Camanchaca

La camanchaca, appelé garúa au Pérou, est un banc de stratocumulus maritimes qui se forment sur la côte chilo-péruvienne, près du désert le plus sec de la Terre, le désert d'Atacama[1]. En se déplaçant dans les terres vers les montagnes, la camanchaca devient un brouillard épais ne produisant pas de pluie. Les gouttelettes qui composent le nuage/brouillard mesurent entre 1 et 40 microns de diamètre, trop fines pour former des gouttes de pluie[2].

Formation

La côte du nord du Chili au nord du Pérou est un désert que seul la camanchaca/garúa peut humidifier.

Les eaux froides du courant de Humboldt sont responsables à la fois des déserts côtiers et de la camanchaca/garúa le long des côtes du Pérou et du Chili, entre 5 et 30° de latitude sud, sur une distance nord-sud de 2 800 kilomètres. Entre ces latitudes, le courant de Humboldt longe la côte, apportant une humidité élevée dans une région hyper-aride. Les eaux froides du Humboldt créent cependant une inversion de température par rapport à la température chaude venant du désert en altitude et génèrent des bancs de nuages denses au large. L'inversion de température est la plus prononcée à l'aube et les nuages atteingnent donc leur épaisseur maximale tôt le matin. Ils se forment de préférence en situation anticyclonique[3].

La brise de mer et les vents dominants du sud-ouest soufflent l'air frais et ces nuages vers l'est sur les zones côtières où il donne du brouillard[4]. Une partie importante de ces nuages est arrêtée par le cordon montagneux près de la côte alors que le reste envahit les vallées, les gorges et plateaux intérieurs[5]. L'effet ne s'étend donc le plus souvent que sur quelques kilomètres à l'intérieur des terres le long des pentes montagneuses situées à une altitude de 300 à 1 000 mètres, altitude à laquelle se trouvent les lomas végétalisés (oasis de brouillard)[4].

Les gouttelettes d'eau dans le brouillard sont trop fines pour former de la pluie, au mieux localement de la bruine[2].

Impact

Brouillard au lomas de Atiquipa, province de Caravelí, Pérou, permettant la survie de la végétation.

Les nuages et le brouillard omniprésents avec la camanchaca/garúa en hiver à Lima ont amené l'auteur américain Herman Melville à la surnommer « la ville la plus étrange et la plus triste que vous ne puissiez voir » mais avec une « beauté cachée »[6].

Les précipitations annuelles moyennes sur la majeure partie de la côte désertique sont inférieures à 10 millimètres et certaines zones peuvent ne pas avoir de pluie pendant de nombreuses années. Seule l'humidité condensée par les nuages de la camanchaca/garúa - plus des événements occasionnels El Niño - permet aux îlots de végétation dans les lomas disséminés le long des côtes péruvienne et chilienne de survivre[5]. À l'exception des lomas et des vallées fluviales drainant les Andes hautes et humides, le désert côtier est presque entièrement dénué de végétation[7].

Capteur de brouillard

Filet capteur de brouillard à Alto Patache, Chili.

L'interception horizontale de ce type de brouillard a été mise en évidence expérimentalement en 1956[8]. En 1985, des scientifiques ont mis au point un système de collecte de brouillard constitué de filets de polyoléfine afin de capturer les micro gouttelettes d’eau du brouillard , en vue de produire de l’eau courante pour les villages situés dans ces zones désertiques. Le projet « Camanchaca » a installé cinquante grands filets collecteurs de brouillard sur une crête de montagne, qui permettent de capturer environ 2 % de l'eau contenue dans le brouillard[2].

D'autres expériences de capteurs de brouillard ont suivi et certains emplacements sont devenus opérationnels pour subvenir aux besoins des populations. Ainsi, le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) a mis en place à Chungungo, petit village du Chili sur la côte du désert d'Atacama, des capteurs pour recueillir l'eau contenue dans le brouillard et fournir aux villageois deux ou trois fois plus d’eau à meilleur marché qu'ils n’en utilisaient auparavant[1],[5].

Références

  1. Service de traduction, « Camachaca », TERMIUM Plus, Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, (consulté le ).
  2. (en) Nick Lavars, « How Chile's fogcatchers are bringing water to the driest desert on Earth », www.gizmag.com, (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) Yi Lu, « The marine Stratocumulus » [archive du ] [PDF], (consulté le )
  4. (en) Beresford-Jones et David, « Re-evaluating the resource potential of lomas fog oasis environments for Preceramic hunter-gatherers under past-ENSO modeson the south coast of Peru », Quaternary Science Reviews, vol. 129, , p. 198.
  5. (es) Guido Soto, « Captación de agua de las nieblas costeras (Camanchaca), Chile », Manual de Captación y Aprovechamiento del Agua de Lluvia, , p. 131-139 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  6. (en) Michael Jacobs, « The hidden loveliness of Lima », The Times, (lire en ligne, consulté le ).
  7. (en) « Yungay – the driest place in the world », Wondermondo, (consulté le ).
  8. (en) J.F. Nagel, « Fog Precipitation on Table Mountain », Quarterly Journal of the Royal Meteorological Society, vol. 82, no 354, , p. 452-460 (DOI 10.1002/qj.49708235408).

Voir aussi

Articles connexes

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