Centre de recherche Cultures Arts Sociétés


Le Centre de recherche Cultures Arts Sociétés, plus connu sous son sigle CELAT, est un regroupement stratégique reconnu et subventionné par le Fonds de Recherche du Québec Société et Culture. Depuis 2000, il existe en tant que centre tri-universitaire et interdisciplinaire intégrant des chercheurs de l'Université Laval, de l’Université du Québec à Montréal, de l’Université du Québec à Chicoutimi, auxquels sont rattachés également des chercheurs de l’Université de Montréal, de l'Université McGill et aussi de l'Université d'Ottawa. Il regroupe des chercheurs œuvrant en ethnologie / anthropologie et en sociologie, en archéologie et en patrimoine culturel, en histoire de l’art et en théâtre, en géographie et en urbanisme, en linguistique et en communication[1].

Histoire du CELAT

Fondation du Centre

Le CELAT, Centre de recherche Cultures Arts Sociétés, autrefois Centre interuniversitaire d’études sur les lettres, les arts et les traditions, est issu de la Chaire des archives de folklore de l’Université Laval, créée en 1944. Il est constitué formellement en tant que Centre depuis 1975 à l’initiative de chercheuses et chercheurs de l’Université Laval, et il fut le premier à être reconnu par l’Université Laval dans le domaine des sciences humaines et sociales. le Centre a contribué au développement des connaissances sur l’histoire et la culture de la société québécoise, d’abord en s’intéressant à la majorité francophone. Ces premiers travaux ont conduit les chercheurs du CELAT à s’intéresser plus largement à la francophonie canadienne et nord-américaine, puis à se pencher sur la francophonie internationale et les nouvelles configurations géoculturelles issues de la mondialisation. Progressivement, le nombre de membres a augmenté et le centre a intégré des chercheurs provenant d’un éventail de disciplines toujours plus large, alors que la programmation du Centre évoluait de l’étude des spécificités culturelles des groupes vers l’étude des processus de construction identitaire. Les recherches menées sur l’identité ont naturellement conduit les chercheurs à s’intéresser également aux rapports d’altérité et donc aux rencontres, frottements, tensions et négociations inhérents aux sociétés marquées par la pluralité culturelle et identitaire. C’est dans ce contexte que le Centre s’est élargi et est devenu un centre interuniversitaire avec deux nouveaux pôles, l’un à l’UQAM, l’autre à l’UQAC, lesquels se sont ajoutés au pôle d’origine de l’Université Laval.

Centre tri-universitaire

Un nouveau programme de recherche, élargissant le champ d’action des groupes fondateurs, a été agréé par le Fonds de recherche du Québec - Société et culture en 2000. Aux équipes initiales se sont joints des chercheurs qui ont contribué à l'orientation du Centre vers une vocation pluridisciplinaire. Dans la continuité des travaux menés sur les identités et les rapports d’altérité, une programmation de recherche centrée sur le vivre ensemble (2011-2017) a été mise en œuvre. Celle-ci a été l’occasion de développer et de renforcer encore davantage l’interdisciplinarité et d’innover en diversifiant les formats de diffusion des résultats de recherche, plusieurs chercheurs du CELAT optant pour la production de films, la réalisation d’expositions, d’installations, la création de sites web, le développement d’applications mobiles, des démarches de recherche-création, etc. Ces nouvelles formes de diffusions se sont ajoutées à des productions scientifiques de type plus classique (livres, articles et colloques). Dans le cadre des recherches menées sur le vivre ensemble au CELAT, la pluralité a été abordée de façon élargie, en considérant non seulement les différences ethniques ou religieuses, mais aussi celles relatives aux conditions physiques et de santé des individus, à leur langue, leur orientation sexuelle, leur identité de genre, et l’ensemble des formes de vie qu’ils adoptent. Progressivement, la mise en œuvre de cette programmation a conduit les chercheurs du Centre à multiplier les démarches d’enquête reposant sur des collaborations et partenariats de différentes natures avec les communautés ou personnes concernées par les recherches et menées en collaboration avec des institutions, associations ou organismes de l’extérieur de l’université.

