Célestine Aboulker

Célestine Aboulker, artiste-peintre et femme de lettres, est née à Alger en 1874 et morte en 1954 à Enghien-les-Bains.

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Biographie

Son père, le docteur Moïse Aboulker (1843-1878[2]), dont elle est la fille unique[3], meurt quelques années après sa naissance. Fils de Samuel Aboulker, juge rabbinique[4], il avait été le premier juif d’Algérie à entreprendre des études de médecine à Paris. En 1867, Moïse Aboulker[5] obtient la citoyenneté française au titre du sénatus-consulte du 14 juillet 1865, trois ans avant le décret Crémieux.

Sa mère, Adélaïde Azoubib (1850-1924), est issue d’une lignée de rabbins et de poètes. Femme lettrée[6] à une époque où les juives algériennes l’étaient encore rarement, elle a rédigé des commentaires poétiques de la Bible[7], illustrés par sa fille et publiés à Paris[8].

Devenue veuve en 1878, Adélaïde Azoubib épouse en secondes noces Mardochée Bénichou[9] (1846-1907), premier adjoint au maire d’Oran. De cette seconde union naitront Berthe (1887-1942) et Raymond Bénichou (1890-1955). Célestine grandit dans un milieu traditionnel, mais liberté lui est laissée d’apprendre la peinture.

Adélaïde Mazeltov Azoubib et son second époux, Mardochée Bénichou, font partie des grandes familles juives d'Oran, où ils résident dans une villa renommée du fait de sa construction avec sa propre synagogue, dite "Villa Bénichou"[10].

En 1898, Célestine Aboulker épouse Jules Harburger (1870-1959), avocat au Barreau d’Oran. Ils ont deux fils : Adrien, qui sera médecin et meurt en 1927 du tétanos contracté dans son hôpital, et Francis Harburger, qui deviendra peintre et Secrétaire général du Salon des Indépendants à Paris. En 1929, après le décès de son fils aîné, Célestine s’installe à Paris.

En 1940, menacée par les lois du régime de Vichy, elle retourne vivre en Algérie durant la Seconde guerre mondiale. Son appartement parisien est pillé. Toute sa production artistique et sa collection (Girodet, André Suréda, Maxime Noiré, et autres peintres orientalistes) sont volées. La famille revient en Métropole en 1945. Célestine et son mari s'installent à Enghien-les-Bains.

Œuvre

En Algérie comme à Paris, Célestine écrit et peint[11]. En règle générale, elle signe ses oeuvres de son nom de jeune fille, Célestine Aboulker ou C.A.

Elle laisse une œuvre poétique inédite. Elle a également écrit et illustré des contes pour enfants inspirés de la Bible, qui restent à ce jour inédits (Les Belles histoires de la Bible, illustré de 13 aquarelles).

Son œuvre picturale est surtout d'inspiration biblique et orientaliste. Les titres de ses oeuvres en témoignent : Le songe de Jacob, Que tes tentes sont belles, ö Jacob, L'enlèvement d'Elie, Repas des Anges chez Abraham, David berger, Rebecca au puits,.... Jacques Biélinki estime que Célestine Aboulker symbolise «le réveil chez les artistes juifs de Paris, de l'intérêt pour les sujets bibliques. Les scènes bibliques attiraient surtout jusque là les peintres chrétiens.[12]»

Les sujets de la Bible, - mine inépuisable pour les peintres juifs - ont captivé Célestine Aboulker, qui, issue d'une vieille famille juive d'Algérie, fournit […] une manière d'orientalisme direct et vécu qui n'a rien de commun avec les oripeaux somptueux consacrés par la «tradition» orientaliste romantique. En contemplant les tableaux de C. Aboulker, c'est la Bible qui virtuellement, se meut dans son imagination, et c'est pourquoi ses scènes n'ont rien de pompeux ni de conventionnel. Les figures sont humaines, naturelles, les gestes sont simples, gracieux, parfois émouvants. Le songe de Jacob offre une féérie lumineuse qui se déroule dans un paysage des «Mille et une nuits». «Que tes tentes sont belles, ö Jacob !» paroles bibliques fournissent à l'artiste le sujet d'une idyllique composition […] associant dans une fraternité de légende les anges, les êtres humains, les animaux et les palmiers.

