Mer Méditerranée

La mer Méditerranée (prononcé [me.di.tɛ.ʁa.ne]) est une mer intercontinentale presque entièrement fermée, bordée par les côtes d'Europe du Sud, d’Afrique du Nord et d’Asie de l'Ouest, depuis le détroit de Gibraltar à l'ouest aux entrées des Dardanelles et du canal de Suez à l'est. Elle s’étend sur une superficie d’environ 2,5 millions de kilomètres carrés. Son ouverture vers l’océan Atlantique par le détroit de Gibraltar est large de 14 kilomètres.

« Méditerranée » redirige ici. Pour les autres significations, voir Méditerranée (homonymie).

La mer Méditerranée est le prototype des mers méditerranéennes.

Mer Méditerranée

Carte de la mer Méditerranée.
Géographie humaine
Pays côtiers Europe
Espagne
Gibraltar (territoire britannique d'outre-mer)
France
Monaco
Italie
Malte
Slovénie
Croatie
Bosnie-Herzégovine
Monténégro
Albanie
Grèce
Chypre
Asie de l'Ouest
Turquie
Akrotiri et Dhekelia (bases militaires souveraines britanniques)
Syrie
Liban
Israël
Bande de Gaza (Palestine)
Afrique du Nord
Égypte
Libye
Tunisie
Algérie
Maroc
Ceuta et Melilla (villes autonomes espagnoles)
Géographie physique
Type Mer intercontinentale
Localisation Océan Atlantique
Coordonnées 37° nord, 18° est
Subdivisions Détroit de Gibraltar, mer d'Alboran, mer des Baléares, mer de Ligurie, mer Tyrrhénienne, mer Adriatique, mer Ionienne, mer Égée
Superficie 2 510 000 km2
Profondeur
· Moyenne 1 500 m
· Maximale 5 369 m
Volume 3 765 000 km3
Salinité 38 g.L−1
Géolocalisation sur la carte : océan Atlantique

Elle doit son nom au latin « mare Mediterraneum »[1], qui désigne une « mer au milieu des terres ».

Durant l’Antiquité, la Méditerranée était une importante voie de transports maritimes permettant l’échange commercial et culturel entre les peuples de la région  les cultures mésopotamienne, égyptienne, perse, phénicienne, carthaginoise, libyenne, grecque, étrusque, et romaine. L’histoire de la Méditerranée est importante dans l’origine et le développement de la civilisation occidentale.

Toponymie

Le détroit de Gibraltar et la mer d'Alboran à l’extrême occidental de la Méditerranée vue depuis un satellite.

Le terme de Méditerranée vient du latin mediterraneus qui veut dire « au milieu des terres », sous-entendu « du monde connu » (medius pour milieu et terra pour terre).

La mer Méditerranée a été connue à travers l'Histoire sous de nombreux noms :

  • la « Grande Verte » (wȝḏ-wr), Wadj-wer (en hiéroglyphes : 𓇅𓅨𓈗), désignait chez les Égyptiens anciens la Méditerranée (mais aussi la mer Rouge ou les grands lacs du delta du Nil) ;
  • dans l’Ancien Testament, sur la côte ouest de la « Terre sainte », elle s’appelait la « mer de l’Ouest » (Dt. 11,24 ; 34,2; Joel, 2,20; Za 14,8), ou la « mer des Philistins » (Ex. 23,31), car ce peuple occupait une grande partie des côtes situées près d'Israël. Cependant, il s’agissait parfois de la « grande Mer » (Nb.34,6-7 ; Jos.1,4 ; 9,1 ; 15,47 ; Ez. 47,10..15..20), ou simplement « la Mer » (1 Rois 5,9 ; 1 Macc. 14,34 ; 15,11) ;
  • On retrouve l'appellation de « grande Mer » chez les populations autochtones du Levant : en araméen Yammāʾ rabbā (ܝܡܐ ܪܒܐ), littéralement « grande Mer », en hébreu ancien Hayam hagadol (הַיָּם הַגָּדוֹל), et en phénicien Yamm rbm (𐤉𐤌 𐤓𐤁𐤌).
  • certaines populations limitrophes reprennent, comme en latin, la notion de mer entre les terres ou de mer du milieu. Ainsi, en grec elle est appelée Mesogeios thalassa (Μεσόγειος Θάλασσα), soit la mer au Milieu des terres. En amazigh elle est appelée ilel Agrakal, (littéralement « mer d'entre terre »), ilel signifiant « mer » et agrakal provenant de (a)ger « entre » + akal « terre ».
  • Une autre appellation, certes moins courante, est l'appellation de mer blanche : en turc : Akdeniz et en arabe : البحر الأبيض المتوسط al-bahr al-Abyad al-muttawasit, « mer Blanche du milieu ».
  • Enfin, on trouve quelques appellations plus rares et marginales comme Mer romaine (arabe : بحر الروم).
  • les Grecs, depuis le VIe siècle av. J.-C., la surnommaient « la mer située en deçà des Colonnes d'Hercule ».
  • chez les Romains, Jules César la nomme Mare nostrum notre mer ») et Pline l'Ancien Mare internum mer intérieure »).
  • au VIe siècle de notre ère, l'évêque Isidore de Séville emploie pour la première fois le terme latin de « mare Mediterraneum ».
  • le nom propre « Méditerranée » apparaît au XIXe siècle[2]. Avec la découverte d'autres mers méditerranées, au sens géographique du terme, la mer Méditerranée désigne plus précisément la mer Méditerranée eurafricaine[3].

Histoire

Le bassin méditerranéen est riche d’une histoire complexe et ancienne. Elle est le berceau de la civilisation occidentale. L’Antiquité connaît un foisonnement de civilisations diverses comme les Égyptiens ou les Mésopotamiens. Puis, de grands empires prennent le contrôle des côtes de la mer Méditerranée. La Grèce, Carthage et Rome sont bien connus pour leur domination autour du bassin méditerranéen. Ils développèrent le commerce maritime et les guerres navales.

