur Cristoforo di Francesco de Sienne est documenté ; ils s'achèvent en 1444.

La chapelle de San Brizio, ou Cappella Nova, a été construite à une époque de profonds changements artistiques et politiques, caractérisée par le passage de puissance de Florence à la papauté romaine, accompagnée par un renouvellement esthétique et symbolique.

Fra Angelico

La chapelle de San Brizio a vu l’intervention de divers artistes  : le premier est Fra Angelico (1447 -1449), épaulé par divers aides dont Benozzo Gozzoli, qui abandonne le travail après le départ de Fra Angelico.

La chapelle est située sur l'aile droite du transept de la cathédrale d’Orvieto à l'emplacement de la sacristie et d'une petite chapelle semi-cylindrique, appartenant à la famille Monaldeschi.

Fra Angelico, avec la collaboration de Benozzo Gozzoli et Pietro di Nicola Baroni, exécute les quatre fuseaux de voûtes, mais aussi les décorations des bandes latérales.

Les travaux reprendront cinquante ans plus tard par contrat signé en 1500 avec Luca Signorelli.


Luca Signorelli

L’œuvre de Luca Signorelli est un pont entre ces deux périodes. Élève de Piero della Francesca, il est connu pour son habileté et par l'utilisation de la perspective ainsi que l'attention qu’il apporte à l'anatomie, typique de l'artiste de la Renaissance.

À Orvieto, il réalise en 1500 le cycle de fresques consacré aux thèmes de l'Apocalypse et au Jugement dernier, après avoir achevé la voûte commencée par Fra Angelico et Gozzoli[2]:

  • Les Histoires de l'Antéchrist (prédication et faits),
  • La Fin du Monde,
  • La Résurrection de la Chair,
  • Les Damnés,
  • Les Élus,
  • Le Paradis
  • L'Enfer

La date de 1500 est importante : Signorelli se fait l'écho de l'attente millénariste, des craintes sur la venue de l'Antichrist et des prophéties qui se multiplient sur la fin du monde.[2]

La source iconographique se trouve dans l'Apocalypse, la Légende dorée de Jacques de Voragine, les Révélations de sainte Brigitte de Suède et surtout chez Dante, présent dans plusieurs allusions du soubassement[2].

Signorelli recherche l’effet d’ensemble, par exemple dans le Jugement dernier, accompagné de représentations de type architecturaux comme la colonnade de la partie inférieure ou bien les fenêtres où apparaissent des personnages illustres (Dante, Virgile, Ovide qui lisent des livres ou des codex, et Empédocle regardant au-dehors de son cadre, tous appuyés sur le rebord), en un jeu d’illusions et de perspective qui donne la sensation d’entrer dans la scène peinte. Dans ses compositions, et notamment dans l’Enfer, Signorelli, s’inspirant de Dante, cherche moins à rendre la gloire divine qu’à exprimer le sentiment des êtres humains devant une réalité terrifiante. L’artiste se concentre ainsi sur les êtres qui souffrent dans leur âme et leur corps, dépeint dans un style naturaliste, et qui supplient en exprimant une vaine révolte contre leur sort.

Cette œuvre de synthèse conserve la tradition des Enfers médiévaux en la transposant dans un groupe compact. Ces fresques constituent un véritable répertoire de formes devant lequel l'inquiétude de Michel-Ange viendra songer : conquête plastiques du Quattrocento et montée des inquiétudes spirituelles y trouvent une expression non plus codifiée, mais personnalisée, actuelle et vivante[2].

Autres interventions

En 1579, la statue de marbre La Pietà de la Scalza est placée dans la chapelle, elle n’est plus là en 1622 quand la chapelle prend le nom de San Brizio, à l’occasion de l’arrivée dans la chapelle du retable de la Madonna della Tavola ou Madonna di San Brizio réalisée entre le XIII e et le XIVe siècle. Au XVIIIe siècle, Bernardino Cametti réalise l'autel de la Gloria, une œuvre de style baroque tardif qui remplace le tabernacle de l'Assunta.

Au cours de la même période, la tombe du cardinal Nuzzi a été placée à l'intérieur de la chapelle, mais elle a été enlevée par la suite et la Cappella della Maddalena rénovée.

Depuis la première moitié du XIXe siècle de nombreux travaux de restauration ont été effectués et finalisés dans les dernières années avec la création d'un nouveau système d’éclairage lumineux par le bas.

Bibliographie

  • Daniel Arasse, L'Homme en perspective - Les primitifs d'Italie, Paris, Hazan, , 336 p. (ISBN 978-2-7541-0272-8).
  • John Pope-Hennessy, Beato Angelico, Scala, Florence 1981.
  • Jonathan B. Riess, Luca Signorelli. La cappella San Brizio a Orvieto, SEI, Rome, 1995.
  • Giuseppina Testa, La cappella Nuova o di San Brizio nel Duomo di Orvieto, Rizzoli, Milan, 1996.
  • AA.VV., Umbria (Guida rossa), Touring Club editore, Milan 1999. (ISBN 88-365-2542-3) .
  • Cristina Acidini, Benozzo Gozzoli, in Dal Gotico al Rinascimento, Scala, Florence 2003 (ISBN 88-8117-092-2) .
  • Antonio Paolucci, Luca Signorelli, in Pittori del Rinascimento, Scala, Florence, 2004 (ISBN 88-8117-099-X) .
  • Stefano Zuffi, Il Quattrocento, Electa, Milan 2004. (ISBN 88-370-2315-4) .

Notes et références

  1. Afin de la distinguer de la plus ancienne chapelle du Corporal qui a été construite en 130 pour préserver la relique du miracle de Bolsena (en)
  2. Arasse, p.132

Liens externes

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