Centrale hydraulique de la Jonction de Valserine

La centrale hydraulique de la Jonction de Valserine, appelée aussi usine hydraulique de Coupy, est la principale réalisation d'équipement de basse chute française des années 1870, à Bellegarde-sur-Valserine, sur le site des Pertes du Rhône. Bâtie sur le Rhône à son confluent avec la Valserine, au fond d’une gorge étroite. Entrée en service en 1873, elle est passée à l’électricité à partir de 1893.

Histoire

L'Usine de la Jonction, au confluent Rhône et de la Valserine est l'œuvre de deux Allemands naturalisés américains, installés en Suisse au retour d'un séjour d’une trentaine d’années en Amérique du Nord : Gerhard Lomer et Francis Ellershausen. Ces deux ingénieurs avaient acquis une expérience auprès des Usines de Lowel, à Lowell (Massachusetts), le long des chutes du Merrimack (Massachusetts)[1]. En France, ils visitent en 1869 le confluent du Rhône avec le torrent Valserine. En voyant le puissant fleuve qui disparait temporairement sous le rocher, ils réalisent toute l’énergie potentielle à capter, avec seulement une partie des 400 mètres cubes par seconde d’eau qui chutent de 12 mètres en moins d’un kilomètre[2]. Ils s’inspirent des travaux sur la transmission par câbles de deux alsaciens, les frères Hirn, visitèrent en 1869 à Schaffhouse la centrale hydraulique sur le Rhin rénovée par l’entreprise de Johan-Jacob Rieter[2] (1863-1866), puis fondèrent la Compagnie générale de Bellegarde, installée à Genève. La guerre de 1870, retarde les travaux. Les deux promoteurs obtiennent à Londres un capital de 300.000 livres (7,5 millions de francs)[1] et profitent de l'aide d'un notaire influent de Vevey, Joseph Marion, et de Jean-Daniel Colladon, professeur à l'université de Genève, expert consulté par de multiples entreprises[1]. Le , le gouvernement leur a concédé une prise d’eau et l’installation est mise en service en 1873, après avoir creusé un premier tunnel long de 550 mètres environ, afin de dériver 30 mètres cubes par seconde d'eau, dans un premier temps[2]. La première ligne de câble fait tourner, à 1,3 kilomètre plus loin, le moulin à phosphates d’Arlod, une scierie et une papeterie[2]. Les eaux du Rhône, captées rive droite, déviées dans un tunnel, faisaient tourner des turbines solidaires de grandes roues, dans le cadre d'un système conçu par Ziegler, ingénieur suisse de Rieter. La distribution de l’énergie était réalisée au moyen d’un transport télémécanique. Au même moment, la Compagnie générale de Bellegarde investit dans une fabrique d'acide sulfurique à l'aide de pyrites exploités dans la région., dirigée par Émile Burelle (1848-1926).

La Compagnie générale de Bellegarde essuya un échec en raison des limites techniques de l’hydromécanique. Seulement 3 des 5 turbines furent installées, par manque de clients capable de l'utiliser et intéressé par cette force motrice. La zone industrielle n'accueillit que 6 usines, malgré un prix attrayant de l’énergie : seulement de 50 à 100 francs par cheval-vapeur et par an. La "Rhône Hydraulic" Society, tombée en déficit, perdit de l’argent, et plusieurs compagnies lui succédèrent sans plus de succès. D’autres solutions émergèrent[3]. À l'initiative de Louis Dumont, une nouvelle installation, entre en fonctionnement en , livrant de l'énergie électrique en continu avec des turbines et non plus par télémécanique[3].

Voir aussi

Notes et références

  1. "Le rôle de la frontière dans le développement économique d'une petite ville : Bellegarde-sur-Valserine de 1871 à 1997", par Roger Tardy, dans Le Globe (Revue genevoise de géographie) 1997
  2. Tentatives de transport de l’énergie hydraulique, avant l’électricité : entre deux transitions énergétiques (1830-1890), par André DUCLUZAUX, février 2016
  3. GÉNISSIAT LE "NIAGARA FRANÇAIS"
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