Venise reprend le flambeau progressivement, puis monte en puissance au XIVe siècle, lorsque la « Bourse du Rialto » facilite l'échange des parts de navires, le développement d'une flotte commerciale, et le quadruplement de la superficie de l'Arsenal de Venise, mené par les autorités de la ville. La rivalité avec Gênes, autre grande cité maritime, favorise aussi le commerce, avant que la découverte des Amériques ne déplace le centre de gravité commercial, très progressivement, plus à l'Ouest.

Géologie

Relief de la mer Méditerranée.
Carte tectonique de la Méditerranée.

La mer Méditerranée se divise en deux bassins bien individualisés, séparés par des hauts fonds situés entre la Sicile et la Tunisie : la Méditerranée occidentale[4] et la Méditerranée orientale[5], elles-mêmes nettement compartimentées. La première recouvre une superficie d’environ 0,85 million de kilomètres carrés tandis que la seconde recouvre environ 1,65 million de kilomètres carrés.

La Méditerranée se trouve à la limite entre deux plaques : les plaques africaine et eurasienne. Ces deux plaques se rapprochent à cause de la subduction de la lithosphère océanique de la Téthys, ce qui est à l'origine de collisions continentales. Cela explique la forte activité sismique dans cette région et le volcanisme (Vésuve, Etna, Stromboli, Santorin...).

Le fond de la Méditerranée occidentale est constitué d'une lithosphère océanique relativement récente, qui a commencé à se former au Miocène. La Méditerranée orientale est aussi constituée de lithosphère océanique mais d'âge plus ancien datant du Mésozoïque (de l'ère secondaire). C'est le vestige d'un ancien océan : la Téthys. Cette lithosphère océanique ancienne s'enfonce (subduction) sous l'Italie, la Sicile, la mer Égée, ce qui est à l'origine de la remontée du continent africain, mais aussi de l'étirement de la lithosphère dans la mer Égée et le bassin algéro-provençal et la mer Tyrrhénienne. Les séismes récents en Italie ont pour origine cet étirement de la croûte.

Histoire géologique

La mer Méditerranée est en partie le vestige d’un ancien domaine océanique que l’on nomme aujourd’hui la Téthys, qui était plus vaste que la mer Méditerranée actuelle. À partir du Crétacé, la Téthys s’est « refermée » progressivement par subduction, avec le rapprochement des continents africain et eurasiatique. Ce phénomène a entraîné la formation de chaînes de montagne, comme les Pyrénées, ou les Alpes. Durant l’Oligocène (il y a 30 millions d’années), la Méditerranée occidentale a subi une phase d’étirement qui a séparé la Corse et la Sardaigne du continent européen.

Il y a cinq millions d’années, le détroit de Gibraltar s’est refermé à la suite de l'élévation de son niveau par des mouvements sismiques, réduisant la mer Méditerranée à un lac très salé. On nomme cet épisode la crise de salinité messinienne. Des dépôts salins au fond de la mer produits durant un million d’années témoignent de ce phénomène. Près de 300 000 ans plus tard, une série de mouvements sismiques ont ouvert le barrage naturel du détroit[6]. Les scientifiques ont observé, à l'ouest du bassin oriental, un vaste dépôt de sédiments, d’apparence chaotique, au pied d’une falaise sous-marine appelée l'escarpement de Malte[7]. Ce dépôt témoigne d’une inondation gigantesque, datant du début du Pliocène, qui aurait rempli ce qui est la Méditerranée actuelle. Se déversant par le détroit de Gibraltar dès son ouverture, l’Atlantique a alimenté, en premier lieu, le bassin occidental avant de franchir le verrou au niveau de l’escarpement de Malte et de se jeter dans le bassin oriental par une cascade de 1,5 km de dénivelé en creusant au passage un immense canyon[8] sur le versant oriental de l'escarpement. Il aurait fallu entre quelques mois et quelques années pour que se déverse la quantité d’eau qui avait mis des centaines de milliers d’années à s’évaporer[9].

En s'inspirant de cet épisode, l'architecte allemand Herman Sörgel conçoit en 1928 le projet Atlantropa dans lequel la fermeture du détroit de Gibraltar par un barrage hydroélectrique aurait asséché une partie de la mer Méditerranée.

Les fonds marins de la mer Méditerranée se modifient encore aujourd’hui car les plaques africaine et eurasienne sont en contact. Leurs mouvements provoquent des séismes en Italie, Grèce, Turquie, Israël, France, et Algérie, et entretiennent une activité volcanique en Italie avec l’Etna, le Vésuve et le Stromboli.

Géographie

La Méditerranée est bordée par 21 pays situés sur 3 continents différents.

L'Organisation hydrographique internationale divise la mer Méditerranée en deux bassins dont les limites sont déterminées de la façon suivante[10] :

