Centre William-Rappard

Le Centre William-Rappard, situé dans le parc homonyme, dans la ville de Genève, en Suisse, a été construit entre 1923 et 1926 pour héberger le Bureau international du travail (BIT). C'était le premier bâtiment conçu pour abriter une organisation internationale à Genève. En 1975, le BIT a déménagé au Grand-Saconnex et, en 1977, le Centre William-Rappard a été occupé par le secrétariat de l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, et la bibliothèque de l'Institut de hautes études internationales et du développement. En 1995, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a remplacé le GATT et est devenu le principal occupant du Centre William-Rappard.

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Histoire

Entrée principale

À l'origine, le site du Centre William-Rappard faisait partie d'un domaine constitué des propriétés Rappard et Bloch, et comprenait deux édifices. La Villa Rappard a été construite en 1785. La Villa Bloch a été démolie en 1957 pour permettre la construction de l'aile sud du Centre William-Rappard. La Villa Rappard et le terrain situé au nord du site original ont été acquis par le BIT en 1963. La Confédération suisse a acheté le domaine en 1921 et en a fait don à la Société des Nations en 1923. Au cours de cette même année, l'architecte suisse Georges Épitaux (1873-1957) a été mandaté pour construire le nouveau siège du BIT. La construction a duré trois ans et le nouveau bâtiment a été inauguré le [1]. Des ailes ont été ajoutées au nord-est (1937), au sud-ouest (1938), au sud (1951) et au sud-est (1957)[1]. En 1975, le BIT a déménagé au Grand Saconnex voisin et, en 1977, le bâtiment a été baptisé Centre William-Rappard, du nom du diplomate suisse William Rappard (1883-1958), et il a été occupé par le Secrétariat du GATT, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, et la bibliothèque de l'Institut de hautes études internationales et du développement[1].

Salle des Pas-Perdus

En 1995, le Centre est devenu le siège de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et abrite en particulier ses archives[1]. En 1998, un centre de conférence a été construit le long de la rue de Lausanne[1]. En 2007, à la suite de recherches dans les archives du BIT et dans le bâtiment de l'OMC, différentes œuvres d'art dissimulées ont été redécouvertes et exposées aux visiteurs[2]. Le Centre William Rappard appartient à la Confédération suisse et au canton de Genève, par l'intermédiaire de leur Fondation des immeubles pour les organisations internationales (FIPOI). En 2008, une rénovation majeure et une nouvelle extension du bâtiment ont été approuvées par la Confédération suisse. Les travaux ont commencé en 2009, dans le but de construire une extension offrant 300 nouvelles places de travail au minimum (surface brute de plancher de 11 000 à 13 000 m² et un parking souterrain de 200 places)[3].

À la suite de l'approbation des autorités fédérales suisses, la ville de Genève a approuvé, le , l'extension du Centre William-Rappard. Les travaux prévoient des modifications importantes des cours intérieures et la construction d'une nouvelle aile sur l'emplacement actuel du parking sud. Des installations de sécurité sont également prévues, y compris un périmètre dans le parc côté lac. Les travaux devraient s'achever en 2012, 350 places de travail venant ainsi s'ajouter aux 750 places actuelles. Le budget s'élève à 130 millions de francs suisses (70 provenant de la Confédération suisse et 60 d'un prêt de la FIPOI). Le Conseil municipal a approuvé l'extension, avec 50 voix en faveur et 17 voix contre, ces dernières incluant les voix de À gauche toute ! Genève et de l'UDC. Christian Zaugg et Pierre Vanek de "À gauche toute" ont précisé qu'un référendum aurait lieu afin de s'opposer à la construction[4]. Contre l'avis de la majorité des responsables politiques genevois, y compris le Conseiller d'État chargé du Département des constructions municipales et cantonales, Mark Muller du Parti libéral, et Sandrine Salerno du Parti socialiste, les organisateurs du référendum ont obtenu 6 919 signatures soutenant leur projet (le minimum requis étant de 4 000). Après vérification, 4022 signatures ont été validées[5]. Le référendum a eu lieu le , avec 61,8 % des votes à faveur de l'agrandissement du Centre William Rappard (39,5 % de taux de participation). "En acceptant ce projet, les Genevois ont montré leur attachement à une ville internationale et multiculturelle", a relevé la magistrate Sandrine Salerno[6].

