Château de Châlus-Chabrol

Le château de Châlus-Chabrol (occitan limousin Chasteu de Chasluç-Chabròl) est un ancien château fort, du XIe siècle, restauré au XVIIe siècle, aujourd'hui en ruine, dont les vestiges se dressent sur la commune française de Châlus dans le département de la Haute-Vienne, en région Nouvelle-Aquitaine. Il est connu pour son siège de 1199 mené par Mercadier, au cours duquel Richard Cœur de Lion est mortellement blessé par un carreau d'arbalète décoché par Pierre Basile.

Pour les articles homonymes, voir Château de Châlus.

Le château fait l’objet d’une protection partielle au titre des monuments historiques[1].

Localisation

Les ruines du château se dressent sur la rive droite de la Tardoire, sur un promontoire rocheux dominant le bourg de Châlus, dans le département français de la Haute-Vienne. Plus récent d'un siècle, le château de Châlus-Maulmont, construit par Géraud de Maulmont, lui fait face.

Historique

À partir du Haut Moyen Âge, les Monts de Châlus deviennent une marche frontière entre les domaines des comtes du Périgord et ceux des vicomtes de Limoges, puis entre le duché d’Aquitaine (tenu par les Plantagenêt, héritiers de la couronne d’Angleterre) et le royaume de France.

Cette position en zone frontière explique un « chaînage » unique en France, de quinze châteaux forts sur une ligne protégeant, entre Périgord et Limousin, l’accès sud de Limoges : Châlus-Chabrol, Châlus-Maulmont, Firbeix, Saint-Pierre de Frugie, Courbefy, Vieillecour, Moncigoux, Jumilhac, Montbrun, Brie, Lambertie, Cromières, Les Salles, Les Cars et Lastours.

En construisant Châlus-Chabrol, l'objectif des seigneurs de Limoges (vicomtes et évêques selon une tradition rapportée par les frères de Sainte-Marthe, Ithier Chabot (ou Chalas) de Fraissenjas, élu évêque de Limoges le [2]) est de contrôler l'itinéraire de Limoges vers le Périgord. Ils détournent par Châlus la voie qui menait de Bourges à Bordeaux et passait alors par Lastours[3] afin, justement, d'éviter les terres des puissants seigneurs de Lastours pour rejoindre leurs possessions en Dordogne, dont le château de Hautefort.

La fondation par l'abbaye Saint-Augustin-lès-Limoges de l'abbaye de l'Abeille, à proximité du château, alliée à la fréquentation du nouvel itinéraire Limoges-Périgueux via Châlus et Aixe (qui reprenait en grande partie un itinéraire antique[4]), entraînent le développement d'un bourg castral (la Villehaute) et de foires importantes.

Châlus-Chabrol, est une étape de la route de Richard Cœur-de-Lion puisque c'est justement à Châlus que le duc d'Aquitaine et roi d'Angleterre a trouvé la mort en 1199[5].

Démantelé à la Révolution française, Châlus-Chabrol est restauré au milieu du XIXe siècle par le comte de Châlus qui y installe, le , des religieuses de l'Instruction de l'Enfant-Jésus.

Il fit également restaurer, en 1861, la tour attenante au corps de logis, qui menaçait ruine[6].

Château de Châlus-Chabrol par Ildo Moratti.

Bertrand Heyraud, qui acheta le château en 1995 au comte de Bourbon-Chalus, entreprit sa restauration pendant quatre ans. C'est dans ce cadre restauré, que se sont déroulées, en 1999, les cérémonies du 8e centenaire de la mort de Richard sous la présidence conjointe de sa majesté la reine d'Angleterre et du président de la République, Jacques Chirac.

Description

Le château de Châlus-Chabrol est constitué d'un ancien corps de logis, d'une tour d'angle attenante et d'un donjon, qui datent de l'érection du château. Ils sont complétés d'une chapelle, en ruines, d'un puits et d'un corps de logis du XVIIe siècle.

Protection

Sont classés par arrêté du [1] :

  • le donjon et la tour d'angle en totalité ;
  • les façades et les toitures de l'ancien corps de logis attenant à la tour.