  • Bassin occidental (environ un tiers de la superficie) :
    • À l'ouest : Une ligne joignant le cap de Trafalgar (36° 10′ 52″ N, 6° 02′ 02″ O ) au cap Spartel (35° 47′ 31″ N, 5° 55′ 29″ O ).
    • Au nord-est : La côte ouest de l'Italie. Dans le détroit de Messine, une ligne joignant l'extrémité nord du cap Paci (38° 15′ 22″ N, 15° 42′ 51″ E ) au cap Peloro (38° 16′ 02,8″ N, 15° 39′ 11,71″ E ), l'extrémité est de la Sicile. La côte nord de la Sicile.
    • À l'est : Une ligne joignant le cap Boeo (37° 48′ 07″ N, 12° 25′ 28″ E ), à l'extrémité ouest de la Sicile, à travers l'Adventure Bank jusqu'au cap Bon, en Tunisie.
  • Bassin oriental (environ deux tiers de la superficie) :
    • À l'ouest : Dans le détroit de Messine une ligne joignant le cap Paci (38° 15′ 22″ N, 15° 42′ 52″ E ) au cap Peloro (38° 16′ 02,8″ N, 15° 39′ 11,71″ E ), l'extrémité est de la Sicile. Les côtes orientales et méridionales de la Sicile. Une ligne joignant le cap Boeo, à l'extrémité ouest de la Sicile, à travers l'Adventure Bank jusqu'au cap Bon, en Tunisie.
    • Au nord-est : une ligne joignant Kumkale (40° 00′ 31″ N, 26° 11′ 54″ E ) et le Mehmetçik Burnu (ex cap Helles) (40° 02′ 35″ N, 26° 10′ 31″ E ), l'entrée occidentale des Dardanelles.
    • Au sud-est : l'entrée du canal de Suez.
    • À l'est : les côtes de Syrie, du Liban, d'Israël et de Palestine.

La Méditerranée est reliée à l’océan Atlantique, par le détroit de Gibraltar et le canal du Midi, à l’ouest ; à la mer de Marmara et à la mer Noire, par les Dardanelles et le Bosphore, à l’est ; à la mer Rouge, par le canal de Suez, au sud-est. La mer de Marmara  mais pas la mer Noire  est parfois considérée (à tort) comme faisant partie de la Méditerranée. Il s'agit géographiquement d'une mer semi-fermée partagée par 23 États riverains même si certains États comme la Fédération de Russie utilisent une argumentation juridique pour refuser ce qualificatif, arguant du fait qu'il s'agit d'une mer très grande contenant beaucoup d'autres mers (comme la mer Adriatique à son tour semi-fermée) et utilisée pour la navigation internationale, comme s'il s'agissait d'un océan[11].

Le climat méditerranéen est caractérisé par un hiver humide et doux et par un été chaud et sec. Cependant, les inter saisons laissent place à une violence certaine du climat. Des pluies très importantes et très violentes s’abattent parfois alors que la terre asséchée par des périodes de sécheresse ne peut absorber ces précipitations (parfois équivalents à trois mois de pluie voire bien plus selon la latitude). Les inondations fréquentes en témoignent, comme à Vaison-la-Romaine en 1992 ou dans l’Aude en 1999.

Les marées sont de faible amplitude et l’évaporation (3 130 km3/an) y est plus importante que dans l’océan Atlantique, d’où un taux de salinité plus élevé et des températures d’eau plus chaudes qu’en Atlantique. Les précipitations (pluviométrie de 1 000 km3/an) et la quantité relativement faible d’eau apportée par les fleuves (apports fluviaux de 430 km3/an) qui s’y jettent sont largement insuffisantes pour combler cette évaporation. Les apports hydrologiques de la mer Noire (180 km3/an) et surtout de l’océan Atlantique (1 520 km3/an) permettent cependant de combler une partie du déficit d’environ 3 000 milliards de mètres cubes[12].

La mer Méditerranée, carte politique.

Îles méditerranéennes

Les principales îles de la Méditerranée, que ce soit par leur superficie, leur importance historique ou leur fréquentation touristique, sont :

Le tableau suivant recense par ordre décroissant de superficie les îles de plus de 400 km2.
#NomPaysSuperficie (km²)
+001,Sicile Italie+0025 709,
+002,Sardaigne Italie+0024 090,
+003,Chypre Chypre
Chypre du Nord
+0009 251,
+004,Corse France+0008 680,
+005,Crète Grèce+0008 261,
+006,Eubée Grèce+0003 655,
+007,Majorque Espagne+0003 625,
+008,Lesbos Grèce+0001 641,
+009,Rhodes Grèce+0001 410,
+010,Chios Grèce+0 000842,
+011,Céphalonie Grèce+0 000775,
+012,Minorque Espagne+0 000694,
+013,Corfou Grèce+0 000641,
+014,Ibiza Espagne+0 000572,
+015,Djerba Tunisie+0 000514,
+016,Lemnos Grèce+0 000478,
+017,Samos Grèce+0 000477,
+018,Naxos Grèce+0 000436,
+019,Krk Croatie+0 000405,
+020,Cres Croatie+0 000405,
+021,Zante Grèce+0 000402,
Vue d'Alger, depuis l'hôtel El Aurassi, plus grande agglomération de Méditerranée.

Pays côtiers

La mer Méditerranée est bordée par 21 États souverains officiellement reconnus (dont la principauté de Monaco), plus l’État Palestinien (Bande de Gaza) et Chypre du nord, au statut disputé, ainsi que Gibraltar, territoire britannique revendiqué par l'Espagne. On y parle entre 11 et 20 langues différentes selon si l'on prend en compte les nombreux dialectes (catalan, bosnien...). Ces langues sont de racines romane (français, espagnol, italien), hellénique (grec), slave (slovène, serbo-croate), balkanique (albanais), berbère (kabyle), sémitique (arabe, hébreu, maltais), et altaïque (turc).