Elle utilise plusieurs technique de l'art pictural, dessin, fusain, aquarelle, gouache et peinture à l'huile. Elle illustre plusieurs ouvrages et expose régulièrement des toiles dans divers Salons.

Son œuvre d'avant-guerre est connue par des articles[12], quelques publications[13] et par des images issues d'archives familiales et de fonds photographiques.

Après la guerre, elle exécute quinze aquarelles illustrant le Cantique des Cantiques[14]. Elle continue à peindre de nombreuses aquarelles et des tableaux (portraits, natures mortes, paysages)

Expositions

Célestine Aboulker expose dans plusieurs Salons, notamment Salon d'Automne[15], Salon des Indépendants, et Salon des artistes orientalistes algériens[16].

En 1984, une exposition au Centre Rachi[17] (aujourd'hui Centre universitaire d'études juives) à Paris lui rend hommage.

Musées

La plupart des œuvres de Célestine Aboulker se trouvent dans des collections privées. Quelques-unes ont trouvé place dans des musées.

Paris

Le Musée d’art et d’histoire du judaïsme (MAHJ)

Israël

Ein Harod - Mishkan Museum of Art

Bibliographie

Jeanine Gdalia, Annie Goldman, «Le Judaïsme au féminin[6]», Paris, Balland, 1989, « Aboulker Célestine », p. 16.

Michèle Bitton, «Présences féminines juives en France», Cent itinéraires, 2M éditions, 2002, p.159[3]

Edouard Roditi, « Les peintres », dans Juifs d’Algérie. Textes et images, Paris, éd. du Scribe, 1987, pp. 264-272.

Sylvie Harburger, «Le peintre Francis Harburger, sa famille et l'Algérie» revue CGJ[5]

Notes et références

  1. Relevé généalogique sur Geneanet
  2. « Portrait de Moïse Aboulker », sur www.mahj.org (consulté le )
  3. Michèle Bitton, Présences féminines juives en France, XIXe-XXe siècles : Cent itinéraires, Maury Millau, 2M éditions, , 276 p. (ISBN 2-9518871-0-8), p. 159-160
  4. « Portrait du rabbin-dayan Samuel Aboulker, d'Alger (1815-1890) », sur mahj.org (consulté le )
  5. Sylvie Harburger, « Le peintre Francis Harburger, sa famille et l'Algérie », Genealo J, (lire en ligne)
  6. Janine Gdalia, Annie Goldmann, Le Judaïsme au féminin, Paris, Balland, , 303 p. (ISBN 2-7158-0762-7), p. 16
  7. « En méditant les livres saints », L'Univers israélite, (lire en ligne)
  8. Adélaïde Bénichou-Azoubib, En méditant les livres saints, Paris, R. Chiberre, , 106 p.
  9. Michel Zaffran, « Mardochée Bénichou », sur geneanet.org, (consulté le )
  10. Valérie Assan, « Les synagogues dans l'Algérie coloniale du XIXe siècle », Archives Juives, vol. 37, , p. 75 (DOI 10.3917/aj.371.0070, lire en ligne)
  11. Henri Chemouilli, Une diaspora méconnue : Les Juifs d'Algérie, Paris, imp-paris publications, , 327 p. (EAN 2000062931418), p. 55
  12. Jacques Bielinky (ill. Célestine Aboulker), « La Bible interprétée par Célestine Aboulker », Bulletin de la fédération des sociétés juives d'Algérie, , p. 10-11-12 (lire en ligne)
  13. Adelaïde Azoubib (ill. Célestine Aboulker), En méditant les livres saints, Paris, R. Chiberre,,
  14. Le Cantique des cantiques (trad. Dhorme, ill. Célestine Aboulker), Sceau,
  15. Pierre Sanchez, Dictionnaire du Salon d'Automne 1903-1945, t. Tome second, L'Echelle de Jacob, (ISBN 2-913224-67-9), p. 658
  16. Elisabeth Casenave, Les artistes de l'Algérie : Dictionnaire des peintres, sculpteurs, graveurs 1830-1962, Maxeville, Bernard Giovanangeli, , 448 p. (ISBN 2-909034-27-5), p. 438
  17. Les cahiers de l'Alliance israélite universelle : numéros 198 à 209, Paris, p. 51

Liens externes

Articles connexes

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