Enjeux actuels

S’appuyant sur les recherches qui ont ainsi été menées, le CELAT a mis le cap sur une nouvelle programmation, pour le cycle 2017-2023, qui prend pour objet les processus de pluralisation. Le Centre interagit avec le monde universitaire mais également avec d’autres acteurs pertinents tels que les municipalités (ex: archéologie, études urbaines), les ministères (mise en valeur du patrimoine matériel et immatériel), les ONG (immigration, minorités), les musées (arts, débats sociaux), les institutions internationales (ex. : UNESCO, AUF, Icomos, National Science Foundation). Sa nouvelle orientation permet d’intégrer la production culturelle de certains membres (littérature, vidéo et multimédia, théâtre) en fonction des besoins de ses axes de recherche, offrant ainsi une place à l’expérimentation dans le champ de la culture. Car, la culture est un moteur de rapprochement et d’ouverture essentiel dans une société conçue comme « creuset culturel[2] ».

Au Québec, le CELAT est devenu le centre probablement le plus diversifié, étant lié par ses membres à 16 disciplines et à plusieurs modes de production des connaissances, et le plus ouvert aux changements de formats de recherche. Le Centre constitue un modèle unique dont l’exemplarité et le dynamisme sont notables lorsque, par des « études croisées[3] », les chercheurs font avancer les disciplines et rencontrent l’actualité notamment sur le vivre ensemble[4] ou lorsque ces démarches s'effectuent en accord avec la Convention de l’UNESCO de 2005 sur la diversité des expressions culturelles[5].

Programmation du CELAT

Comprendre et éclairer les processus de pluralisation

La nouvelle programmation du CELAT pour 2017-2023 est centrée sur la conceptualisation et l’étude des processus de pluralisation qui se déploient dans la société québécoise, c’est-à-dire sur les transformations par lesquelles se multiplient les modes de vie, les normes, les identités ou les appartenances qui sont visibles et reconnaissables dans l’espace public, de même que sur les enjeux de ces transformations. La pluralisation est pensée comme résultant à la fois de phénomènes objectifs (migration humaine, mondialisation, Technologies de l'information et de la communication) et d’une profonde transformation des valeurs, représentations et sensibilités, en vertu de laquelle se multiplient les expériences, les formes de savoir, les identités ou les points de vue considérés comme dignes d’être entendus et pris en compte. La mutation sociohistorique au cœur de la programmation concerne la multiplication et la visibilisation des appartenances ethnoculturelles autant que de celles qui sont liées aux conditions de santé des individus, à leur orientation sexuelle, leur identité de genre, aux formes de vie qu’ils adoptent en lien avec leurs valeurs ou croyances, etc. Elle est étudiée par le biais de démarches empiriques portant sur une diversité de contextes singuliers et l’abordant par le biais, notamment, des luttes pour la visibilité et des demandes de reconnaissance; de la mise en œuvre de pratiques ou de politiques se voulant pluralistes; des usages du passé et des reformulations de l’histoire; des processus de patrimonialisation; des pratiques artistiques, des usages de l’espace public, de la production et de la mise en circulation de récits; de la formation de communautés à la marge; et de plusieurs autres phénomènes par le biais desquels se donnent à voir l’émergence ou la visibilisation d’appartenances et de spécificités, de même que les redéfinitions de la société québécoise se reconnaissant comme plurielle. L’équipe du CELAT entend éclairer la pluralisation en s’intéressant également à sa genèse et à son historicité, de même qu’aux réactions qu’elle suscite et aux différentes formes de résistance ou de rejet qui s’y opposent, notamment aux idéologies et groupes qui promeuvent le retour à une société homogène. Les travaux sont menés dans des postures résolument interdisciplinaires et prennent la forme de démarches variées et innovantes, dont une forte proportion de recherches menées en collaboration étroite avec les communautés, groupes ou personnes concernés par les phénomènes étudiés, de même que différentes entreprises de recherche-création[6]. En 2017, la qualité et la diversité de ses travaux a permis au CELAT de se situer au premier rang, pour la hauteur de son octroi, parmi les Regroupements stratégiques du Québec[7].