Les États qui bordent la Méditerranée sont :

Pays Plus grande ville côtière Autres grandes villes côtières Langues parlées sur la côte
Albanie Durrës Albanais
Algérie Alger (capitale) Oran, Annaba, Béjaïa, Mostaganem, Skikda, Jijel, Tipaza, Collo, Ténès Arabe algérien, Chenoui, Kabyle...
Bosnie-Herzégovine Neum Serbo-croate
Chypre/ Chypre du Nord Limassol Larnaca Grec et Turc chypriotes
Croatie Split Rijeka Serbo-croate
Égypte Alexandrie Port-Saïd Arabe
Espagne Barcelone Alicante, Malaga, Carthagène, Palma, Valence, Tarragone, Badalona, Ceuta, Melilia Espagnol (castillan), Catalan
France Marseille Nice, Cannes, Toulon, Sète, Narbonne, Ajaccio Français
Grèce Athènes (capitale) Thessalonique, Patras, Héraklion Grec
Israël Tel Aviv-Jaffa Haïfa, Ashdod Hébreu, Yiddish, Arabe
Italie Naples Trieste, Venise, Ancône, Bari, Tarente, Catane, Palerme, Messine, Livourne, La Spezia, Gênes, Reggio de Calabre Italien et ses dialectes (napolitain, sarde, sicilien...)
Liban Beyrouth (capitale) Tripoli Arabe, Français
Libye Tripoli (capitale) Benghazi, Misrata, Khoms, Zaouïa Arabe, Berbère (Zouara)
Malte La Valette (capitale) Maltais, Anglais
Maroc Tanger Al Hoceima, Nador, Tétouan Arabe marocain, Berbère
Monaco Monaco Français
Monténégro Bar Serbo-croate
Palestine Gaza Arabe
Slovénie Koper (Capodistria) Slovène
Syrie Lattaquié Tartous Arabe
Tunisie Tunis (capitale) Ben Gardane, Bizerte, Djerba, Hammamet, Mahdia, Monastir, Nabeul, Sfax, Sousse, Zarzis Arabe tunisien, Berbère (Djerba)
Turquie Izmir Antalya, Mersin, Alexandrette Turc

Au niveau de ces pays, la Méditerranée est le lieu de processus accentués de littoralisation et d'urbanisation plus ou moins spontanées. Sur 30 ans, de 1970 à 2000, les populations côtières sont passées de 96 millions d’habitants à 145 millions, soit 51 % d’augmentation, dont 17,2 % pour la rive Nord et 84 % pour les rives Est et Sud. Sur la même période, la population urbaine côtière a progressé de 10 millions d’habitants sur la rive Nord et de 30 millions d’habitants sur les rives Sud et Est[13].

Subdivisions de la Méditerranée

La mer Méditerranée se divise en deux bassins bien séparés par des hauts-fonds entre la Sicile et la Tunisie. Chaque bassin est divisé en différents compartiments portant le nom de mers, bassins ou golfes, parfois eux-mêmes divisés en zones géographiques de taille inférieure :

Méditerranée occidentale

Méditerranée orientale

Plusieurs détroits relient ces différentes parties de la Méditerranée :

Quelques chiffres de géographie physique

  • Superficie : 2,51 millions de kilomètres carrés (soit 0,66 % de l’océan mondial) ;
  • Dimensions : 3 860 km de l'est à l'ouest et 1 600 km du nord au sud[14] ;
  • Périmètre : 46 000 km de littoral ;
  • Profondeur moyenne : 1 500 mètres
  • Profondeur maximale : 5 267 m[14]
  • Volume : 3,7 millions de kilomètres cubes ;
  • Marnage des marées : de 0 à m environ, 40 cm en moyenne[15] ;
  • Renouvellement de l'eau : environ 90 ans ;
  • Salinité moyenne : aux alentours de 3,8 % ;
  • Fleuves les plus importants : Rhône, Ebre, Chelif, Medjerda, Nil, Nahr Al Assi (Oronte), Büyük Menderes (Méandre), Aliakmon, , Adige.
  • Apport de la pêche : approximativement 2 % de la pêche mondiale.

Écologie

Biodiversité

La Méditerranée étant un des derniers vestiges océaniques de la Téthys, la plupart de ses espèces étaient pantropicales (espèces présentes dans toutes les mers chaudes du globe : récifs coralliens à porites, mangroves) avant la crise de salinité messinienne. La fermeture de la communication avec l'océan Indien il y a 14-18 Ma et l’assèchement de la Méditerranée durant cette crise messinienne il y a 5,96 à 5,33 Ma ont eu pour conséquence que le biotope marin de la mer Méditerranée est depuis lors principalement issu de l’océan Atlantique. L’Atlantique Nord est beaucoup plus froid et plus riche en aliments que la Méditerranée, et la vie marine méditerranéenne s'est adaptée à des conditions changeantes au cours des cinq millions d’années qui ont suivi son remplissage[16].

La Méditerranée représente 0,8 % de la surface de l’océan mondial et 8 à 9 % de la biodiversité marine (10 à 12 000 espèces). Le domaine continental de la Méditerranée représente 1,6 % de la surface des continents et 10 % de la biodiversité mondiale (notamment 20 000 plantes, dont 52 % d’endémiques). La faune et la flore méditerranéennes comportent environ 20-30 % d’endémiques, 3-10 % d’espèces pantropicales, 55-75 % d’espèces atlantiques et 5 % d’« espèces lessepsiennes »[13],[17]. Le taux d’endémisme y est de 18 % chez les crustacés et les poissons[18], 48 % chez les spongiaires, 20 % chez les algues, 50 % chez les ascidies, si bien que la Méditerranée occupe la deuxième place mondiale en termes de richesse d’espèces endémiques[19]. Toutefois, 21% d'entre elles sont classées vulnérables, et 11% en voie de disparition[20].

La Méditerranée est cependant une mer relativement pauvre en termes de biomasse, notamment dans sa partie orientale en raison d'une limitation en phosphates qui réduit le développement du phytoplancton[21].

Les « espèces-phares » de Méditerranée sont les mérous (notamment Epinephelus marginatus, mais aussi Mycteroperca rubra, Epinephelus costae, Epinephelus caninus et Epinephelus aeneus), le corail rouge (et quelques autres gorgones[22] et coraux abyssaux), la grande nacre, plusieurs espèces de requins et raies, le phoque moine de Méditerranée, les tortues caouanne et verte, les cétacés (rorqual commun, cachalot, orque, baleine à bec de Cuvier, dauphin de Risso, Marsouin commun, globicéphale noir, dauphin commun, dauphin à bec étroit, Dauphin bleu et blanc, grand dauphin), et certains oiseaux marins comme le balbuzard pêcheur ou le puffin yelkouan[23]. De nombreux invertébrés bénéficient aussi d'un grand succès populaire, notamment les nudibranches.

