Carl Hagenbeck

Carl Gottfried Heinrich Hagenbeck, né le à Hambourg où il est mort le d'une morsure de serpent[1], est un marchand d'animaux sauvages, concepteur et directeur de parc zoologique allemand qui s'est enrichi grâce à la mode des zoos humains à laquelle il a grandement contribuée.

Carl Hagenbeck dans son jardin zoologique.

Biographie

Marchand d'animaux sauvages et principale référence dans le domaine des zoos humains, Carl Hagenbeck organise à l'échelle mondiale le commerce des animaux sauvages pour l'approvisionnement des ménageries, des cirques et des jardins zoologiques.

Personnalité du cirque, il est propriétaire du Cirque Hagenbeck, organisateur d'exhibitions zoologiques et ethnologiques, et dresseur d'animaux. Avec son frère Wilhelm (1850-1910), il est l'inventeur de la méthode de dressage en douceur en 1879 et de la grande cage centrale en 1889.

Il est aussi connu pour avoir initié et popularisé les zoos humains en présentant au public des Samis et des Nubiens dans les années 1870[2],[3].

Spécialiste de parc zoologique, il fonde en mai 1907, le Tierpark Hagenbeck, le premier « zoo sans barreaux » à Stellingen, dans l'arrondissement de Hamburg-Eimsbüttel, et il est le concepteur du panorama zoologique et de l'enclos de liberté (Freianlage en allemand)[4].

Il projeta de créer un zoo dans l'actuel Afrikanisches Viertel (Berlin) mais sa mort et la Première Guerre mondiale ne permirent pas à l'idée de se concrétiser.

Zoos humains

Il est l'un des initiateurs des zoos humains en Europe. En effet, c'est lui qui, en 1881-1882, a l'idée de montrer au public des spécimens de Fugéens (nom sous lequel on regroupe un ensemble de quatre peuples habitant en Terre de feu, dans les profondeurs du Chili), une population au mode de vie rudimentaire et nomade qui fascine les occidentaux par son aspect, qualifié de "sauvage". Kidnappés dans des conditions inhumaines et traumatisantes, les individus sont ensuite exhibés comme curiosités exotiques dans toute l'Europe. Ces expositions sont une grande première, qui crée l'événement.

Il contribue à en organiser d'autres en présentant cette fois des Samis et des Nubiens.

L'engouement du public est tel que les zoos humains se développeront jusqu'à la Seconde guerre mondiale, reposant sur la capture, l'enlèvement et la mise scène de près de 35 000 indigènes et attirant, dans toute l'Europe, environ 1,5 milliard de visiteurs sur l'ensemble de la période. [5]

Les historiens - comme Sandrine Lemaire et Pascal Blanchard[6] - considèrent aujourd'hui que ces zoos humains, associés aux "études coloniales" anthropologiques[7], à la propagande nationale idéalisant la colonisation comme œuvre civilisatrice, ainsi qu'à la représentation dégradante de "sauvages" nus sur des photos et des cartes postales sont à la source d'un racisme profond chez les populations européennes. Tant l'inhumanité de ces pratiques que leurs conséquences culturelles sont donc à considérer.

Publication

  • (de) Von Tieren und Menschen, Vita Deutsches Verlagshaus, Berlin, 1908, disponible sur Internet Archive. Traduit en français sous le titre Cages sans barreaux, Nouvelles Éditions de Paris, Paris, 1951.

Notes et références

  1. « Carl Hagenbeck. Famous Animal Dealer and Exhibitor Dies in Hamburg. », The New York Times, (lire en ligne, consulté le ) :
    « Carl Hagenbeck, the animal collector and senior partner of the ... menagerie and park at Stellingen, near Hamburg died to-day. »
  2. « À l’époque des zoos humains », sur CNRS Le journal (consulté le )
  3. Nicolas Bancel, Pascal Blanchard & Sandrine Lemaire, « Ces zoos humains de la République coloniale », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
  4. « À l'origine du zoo moderne : Carl Hagenbeck, une illusion de liberté », in Maryvonne Leclerc-Cassan, Dominique Pinon & Isabelle Warmoes, Le Parc zoologique de Paris : Des origines à la rénovation, Muséum national d'histoire naturelle / Somogy éditions d'Art, Paris, 2014, p.23-38. (ISBN 978-2-85653-748-0 et 978-2-7572-0655-3)
  5. Arte, « Documentaire "Sauvages, au coeur des zoos humains" », (consulté en )
  6. Sandrine Lemaire et Pascal Blanchard, Culture coloniale : la France conquise par son empire, 1871-1931, Autrement, collection Mémoires/Histoire, , 256 p. (lire en ligne)
  7. Pierre Singaravélou, « Les sciences coloniales, légitimation académique de la colonisation », Retronews (site de la BNF), (lire en ligne)

Liens externes

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