Diversité des objets de recherche

Immigration, culture yiddish, minorités francophones (Pierre Anctil); archéologie et colonisation européenne (A. Bain), sociologie des mondes de l’art et des politiques culturelles (P. Bédard); dynamiques migratoires mondiales et démographie sociale (D. Bélanger); histoire des institutions muséales et de la muséologie (Y. Bergeron); anthropologie des médias et handicap (M. Boukala); diversité culturelle et nouvelles formes de l’altérité (C. Camelo Suarez); muséologie des droits de la personne (J. Carter); pluralisme religieux au Québec et fait halal (K. Fall); culture matérielle des sciences, objets scientifiques, leurs fonctions pratiques et leurs valeurs symbolique (J.F. Gauvin); l’art monumental soviétique, art public contemporain et études culturelles (A. Gérin); histoire de l’architecture, de la théorie et de la critique architecturale au Québec et du Canada (M. Grignon); aspect juridique des conventions relatives au patrimoine culturel immatériel et à la diversité des expressions culturelles (V. Guèvremont); interculturalité et formes contemporaines du récit du soi (Simon Harel), approches politiques de la censure dans les arts et de l’appropriation culturelle (Michaël La Chance); art communautaire et médiation culturelle (E. Lamoureux); psychologie interculturelle dans un contexte de migration et d’acculturation (Y. Leanza); accessibilité et inclusion en regard des cultures minorisées, pratiques artistiques et situations de handicap (V. Leduc); historiographies nationales, usages politiques et médiatiques de l’histoire et son enseignement (Jocelyn Létourneau); design et architecture temporaire dans les villes, vague urbain (C. Lévesque); médiations entre la Chine et l’Occident et rôle des intermédiaires culturels (S. Li); santé mentale dans un contexte de migrations forcées et de polarisations sociales et anthropologie de l'islam (A. Mekki-Berrada); patrimoine et paysage sous le regard de l’autre (G. Mercier); représentations patrimoniales et identités collectives (L.K. Morisset); mémoires, nostalgie et médiatisation de l’histoire (K. Niemeyer); patrimoine à caractère religieux et planification urbaine (Luc Noppen); construction des identités individuelles et collectives dans les communautés en ligne (M. Pastinelli); écritures mobiles et dramaturgie sonore au théâtre (J.P. Quéinnec); ethnologie du tourisme en Amérique du Nord, Méditerranée, Maghreb et Moyen-Orient (H. Saidi); patrimoine immatériel, patrimoine ethnologique dans les sociétés coloniales et postcoloniales de l'Amérique française (L. Turgeon); visualité, corps et subjectivités, expériences de l’urbain (M. Uhl); communication interculurelle et dynamiques d’inclusion dans l’espace urbain (B. White). (Cette liste n'est pas restrictive)

Mission et organisation

Mission générale du CELAT

La mission du CELAT se résume à trois objectifs principaux :

  • Contribuer au développement des connaissances et à la consolidation des réseaux de recherche interdisciplinaires ;
  • Multiplier les activités de diffusion (colloques, tables rondes, publications, etc.) et les échanges internationaux ;
  • Former les jeunes chercheurs

Collections

Le CELAT est responsable de plusieurs collections d'ouvrages publiées aux Presses de l'Université Laval, la collection « Intercultures » ; aux Presses de l'Université du Québec ; aux Éditions du Septentrion, la Collection CELAT.

Partenariats

Distinctions décernées par le CELAT

Gouvernance du CELAT

  • Un comité exécutif de 3 membres, constitué par la direction générale du Centre et les deux directions de sites UQAM et UQAC. La direction du Centre, située à l’U. Laval, est également responsable du site de Québec.
  • Un bureau de direction de 12 membres avec des représentants des sites, des étudiants postdoctorants et doctorants.
  • Un comité scientifique de 4 membres responsable des bourses, du soutien aux colloques et à la diffusion.
  • Deux professionnels de recherche, pour la coordination scientifique du Centre, à l’U. Laval et à l’UQAM
  • Une équipe chargée de l’administration et de la logistique à l’U. Laval.