Les populations de vertébrés en Méditerranée ont baissé de 20% entre 1993 et 2016, pour des raisons diverses : surpêche, prolifération des barrages, surconsommation d’eau, pesticides et changement climatique[24],[25].

État de la mer Méditerranée

La mer Méditerranée est plus salée et plus pauvre en nutriments que l’océan Atlantique, en particulier à cause du détroit de Gibraltar qui bloque les grands courants de l’Atlantique. En raison de l’aridité du climat et de l’effet des vents, l’évaporation est plus importante que les apports des pluies et des fleuves, ce qui concentre la teneur en sel ; un équilibre est globalement préservé grâce à deux écoulements contraires au niveau de Gibraltar : un flux d'eau Atlantique entrant en surface et un flux d’eau salée sortant en profondeur[26].

Le percement du canal de Suez en 1869 a créé le premier passage d’eau de mer entre la mer Méditerranée et la mer Rouge. Cette dernière étant plus haute que la partie orientale de la Méditerranée, le canal forma un fleuve d’eau salée de la mer Rouge dans la Méditerranée. Traversé par le canal, le Grand Lac Amer (très salé avant le percement) a bloqué la migration des espèces de la mer Rouge vers la Méditerranée pendant plusieurs décennies. Progressivement, la salinité de ce lac s’est égalisée avec celle de la mer Rouge, la barrière migratoire s’est levée, et les plantes et les animaux de la mer Rouge ont commencé à coloniser la Méditerranée orientale.

Les espèces animales et végétales de la mer Rouge prennent l’avantage sur les espèces de l’océan Atlantique dans l’environnement méditerranéen oriental salé et pauvre en aliments. La construction du barrage d'Assouan sur le Nil dans les années 1960 a réduit l’apport d’eau douce riche en nutriments dans la Méditerranée orientale, ce qui rend l’environnement de la Méditerranée proche de celui de la mer Rouge. Cet échange d’« espèces lessepsiennes » ou « érythréennes » (du grec eruthros signifiant « rouge ») est connu sous le nom de migration de Lesseps, d’après Ferdinand de Lesseps, l’ingénieur qui a surveillé la construction du canal. Ces espèces s'installent principalement dans le bassin oriental et s'y acclimatent, si bien que 15 % des poissons de la Méditerranée orientale sont exotiques en 2007 (en Turquie elles représentent 43 % des ressources halieutiques ; au Liban, 72 % des poissons sont des Siganus rivulatus[27]). Certaines migrent dans le bassin occidental (Siganus luridus, Fistularia commersoni).

En 2008, 560 espèces exotiques (une majorité de poissons, arthropodes et mollusques) ont été recensées en Méditerranée. Leurs voies d'arrivée sont le détroit de Suez, le détroit de Gibraltar et la voie anthropique (notamment l'aquaculture, les eaux de ballasts ou le fouling). 220 proviennent du bassin indo-pacifique, 100 de l'océan Indien, 58 de la mer Rouge, 34 de l'océan Atlantique[28].

Les menaces pesant sur cette mer quasi-fermée sont nombreuses : en plus d'être la première destination touristique au monde (343 millions de touristes en 2014), 150 millions d'humains habitent le long de son littoral, dont plus de la moitié ne disposent pas de système de traitement des ordures et eaux usées. Plus de 85% des ressources halieutiques sont en état de surexploitation. En plus des pollutions plastiques, chimiques et organiques, la Méditerranée voit aussi passer 18% du trafic pétrolier mondial et a déjà connu plusieurs marées noires[23].

Protection

En 1976, les 21 pays qui bordent cette mer ont ratifié la Convention pour la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée[29] (aussi appelée « Convention de Barcelone ») visant à prévenir et réduire la pollution marine en mer Méditerranée et assurer le développement durable des socio-écosystèmes qui en dépendent. Elle constitue le cadre juridique du Plan d'action pour la Méditerranée (approuvé en 1975), élaboré dans le cadre du Programme pour les mers régionales du Programme des Nations unies pour l'environnement[30], et a notamment défini de nouvelles « Aires spécialement protégées d’importance méditerranéenne » (ASPIM)[23]. En 1993, les parties contractantes réunies à Catane pour la COP13 ont adopté le Programme d'Action Stratégique pour la conservation de la diversité biologique dans la région méditerranéenne (PAS BIO) en vue de faire face aux différentes menaces auxquelles est soumise la biodiversité marine et côtière en Méditerranée.

Au niveau mondial, la protection de la nature en Méditerranée est également encadrée par la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS ou Convention de Bonn) depuis 1979, la Convention sur la diversité biologique (CBD) depuis 2010, et depuis 2015 les Objectifs de développement durable de l'Organisation des Nations unies (UN SDG).

L'ONU est également à l'origine du Programme d’évaluation et de maîtrise de la pollution dans la région méditerranéenne (MED POL), du Centre régional méditerranéen pour l’intervention d’urgence contre la pollution marine accidentelle (REMPEC), du Centre d’Activités Régionales du Plan Bleu (CAR/PB), du Centre d’Activités Régionales du Programme d’Actions Prioritaires (CAR/PAP), du Centre d’Activités Régionales pour la Consommation et la Production Durables (CAR/CPD), et du Centre d’Activités Régionales pour l’Information et la Communication (CAR/INFO)[23].

Au niveau du bassin méditerranéen, la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM, en anglais General Fisheries Commission for the Mediterranean, GFCM-FAO) est créée dès 1949, mais l'événement phare demeure la Convention de Barcelone déjà citée en 1976.

