Cervelas (saucisse)

Le cervelas (de l'italien cervellata, du latin cerebellum, le diminutif de cerebrum, « cerveau ») est une saucisse consommée notamment en Suisse[1], en Allemagne, en Alsace et dans le Nord de la France ainsi qu'en Belgique et aux Pays-Bas[2].

Pour les articles homonymes, voir Cervelas.

Cervelas grillé avec les traditionnelles découpes en croix à chaque extrémité.

Historique

À l'origine, c'est une charcuterie faite de viande et de cervelle (d'où son nom) de porc. Dès le XVe siècle, sa recette « per fare bon cervellate de carne de porco o de vitello giovine » (« pour faire un bon cervelas de viande de porc ou de jeune veau »)  où les ingrédients sont aromatisés de safran  est donnée par Maestro Martino dans son ouvrage Libro de arte coquinaria[3]. Et, jusqu'à la fin du XIXe siècle, le cervellata entre dans la composition du risotto à la milanaise[4].

En 1552, dans la vie de Gargantua et de Pantagruel, Rabelais cite plusieurs fois le cervelat[5]. Il est attesté dans le canton de Vaud en 1826 sous une forme particulière : « un cervelat de foie de cochon, composé avec des choux, beaucoup de graisse et des épices[6]. »

Cervelas suisse

Ce cervelas pèse 100 g, pour une longueur de 12 cm et un diamètre de 3,8 cm. En 2007, il en a été consommé 25 000 tonnes, soit près de 30 % de la production de saucisses helvétiques. Sa composition de base comprend environ 50 % de viande de porc, un peu de bœuf, 20 % de veau, du lard, des couennes de lard, et d'eau (10 %), du jus de citron et du sucre, ce qui le rend craquant quand on le grille[réf. nécessaire]. L'utilisation de sel nitrité (et non pas de simple sel alimentaire) est contraignante pour assurer sa coloration et pour que l'appellation de cervelas soit justifiée[7].

Il a été inscrit en 2008 au Patrimoine culinaire suisse.

Interdiction de la cervelle

Le cervelas contenait, comme son nom l'indique, de la cervelle de bœuf. Le cervelas coûtait peu et remplaçait, dans les temps difficiles d'après-guerre, pour les gens ayant peu de moyens, le coûteux bifteck. À la suite de l'épidémie d'encéphalopathie spongiforme bovine en Europe, dans les années 1990, l'Office fédéral de la santé publique suisse interdit l'adjonction de cervelle de bœuf à la pâte du cervelas. Le goût de la saucisse nationale suisse en a été profondément modifié[réf. nécessaire].

Interdiction de la peau de bœuf

Pour sa courbure, la peau est traditionnellement fabriquée à base de boyau de bœuf brésilien (⌀ = 34 à 40 mm)[7], dont l'importation est interdite dans l'Union européenne (et par la même en Suisse par le biais des accords bilatéraux) par crainte de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, provoquant ainsi la menace d'une disparition de ce plat traditionnel[8].

Cette décision d'interdiction a fait l'objet d'une interpellation déposée en novembre 2007 à l'attention du Conseil fédéral par le conseiller aux États soleurois Rolf Büttiker, intitulée « Avenir du cervelas. Le salut vient du Brésil[9] » qui demande l'ouverture de négociations avec Bruxelles afin d'obtenir une exception sur cette interdiction[10].

Cette interdiction a été levée en octobre 2012[11].

Cervelas en Allemagne

Le cervelas est connu en Allemagne sous le nom de Zervelatwurst.

Cervelas en Alsace

Cervelas à l'alsacienne, au fromage et au lard.

Le cervelas est souvent consommé en Alsace sous forme de salade, un mélange de cervelas, de vinaigrette et d'oignons[12]. Le cervelas obernois ou à l'alsacienne est une recette de cervelas garni de fromage et enrobé de lard, puis frit[13].

Cervelas en Belgique

Le cervelas est vendu chaud ou froid dans les friteries belges, ainsi que dans le nord de la France. En Belgique, il est aussi appelé « chasseur », et est parfois fait à base de viande de cheval[14].

Notes et références

  1. « Cervelas », www.patrimoineculinaire.ch (consulté le 26 avril 2019).
  2. [« Le cervelas »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?).
  3. (it) Maestro Martino, Libro de arte coquinaria, 1450-1460, italophiles.com (consulté le 26 avril 2019).
  4. (it) « Il cervellato, per un risotto alla milanese da tradizione », www.pubblicitaitalia.com (consulté le 26 avril 2019).
  5. Rabelais, Quart livre, Éditions Alphonse Lemerre, p. 413-414, sur r.wikisource.org (consulté le 26 avril 2019).
  6. M. Perret, « Empoisonnement par un cervelat », Feuille du canton de Vaud, Lausanne, 1826, t. 13, p. 359.
  7. Manuel suisse des denrées alimentaires, « Viande et produits à base de viande - D. Description des produits de viande »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), (consulté le ).
  8. « Agroscope : le cervelas pourra changer de peau » (consulté le ).
  9. Rolf Büttiker, « 07.3793. Interpellation », sur www.parlament.ch (consulté le ).
  10. Yvain Genevay, « Un conseiller aux Etats part en guerre pour sauver le cervelas »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le ).
  11. « Le cervelas sauve sa peau » , www.bilan.ch (consulté le 26 avril 2019).
  12. « Recette : salade de cervelas », www.alsace-vins.net (consulté le 26 avril 2019).
  13. « Cervelas à l'alsacienne », www.750g.com (consulté le 26 avril 2019).
  14. « Cervelas de cheval de tradition », sur www.lavenir.net (consulté le ).

Annexes

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la cuisine française
  • Portail arts et culture de la Suisse
  • Portail de l’Allemagne
  • Portail de la Belgique
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.