Bouclier de Doura Europos

Le « bouclier » de Doura Europos est une représentation cartographique d'époque romaine, rédigée en grec et datant de la fin du IIe siècle ou du début du IIIe siècle de notre ère. Elle a été retrouvée par Franz Cumont en 1923 lors des fouilles archéologiques de Doura Europos. La région représentée concerne essentiellement le Pont-Euxin (actuelle Mer Noire). La mer est représentée très schématiquement. Plus qu'un itinéraire, la carte illustre un périple.

Le Bouclier de Doura Europos.
Site de Doura Europos sur l'Euphrate

Le document est conservé au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France (Suppl GR 1354(2) V).

Le fragment est considéré comme la plus ancienne carte d'une partie de l'Europe originale[1]. C'est la seule carte datant de l'Antiquité originale[2].

Description

Le fragment de carte conservé est de 45 cm × 18 cm. Cumont a supposé que la carte avait à l'origine une largeur de 65 cm[3]. La représentation est divisée en deux parties par une ligne blanche semi-circulaire. Cette ligne grossièrement tracée représente le littoral de la côte ouest et nord de la mer Noire. Sur le côté gauche de la côte, la haute mer est représentée en bleu, trois navires étant conservés sur le fragment. À droite de la côte, la terre est représentée en rougeâtre. Douze endroits de la région de la mer Noire sont nommés sur la carte, les noms latins étant utilisés, mais transcrits en grec. À droite de chaque nom de lieu, les distances ont été notées en milles romains, comparable à l'Itinerarium Antonini. Les lieux eux-mêmes ont été représentés symboliquement, le dessinateur utilisant le même symbole  un bâtiment avec un toit à pignon  pour tous les lieux.

Il est très probable que les lieux mentionnés soient des étapes d'une marche de la 20e cohorte des Palmyrénéens (Cohors XX Palmyrenorum), une unité auxiliaire. Deux lignes bleues sous les noms « Ἰστρος, ποτ(αμός) » (Histria) et « Δάνουβις ποτ(αμός) » (Danube) suggèrent des rivières qui ont été traversées pendant la marche.

Importance

Après sa découverte par Cumont en 1923, la carte a été rapidement oubliée. Dans sa publication de 2004 sur les armes et l'équipement militaire de Doura-Europos, Simon James mentionne la carte, mais met en doute que le fragment ait fait partie d'un bouclier romain[4]. Ansgar Nabbefeld reprend la carte en 2008[2]. Outre son importance pour l'histoire de la cartographie antique, la carte est également importante pour l'histoire militaire, car elle prouve que des unités militaires romaines étaient présentes dans le sud de la Russie d'aujourd'hui jusqu'à l'invasion des Goths après 260 après J.-C. et que la ville d'Artaxata (aujourd'hui Feodossija) devait encore être sous contrôle romain à cette époque.

Annexes

Références

  1. (en) Joseph J. Kerski Ph.D, Interpreting Our World : 100 Discoveries That Revolutionized Geography : 100 Discoveries That Revolutionized Geography, ABC-CLIO, , 386 p. (ISBN 978-1-61069-920-4, lire en ligne), xxviii
  2. (de) Ansgar Nabbefeld, Römische Schilde : Studien zu Funden und bildlichen Überlieferungen vom Ende der Republik bis in die späte Kaiserzeit, Rahden/ Westf., VML, Verlag Marie Leidorf, (ISBN 978-3-89646-138-4, lire en ligne), p. 41
  3. Franz Cumont, « Fragment de bouclier portant une liste d'étapes », Syria. Archéologie, Art et histoire, vol. 6, no 1, , p. 1–15 (DOI 10.3406/syria.1925.3095, lire en ligne, consulté le )
  4. Simon James: The Arms and Armour and Other Military Equipment. Excavations at Dura-Europos 1928-1937, Volume 7. British Museum, p. 25.

Bibliographie

  • Franz Cumont, « Fragment de bouclier portant une liste d'étapes », Syria, 6-1, 1925, p. 1-15 (lire en ligne) ;
  • René Rebuffat, « Le bouclier de Doura », Syria, 1986, 63-1-2, p. 85-105 (lire en ligne) ;
  • Pascal Arnaud, « Observations sur l'original du fragment de carte du pseudo-bouclier de Doura-Europos », R.E.A., 1988, 90, 1-2, p. 151-161 ;
  • Pascal Arnaud, « Une deuxième lecture du bouclier de Doura-Europos », CRAI, 1989, 133-2, p. 373-389 (lire en ligne) ;
  • Pascal Arnaud, « Pouvoir des mots et limites de la cartographie dans la géographie grecque et romaine », D.H.A., 1989-15, p. 9-29 (lire en ligne).
  • Ansgar Nabbefeld: « Roman shields. Studies on archaeological finds and iconographic evidence from the end of Republic to the late Roman period », Cologne 2008. (ISBN 978-3-89646-138-4).

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