Concernant plus spécifiquement les cétacés, il existe depuis 1996 un Accord sur la conservation des cétacés de la mer Noire, de la Méditerranée et de la zone Atlantique adjacente, entré en vigueur le . Cet accord s'articule avec le Sanctuaire Pelagos, créé autour de la Corse en vue d'y protéger les importantes populations de cétacés qui y résident ou migrent[23]. L'Union pour la Méditerranée est également fondée en 2008, comportant à la fois l'Union Européenne dans son ensemble et tous les pays riverains de la Méditerranée. En mars 2021 est fondé un « Consortium méditerranéen pour la biodiversité », qui regroupe le MedPAN, l'Initiative MedWet (équivalent de MedPAN pour les zones humides), la Tour du Valat, l’Association internationale des forêts méditerranéennes et le Centre de coopération pour la Méditerranée de l’UICN, avec le partenariat de l'Agence française de développement et du Fonds français pour l'environnement mondial[20].

Au niveau européen, l'un des premiers efforts coordonnés notables en matière de protection de la vie marine fut la première Politique commune de la pêche (PCP) de 1970. Mais en matière de conservation de la nature, il faut attendre la Convention de Berne (« Convention du Conseil de l’Europe relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe ») signée en 1979, premier traité international visant à protéger aussi bien les espèces que les habitats, et qui a été signée par 50 pays dont tous ceux de l'Union Européenne et plusieurs pays proches et africains[31]. Elle a été suivie par La Directive « Oiseaux » (adoptée en 1979, remplacée en 2009) et la Directive « Habitats » (adoptée en 1995), instaurant des zones de protection devenues le réseau des sites Natura 2000, intégrant depuis 2008 des sites « Natura 2000 en mer ». Toujours en 2008, l'Europe adopte une Directive-cadre Stratégie pour le milieu marin définissant un « bon état écologique » comme objectif à atteindre pour les eaux communautaires (selon, donc, une approche écosystémique). La Directive-cadre sur l'eau, adoptée en 2000, possède également un volet maritime[23].

La Méditerranée comporte aujourd'hui environ 1 215 Aires Marines Protégées (AMP) et Autres Mesures Spatiales de Conservation (AMSC), représentant 17 362 km2, ce qui correspond à 6,81 % de la Méditerranée - mais seulement 0,04 % est strictement interdit à la pêche[32]. Le réseau méditerranéen des AMP est animé par MedPAN, organisation non-gouvernementale basée à Marseille[33]. Selon l’objectif 11 d’Aichi (adopté à la Convention sur la diversité biologique en octobre 2010), le but est d'arriver à au moins 10 % de la Méditerranée avec un statut de protection significatif et un plan de gestion[23]. Il existe également d’« autres mesures de conservation efficace par zone » (AMCE), introduites en 2010 par la Convention pour la Diversité Biologique, et comprenant notamment les Zones de restriction de pêche (FRA) et les Zones maritimes particulièrement vulnérables (PSSA).

La protection des espèces en Méditerranée dépend des législations nationales ; en France, tous les mammifères marins (phoque et cétacés) et tortues sont protégés, ainsi que des espèces ponctuelles comme les mérous, la cigale de mer, la datte de mer, l'oursin-diadème, la posidonie, la grande nacre, et la patelle géante. D'autres font l'objet d'une réglementation, comme l'oursin violet, la plupart des coraux et gorgones (en particulier le corail rouge), les éponges (comme Aplysina aerophoba), la plupart des requins, certaines raies (comme Gymnura altavela) certains gros coquillages (comme le triton ou l'ormeau), les hippocampes, et tous les poissons en dessous de la taille minimale de collecte.

Prospective

Le dérèglement climatique pourrait avoir des effets exacerbés sur la zone biogéographique méditerranéenne qui abrite un grand nombre de hot-spots de biodiversité. Ils entraînent en effet une augmentation de la température de surface de la mer et entraînent une méridionalisation voire une tropicalisation de la Méditerranée : les espèces végétales et animales d’affinité méridionale sont favorisées aux dépens des espèces septentrionales[34].

La Méditerranée est la victime de pressions diverses : la poursuite de la surpêche favorise la gélification de cette mer due à la pullulation de méduses ; contaminants chimiques, comme les métaux lourds et les pesticides, dont certaines molécules, quoiqu'elles soient interdites, résident dans le lit des fleuves et sont périodiquement relarguées à l'occasion des épisodes de crues ; développement des macro-déchets et, plus encore, des micro-déchets plastiques, qui font courir un risque de « polymérisation » au bassin méditerranéen.

Anticiper les effets du changement climatique sur l’eau, l’agriculture, le tourisme, la pêche, l’énergie, le transport et l’urbanisme et l’environnement et la santé (zoonoses, épidémies, maladies émergentes) dans cette zone est une priorité croissante pour les élus et habitants de cette région déjà très dégradée par les feux de forêts et les sécheresses[35].

Économie

La Méditerranée vue depuis Menton.

Le bassin méditerranéen concentre 150 millions d’habitants et attire quelque 200 millions de visiteurs chaque année[36]. 20 % des pétroliers, 30 % des navires marchands du monde circulent en Méditerranée, pour un trafic total de 120 000 bateaux[36].

Le secteur de la pêche primaire (emplois à bord des bateaux de pêche) représente près d'un quart de million d'emplois en Méditerranée. La pêche artisanale représente 60 % de ces emplois et 80 % (67 000 navires) de la flotte totale[37].