Sont inscrits par arrêté du [1] :

  • Les façades et les toitures du corps de logis du XVIIe siècle.

Le site de Châlus-Chabrol est inscrit par arrêté du .

Propriétaires successifs

  • Bernard Chabrol, qui le fait construire sur ordre des vicomtes de Limoges.
  • Vicomtes de Limoges.
  • Géraud de Maulmont, qui le reçoit en 1265 de Marguerite de Bourgogne, vicomtesse douairière de Limoges. Sans descendance, il le lègue à ses deux neveux.
  • Guillaume et Pierre de Maulmont, qui le reçoivent en 1299 de Géraud de Maulmont, dont la succession est contestée par le roi de France.
  • Philippe Le Bel en dépossède les neveux de Géraud de Maulmont en 1303.
  • Philippe Le Long, qui le reçoit de son père, Philippe Le Bel.
  • Henri IV de Sully, qui le reçoit en 1317 de Philippe Le Long[7].
  • Alain d'Albret, héritier des Sully (arrière-petit-fils de Charles Ier d'Albret et de Marie de Sully, l'arrière-petite-fille d'Henri IV), qui rattache la châtellenie de Châlus à la vicomté de Limoges (sa femme étant Françoise de Châtillon-Blois-Bretagne, comtesse de Périgord et vicomtesse de Limoges).
  • Charlotte d'Albret, fille d'Alain et Françoise, l'apporte en dot à César Borgia, fils du pape Alexandre VI.
  • Louise Borgia, l'apporte en dot en 1535 à Philippe de Bourbon, qu'elle épouse en secondes noces.
  • Les Bourbon Busset, dont la branche aînée prend le titre de Bourbon Châlus, le conservent par succession jusqu'en 1995.
  • Bertrand Heyraud (héritier de la marque revendue à Éram) qui l'achète en 1995 au comte de Bourbon-Châlus.
  • Dick Guliker, Geoffrey James Drew et Carol Sarah l'achètent en 2008 à Bertrand Heyraud.
  • Jacques Vigneras depuis le [8].

Culture

Dans le roman Celui qui revenait de loin de la série Les conquérants de l'impossible, l'auteur Philippe Ebly situe une partie de l'action dans ce château, au moment de la mort de Richard Cœur de Lion. Un des héros du roman et de ceux qui suivent dans la série est le jeune Thibault, duc de Châlus, miraculeusement conservé jusqu'à notre époque dans une mare d'azote liquide.

Notes et références

  1. « Château de Chalus-Chabrol », notice no PA00100268, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. Nobiliaire du diocèse et de la généralité de Limoges, Tome 1, par l'abbé Joseph Nadaud, publ. sous les auspices de la Société archéologique et historique du Limousin par l'abbé A. Lecler, V. H. Ducourtieux (Limoges), 1863-1882, p. 655, consulté sur Gallica le 30 mai 2009.
  3. Jean-François Boyer, Bulletin de l'association Histoire et archéologie du pays de Châlus : hypothèses sur le contrôle des itinéraires médiévaux dans la région de Châlus et Lastours, vol. I, Châlus, A.H.A.P.C, , 36 p., p. 1-2.
  4. Marcel Villoutreix, Travaux d'archéologie limousine : recherches sur un très ancien itinéraire entre Limousin et Périgord, t. 13, Limoges, Association des antiquités limousines (SAHL), (ISSN 0750-1099), p. 81-89.
  5. « Châlus, le film robin des bois fait jaser », sur le site de FR3 Limousin, (consulté le ).
  6. Nobiliaire du diocèse et de la généralité de Limoges, Tome 1, par l'abbé Joseph Nadaud, publ. sous les auspices de la Société archéologique et historique du Limousin par l'abbé A. Lecler, V. H. Ducourtieux (Limoges), 1863-1882, p. 598, consulté sur Gallica le 30 mai 2009.
  7. http://maison.omahony.free.fr/ascendants/fiche%20sully%20henri.pdf.
  8. Centre France, « Châlus - On a rencontré le nouveau propriétaire du château de Richard Coeur de Lion en Haute-Vienne », sur www.lepopulaire.fr (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la Haute-Vienne
  • Portail des châteaux de France
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.