Description

L'édifice initial de Georges Épitaux était conçu sur le modèle d'une villa florentine classique avec une cour intérieure, une grande entrée et un escalier monumental dans le hall d'entrée principal. La première construction faisait 86,30 x 33,80 mètres et le sommet de la coupole centrale était à 32 mètres au-dessus du niveau du sol. Le bâtiment était entièrement construit en ciment, avec certaines zones comprenant aussi du granit du Tessin et du grès de Würenlos (Argovie). Georges Épitaux a engagé des sculpteurs et des artisans renommés, y compris Luc Jaggi (1887-1976), Maurice Sarki (Sarkissoff) (1882-1946), León Perrin (1886-1978), Jaroslav Horejc (1886-1983), et bien d'autres. Immédiatement après la Seconde Guerre mondiale, il a été chargé de construire deux extensions au nord et au sud du bâtiment initial[7]. Des formes géométriques et des décorations symboliques ont été utilisées dans les extensions pour donner une cohérence esthétique.

La Dignité du Travail, par Maurice Denis, 1928

Le Centre William-Rappard abrite aussi une collection d'œuvres d'art qui, pour la plupart, sont des dons de gouvernements et d'institutions membres du BIT. Parmi celles-ci se trouvent La dignité du travail (1928) de Maurice Denis, une fresque de Seán Keating sur le travail (1961), des panneaux en faïence de Jorge Colaço Vendanges, Labour et Pêche (1928), les statues Paix et Justice (1925) de Luc Jaggi, le panneau mural en céramique de Delft (1926) d'Albert Hahn Jr, les peintures murales Dans la joie universelle, Le Travail dans l'abondance et Le Bienfait des loisirs (1940) de Gustave Louis Jaulmes, les peintures murales sur le travail (1955) de Dean Cornwell, la peinture Pygmalion (1925) d'Eduardo Chicharro y Agüera, et la fontaine L'enfant au poisson (ou L'enfant en robe bleue) (1926) de Gilbert Bayes.

Galerie de photos

Références

  1. Craig VanGrasstek, Histoire et avenir de l’Organisation mondiale du commerce, Organisation mondiale du commerce, , 716 p. (lire en ligne)
  2. Organisation mondiale du commerce. Le bâtiment de l'OMC – Les œuvres d'art du Centre William-Rappard, siège de l'Organisation mondiale du commerce, et leur symbolique (Genève: Publications de l'OMC, 2008)
  3. Fondation des immeubles pour les organisations internationales. Site Web (http://www.fipoi.ch), consulté le 26 mai 2009
  4. La Tribune de Genève, 7 avril 2009
  5. Le Temps, 27 mai 2009.
  6. La Tribune de Genève (online), 27 septembre 2009.
  7. Graf, Robert Henri. Le Bureau International du Travail: les œuvres d'art et les dons reçus par cette institution (Genève: non publié, 1951)

Annexes

Bibliographie

  • BIT, Programme du Concours pour l'Étude d'un Projet en vue de la Construction d'un Édifice destiné au Bureau International du Travail à Genève (non daté). Archives du BIT.
  • Budry, Paul (éd.). L'édifice du Bureau International du Travail à Genève (). Comprend une note technique de l'architecte Georges Épitaux, des photographies et la liste des entrepreneurs et des artistes. Archives du BIT.
  • Delpal, Bernard. "Sur le tableau de Maurice Denis: La Dignité du Travail (Genève, 1931)" dans: Chrétiens et Sociétés, XVIe-XXe siècles (Lyon), n° 9 (2002), pages 139 à 177. Disponible en ligne (http://resea-ihc.univ-lyon3.fr/publicat/bulletin/2002/delpal.pdf).
  • Der Boghossian, Anoush. "L'Organisation Mondiale du Commerce: vers un modèle écologique" dans: UN Special N° 685 (June 2009), p. 22. Disponible en ligne (http://www.unspecial.org/UNS685/t34.html).
  • Graf, Robert Henri. Le Bureau International du Travail: les œuvres d'art et les dons reçus par cette institution (Genève: non publié, 1951). Réimpression du manuscrit par l'OMC, 2008.
  • Murray, Edmundo (ed.). "Centre William Rappard: siège de l'Organisation mondiale du commerce" (Genève: Publicacions de l'OMC, 2011).
  • Murray, Edmundo. "Ghosts in the Centre William Rappard" dans: UN Special N° 686 (July 2009), pp. 17-18. Disponible en ligne (http://www.unspecial.org/UNS686/t61.html).
  • Organisation mondiale du commerce. Le bâtiment de l'OMC – Les œuvres d'art du Centre William Rappard, siège de l'Organisation mondiale du commerce, et leur symbolique (Genève: Publications de l'OMC, 2008)

Articles connexes

Liens externes

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