Ce secteur est cependant menacé par la surpêche. Les lacunes en matière de réglementation de la pêche, la non application des recommandations de la Commission générale des Pêches pour la Méditerranée, la surexploitation des ressources halieutiques et l'utilisation de certains modes d'exploitation néfastes entraînent en effet le déclin des stocks dont 4 % à peine atteignent le rendement maximum durable. La Commission européenne estime qu'en 2016, à « l’ouest, entre les côtes espagnoles et la mer Tyrrhénienne, 96 % des stocks sont surexploités. Les pêcheurs européens attrapent en moyenne six fois plus de merlu, de rouget, de merlan bleu ou de baudroie qu’il faudrait pour que ces espèces aient une chance de se reproduire et de se maintenir durablement. A l’est, autour de la Crète et de Chypre, 91 % des populations de poissons sont pressurées au-delà du raisonnable. Le pire étant les zones centrales, où se retrouvent les bateaux de pêche de tous les pays riverains »[38]. Pour les anchois et sardines menacées de disparition, d'autres facteurs que la pression de pêche sont avancés : les changements environnementaux comme la température de la mer ou la pollution semblent modifier le plancton qui serait constitué d’espèces moins énergétiques, ce qui affecterait les populations de sardines et d’anchois[39].

Sport

Les Jeux méditerranéens, qui se déroulent tous les quatre ans, sont une compétition multisports où se rencontrent des sportifs des pays du bassin méditerranéen.

Tourisme

Affiche publicitaire « Belle Époque » de David Dellepiane (1866-1932) pour la Côte d'Azur.
Agay, un village balnéaire de la Côte d'Azur.

Une première forme de tourisme culturel, le Grand Tour, se développe sur les bords de la Méditerranée au XVIIIe siècle. Des jeunes aristocrates d'Europe du Nord visitent l'Italie, parfois la Grèce et le Proche-Orient ottomans, pour s'imprégner de la culture classique grecque, romaine, et italienne et se faire une place au sein de l'élite culturelle, diplomatique ou commerciale européenne.

Au XIXe siècle, la bonne société européenne ne cherchait pas la chaleur et le soleil pour ses loisirs, préférant se déplacer sur des stations balnéaires de la côte atlantique, de la Manche ou de la Baltique dès le début de l'été, mais pas en Méditerranée. C'est à la même époque que naît le tourisme en Angleterre, où la population est déjà très urbanisée et invente la notion de vacances : les Anglais sont ainsi les premiers à fréquenter les bords de la Méditerranée, dont ils apprécient les hivers doux et ensoleillés, donnant naissance à de nombreux palaces (en particulier à Nice, la promenade des Anglais en est un exemple), et à ce qui deviendra la Côte d'Azur, ou en anglais la « French Riviera ». Les oligarques russes leur emboîtent rapidement le pas, notamment à Nice et Cannes. Cette première vague touristique est à la fois aristocratique et surtout hivernale : à cette époque, « bronzer, c'était prendre le risque de régresser socialement et racialement » affirme l'anthropologue Jean-Didier Urbain. En effet, c'étaient les couches les plus pauvres de la population  paysans, ouvriers…  qui travaillaient au soleil ; la peau claire constituait donc un marqueur social, obligeant les couches aisées à se protéger du soleil pour conserver cette distinction sociale[40].

La première description d'un bain de soleil comme plaisir bourgeois date ainsi seulement de 1902, dans L'Immoraliste d'André Gide et Coco Chanel fait scandale en 1927 en prenant le soleil sur la Côte d'Azur, alors que l'écrivain Théo Varlet crée le nudisme en 1905. La mode du bronzage n'arrivera qu'avec l'entre-deux-guerres, sous l'impulsion de Coco Chanel et Joséphine Baker[41], contribuant à développer un tourisme estival sur ces côtes[42]. Le tourisme méditerranéen, encore privilégié, se développe à partir de cette période. Jean-Didier Urbain poursuit : « Longtemps, la fréquentation de la Méditerranée s'est faite autour de trois usages. Il y avait l'aspect sanitaire, avec les stations balnéaires, de la côte espagnole à la Riviera italienne. Puis, dans le croissant allant des côtes adriatiques à l'Égypte, une imbrication entre découverte des racines de notre civilisation et une Méditerranée des loisirs dont le principal attrait était le tourisme sexuel »[40].

En France, pays rural en comparaison de l'Angleterre, c'est avec les congés payés de 1936 et surtout la société de consommation des Trente Glorieuses que le tourisme méditerranéen se développe et se démocratise, donnant naissance au camping et à la fréquentation populaire des villes du Sud de la France. En 1950, l'entrepreneur belge Gérard Blitz crée le Club Méditerranée, des camps de vacances (d'abord sur l'île de Majorque, en Espagne[43], puis en Italie, en Grèce, en Tunisie, etc.). « Le coup de génie de Blitz, c'est la création d'un concept de vacances qui n'a strictement rien à faire de l'endroit où l'on s'implante du moment qu'il y a le sable, le soleil et la mer. Un endroit où l'on est heureux ensemble : sur ces côtes méditerranéennes, on crée une Polynésie fantasme, avec paréos, paillotes et monnaie propre. On ne vient plus là pour découvrir le monde mais pour l'oublier » conclut Jean-Didier Urbain[40]. Avec l'apparition des boîtes de nuit, certains endroits se voient dédiés à la fête estivale, comme l'île d'Ibiza.

Depuis, la région accueille un nombre toujours croissant de voyageurs : le nombre de touristes internationaux représente plus de 310 millions en 2015, soit 28 % du tourisme mondial[44]. De 2000 à 2020, la France, l'Espagne et l'Italie sont leaders mais la Turquie et l'Égypte devraient tripler, voire quadrupler leur nombre de visiteurs..

Sur 5,7 % des terres émergées, le bassin méditerranéen concentre un tiers du tourisme mondial (275 millions de visiteurs selon les chiffres du World Travel and Tourism Council (en)). « Ces flux touristiques génèrent plusieurs types de pression sur l’environnement : un urbanisme littoral démesuré au regard des besoins des populations résidentes ; l’augmentation des tensions sur l’utilisation de l’eau qui résulte d’habitudes de consommation très spécifiques (golfs, piscines, usage individuel moins restreint que celui des populations locales), mais aussi de la coïncidence des afflux touristiques avec les périodes d’étiage »[13].