Liste des directeurs / directrices scientifiques du Centre

  • 1992-1995 Jocelyn Létourneau, histoire
  • 1995-2000 Laurier Turgeon, ethnologie
  • 2000-2003 Guy Mercier, géographie
  • 2003-2006 Marcel Moussette, archéologie
  • 2006-2008 Réginald Auger, archéologie
  • 2009-2012 Francine Saillant, anthropologie
  • 2012-2013 Allison Bain (intérim), archéologie
  • 2013-2015 Francine Saillant, anthropologie
  • 2015-2018 Madeleine Pastinelli, sociologie
  • 2018-2019 Abdelwahed Mekki-Berrada (intérim), anthropologie
  • 2019-2020 Allison Bain (intérim), archéologie
  • 2020-2023 Jean-François Gauvin, muséologie

Voir aussi

Bibliographie

  • Bain, Allison et Réginald Auger (dirs), O que o patrimônio muda? What does heritage change?, dans História: Questões & Debates, 2018, vol 66 (1 & 2).
  • Lamoureux, Ève et Magali Uhl (dirs), Le vivre-ensemble à l'épreuve des pratiques culturelles et artistiques contemporaines, Québec, Presses de l'Université Laval, 2018, 290 p. (ISBN 978-2-7637-3738-6)
  • Pastinelli, Madeleine, Francine Saillant, Mouloud Boukala et Célia Forget (dirs), S’engager en ligne, Rapport de recherche en partenariat avec l’UNESCO, Paris, UNESCO et CELAT, 2019. (ISBN 978-92-3-200169-6) . Œuvre publiée en libre accès
  • Pastinelli, Madeleine et Mouloud Boukala (dirs), Reconnaissance et stratégies médiatiques, dans Anthropologie et Sociétés, Vol. 40, numéro 1, 2016.
  • Saillant, Francine et Michaël La Chance (dirs), Récits collectifs et nouvelles écritures visuelles, Québec, Presses de l'Université Laval, 2012, 276 p. (ISBN 978-2-7637-9899-8)
  • Saillant, Francine et Jorge Santiago (dirs),Images, sons et récits des Afro-Amériques, Paris, Éditions des archives contemporaines, 2015, 216 p. (ISBN 978-2-8130-0194-8)
  • Saillant, Francine (dir.), Pluralité et vivre ensemble, Préface Nada Al-Nashif et Christina Cameron (UNESCO), Québec, Presses de l'Université Laval, 2015, 306 p. (ISBN 978-2-7637-2883-4)
  • Saillant, Francine et Ève Lamoureux, (dir.), InterReconnaissance. La mémoire des droits dans le milieu communautaire au Québec, Québec, Presses de l'Université Laval, 2018, 350 p. (ISBN 978-2-7637-3606-8)
  • Saillant, Francine, Nicole Lapierre, Bernard Müller et François Laplantine (dirs), Les mises en scène du divers. Rencontre des écritures ethnographiques et artistiques, dans Cahier ReMix, numéro 9, 2018.
  • Turgeon Laurier (dir.), Patrimoine culturel immatériel. Intangible Cultural Heritage , dans Ethnologies, 36 (1-2), 2016.
  • White, Bob W., Lomomba Emongo et Gaby Hsab (dirs.). L’interculturel dans la cité, dans Anthropologie et Sociétés, Vol. 41, numéro 3, 2017.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Présentation du CELAT
  2. Pascale Gericolas « Le creuset culturel », UlavalNouvelles, 13 décembre 2019.
  3. Assïa Kettani, « CELAT, Vivre ensemble en cette ère de pluralisation », Le Devoir, 4 mai, 2013.
  4. Zone Société- ICI.Radio-Canada.ca, « Université populaire sur le vivre-ensemble à Québec », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  5. « Accéder à soi, accéder à l’autre », collaboration CELAT et la Chaire UNESCO sur la diversité culturelle, 12 décembre 2019.
  6. Cette présentation de la programmation du Centre et de ses axes de recherche est reprise du site CELAT
  7. Communiqué du Fonds de recherche du Québec – Société et culture (Estelle Vendrame), « Annonce des octrois 2017-2018. PRÈS DE 9,7 MILLIONS DE DOLLARS EN NOUVELLES SUBVENTIONS DE RECHERCHE », 12 mai 2017. Sur le site FRQSC
  8. Programme d’étude, soutien de la relève MCQ
  9. « Une université populaire en plein coeur de Saint-Roch », sur Le Soleil, (consulté le )
  10. « La Bourse d’études Luc Lacourcière | Association canadienne d’ethnologie et de folklore », sur acef-fsac.ulaval.ca (consulté le )


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