Café de la Régence

Le Café de la Régence est un café parisien, ouvert de 1681 à 1910.

Le Café de la Régence en 1874.

Il fut pendant cent vingt ans le centre du jeu d’échecs en France et en Europe. Les joueurs d’échecs les plus talentueux et les plus connus de leur temps y ont tous un jour disputé des parties[1].

Histoire

Place du Palais-Royal

Le Café de la Régence est l'un des premiers cafés de Paris : fondé en 1681 sous le nom de « café de la Place du Palais-Royal », il est rebaptisé, au plus tôt en 1715 pour devenir le « café de la Régence ».

Vers 1740, il devient une adresse pour les joueurs d’échecs parisiens qui auparavant se rencontraient au café Procope dans la rue de l'Ancienne-Comédie. Les habitués du café étaient des célébrités comme Diderot, Rousseau, Philidor, Napoléon Bonaparte ou Benjamin Franklin. Des maîtres d’échecs comme Kermur de Legal et plus tard Lionel Kieseritzky ou Daniel Harrwitz le fréquentèrent en tant que joueurs professionnels.

Diderot en donne une description au début de son roman, Le Neveu de Rameau et évoque notamment le jeu de Philidor et de Légal.

En 1769, Reye, ancien juré, reprend la gérance de ce célèbre lieu de la vie parisienne[2]. Son succès lui permet d’acquérir l’ensemble de l’immeuble qui l’abrite à l’angle ouest de la place du Palais-Royal et de la rue Saint-Honoré[3]. Lui succède, avant 1790 et jusqu'à 1795, François Haquin et ses épouses successives : Marie-Antoinette Brisset puis Marie Hesse[4].

Pendant la Révolution, Maximilien de Robespierre y prit ses habitudes pendant les entractes du club des jacobins. À l’apparition de ce « formidable joueur » (et du fait de ses fonctions d'alors), le café fut insensiblement abandonné des amateurs d’échecs au profit du café Militaire, rue Saint-Honoré. Ce n’est qu’après le 9 thermidor que l’échiquier revint s’installer au café de la Régence.

Pendant de nombreuses années, on y montrait une table d’échecs en marbre sur laquelle Bonaparte, avant de devenir empereur, avait joué en 1798. À côté des échecs, on y pratiquait aussi les Dames ou le billard.

En 1842, eut lieu dans ce café une célèbre rencontre entre Marx et Engels[5].

Transfert et déclin

Dans le cadre du prolongement de la rue de Rivoli décidé en 1848, tous les immeubles XVIIIᵉ de la place du Palais-Royal sont détruits au début de 1853. Un relevé de la façade du n°243 (Empire) rue Saint-Honoré, réalisé par Gabriel Davioud, architecte de la Ville de Paris permet de retrouver l'allure imposante de l'immeuble à l'angle de la place et de la rue Saint-Honoré[6].

Le café est temporairement transféré à l’hôtel Dodun, rue de Richelieu. À partir de 1854, sous la direction de Gillet, il s’installe au no 171 (numérotation de 1855) de la rue Saint-Honoré, dans le nouvel îlot construit entre la rue de Rohan et la rue de l’Échelle[7], immeuble qui à la fin du XIXe siècle prend le no 161[8].

De 1873 à 1903, il est la propriété de Joseph Kieffer, né en 1847 à Benfeld dans le Bas-Rhin, qui serait à l'origine des travaux d'aménagement intérieur effectués sous l'égide de l'architecte de l'hôtel Negresco de Nice, Édouard Niermans, et qui fait également installer l'électricité en 1892.

Après un nouveau changement de propriétaire, le café est transformé en restaurant en 1910. Quant aux joueurs d’échecs, eux ils se transférèrent au café de l'Univers en 1916.

Le bâtiment, auparavant occupé par le café, est désormais occupé par l’Office national marocain du tourisme.

Parties célèbres

À l’automne 1843, le café de la Régence fut témoin du duel entre les deux meilleurs joueurs de l’époque, Pierre Saint-Amant et Howard Staunton. Staunton gagna avec 11 victoires, 6 défaites et quatre parties nulles.

Pendant son voyage en Europe, en 1858-1859, le champion américain Paul Morphy s’y tint fréquemment lui aussi et vainquit Daniel Harrwitz lors d’une rencontre, par le score de 5,5 points à 2,5.

Ce fut le chant du cygne dans l’histoire des échecs de ce café, car après commença un lent déclin. Par la suite, tout de même, certains événements d’échecs importants y eurent encore lieu ; ainsi vers 1894, un concours par correspondance contre le club d’échecs de Saint-Pétersbourg finit par un match nul.

Notes et références

  1. Nicolas Giffard, Alain Biénabe, Le Guide des Échecs, Traité complet, éditions Robert Laffont, 1993 (ISBN 2-221-05913-1)
  2. Jules Cousin, « Les cafés de Paris en 1772 d'après Les Tablettes Royales de Renommée par le Sr Roze de Chantoiseau », Extrait de La revue de Poche, 15 juillet 1867. Consulter en ligne sur Gallica.
  3. A. Brette, Atlas des plans de la censive de l'Archevêché dans Paris, 1786, T. 1, Feuille n°15 bis, Tableau de Renvoi. Consulter sur archive.org.
  4. L'intermédiaire des chercheurs et des curieux, t. 18, 1885, col. 35, 213, 266. ; A. Lepage, Les cafés littéraires et artistiques de Paris, Paris, Martin-Boursin, 1882, p. 123-133. Consulter en ligne sur Gallica.
  5. (en) George Fabian, Karl Marx Prince of Darkness, Xlibris Corporation, 2011, p. 139.
  6. Gabriel-Jean-Antoine Davioud, Expropriations de 1852-1854 pour le prolongement de la rue de Rivoli, Recueil de dessins, Préfecture du département de la Seine, 2 vol. BHVP. Voir le relevé de façade
  7. Almanach-Bottin pour 1856, p. 771.
  8. Ville de Paris, Plan parcellaire 1890, feuille PP/11860/D. Voir le plan

Voir aussi

Bibliographie

  • Nicolas Giffard, Alain Biénabe, Le Guide des Échecs, Traité complet, éditions Robert Laffont, 1993 (ISBN 2-221-05913-1)
  • Paul Metzner, Crescendo of the Virtuoso, 1998.
  • (en) Ken Whyld : Chess Christmas. Moravian Chess, Olomouc 2006, p. 311-21 (ISBN 80-7189-559-8).
  • Auguste Lepage, Les cafés artistiques et littéraires de Paris, p. 129-138, 1882.
    Bref historique et présentation du café au XIXe siècle.

Article connexe

  • Simpson's-in-the-Strand (en), Le Simpson's Divan, haut-lieu des échecs Londonien au XIXe siècle.
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