Migration

Depuis le début de la crise migratoire, dans les années 2010, de plus en plus de migrants et réfugiés parviennent en Europe en traversant la Méditerranée, en raison d'un contrôle toujours plus grand des routes de migration terrestres par l’UE (Frontex). Ces traversées maritimes sur des embarcations de fortune surpeuplées sont bien souvent très périlleuses, et ont conduit à la mort de plusieurs milliers de personnes. En 2017, 172 301 migrants ont traversé la Méditerranée pour rejoindre l'Europe. En 2018, ce nombre est tombé à 113 482 personnes, soit une diminution de 34 %[45].

L’OIM, organisation liée aux Nations Unies et spécialisée dans les défis de la gestion des flux migratoires, recense chaque année le nombre de noyés parmi les migrants et réfugiés tentant d’entrer en Europe par voie maritime. Au , elle a enregistré 3 632 décès en mer depuis le début de l’année[46]. Avec ce chiffre, 2016 risque donc de battre le funeste record que l’OIM avait attribué à l’année 2015 en la déclarant l’année la plus meurtrière de l’histoire pour les migrants et réfugiés ayant traversé la Méditerranée (3 711 décès en 2015, 3279 en 2014)[47].

Des organisations internationales comme Amnesty International déplorent « l’indifférence » de l’Europe face à cette tragédie, et du décalage entre les moyens consacrés à la protection des frontières externes (qui s’élèvent à deux milliards d’euros en 2012) et ceux destinés à l’accueil des requérants d’asile et réfugiés (700 millions d’euros pour la même année, soit trois fois moins)[48],[49].

Menaces à long terme

Le pourtour méditerranéen, qui se démarque par le nombre de phénomènes climatiques extrêmes qui s'y produisent (sécheresses, inondations torrentielles, vents violents catabatiques, canicules, incendies de forêts, cyclones subtropicaux méditerranéens, tornades, mais aussi avalanches et fortes intempéries neigeuses), voit sa population fortement augmenter dans les zones urbaines très densément peuplées, ces dernières se trouvant toutes situées au bord de la mer. L'augmentation et l'intensification de ces phénomènes atmosphériques, associée à la hausse du niveau de la mer, et aux risques géologiques déjà extrêmes (zone sismique très importante à proximité de grandes métropoles, menace du Vésuve, et risque de tsunami très important), les risques sanitaires avec l'arrivée de maladies venues des régions tropicales (paludisme, dengue, chikungunya) et de nouvelles espèces animales et végétales problématiques (moustique-tigre, nouvelles espèces de poissons, invasion d'algues vertes Caulerpa taxifolia), ainsi que la géopolitique très instable qui règne dans le Sud du bassin (Printemps arabe, vague d'immigration, guerre civile syrienne, conflit israélo-palestinien, etc.) rendent la situation particulièrement alarmante pour le futur de cette région.

Pollution

En 2018, alors que la mer Méditerranée représente seulement 1 % des eaux marines mondiales, elle compte 7 % de tous les microplastiques (fragments de moins de mm), qui atteignent un niveau record de concentration : 1,25 million de fragments par km². L’Europe rejette chaque année en mer 500 000 tonnes de macroplastiques et 130 000 tonnes de microplastiques, en raison d'une production et une consommation excessives et d'une mauvaise gestion des déchets. Cette concentration de matière plastique peut constituer une menace pour la biodiversité et atteint également la santé humaine[50].

La densité des déchets présents dans la Méditerranée est passée de 100 déchets par km2 dans les années 1990 à 200 par km2 dans les années 2010[51]. Chaque année, 11 200 tonnes de déchets plastique français sont déversés dans la Méditerranée[52]. Une pollution qui ne cesse de s'accroître et qui touche particulièrement la côte marseillaise et le nord de la Corse[53].

Réchauffement

Depuis la fin du XIXe siècle (ère préindustrielle), la mer bleue s'est réchauffée de près de 1,5 °C, soit 20 % plus rapidement que la moyenne mondiale. Ces changements affectent les espèces, les écosystèmes et la biodiversité, à l'image de la prolifération des méduses dans la zone[54].

Notes et références

  1. Selon Isidore de Séville au VIIe siècle.
  2. Anne Ruel, L'invention de la Méditerranée, Vingtième Siècle, Revue d'histoire, no 32, octobre-décembre 1991, p. 7-14.
  3. Jean-Baptiste Arrault, A propos du concept de Méditerranée. Expérience géographique du monde et mondialisation, Revue européenne de géographie, 2006.
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  5. La Méditerranée orientale : subduction égéenne et héritage téthysien, Géodynamique méditerranéenne (Dossier), Géochronique, no 149, co-édition Société géologique de France, Bureau de Recherches Géologiques et Minières, mars 2019, p. 37-54.
  6. « bulletin électronique ambassade de France espagne », .
  7. Falaise sous-marine qui s’étend sur 250 km au sud de la côte orientale de Sicile vers la côte orientale de l’archipel maltais. Par endroits, cette falaise atteint une hauteur de 3,5 km avec un gradient de 45°, ce qui en fait l’un des fonds marins les plus vastes et le plus escarpés de la planète.
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Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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  • sous la direction de Dionigi Albera, Maryline Crivello et Mohamed Tozy, en collaboration avec Gisèle Seimandi, Dictionnaire de la méditerranée, Arles, Actes sud, , 1694 p. (ISBN 978-2-330-06466-2)
  • Alain Blondy, Le monde méditerranéen 15 000 ans d'histoire, Paris, Perrin, 2018. (ISBN 978-2-262-06556-0)

Liens externes

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