Boniface de Mayence

Saint Boniface de Mayence (également connu comme Wynfrid de Wessex), né à Crediton dans le Devon vers 675 et mort (assassiné) le à Dokkum (dans l'actuelle commune de Dongeradeel), en Frise (Pays-Bas), est un moine missionnaire d’origine anglaise, envoyé en Frise pour y convertir les païens. Fait évêque puis archevêque par le pape Grégoire II, il fut tué, avec d'autres, en haine de la foi chrétienne.

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Boniface de Mayence

Saint Boniface
(1) Baptisant un converti (2) Martyrisé
Abbaye de Fulda (XIe siècle)
.
Saint, missionnaire, évêque, martyr
Naissance vers 680
Crediton dans le Devon
Décès assassiné le   (75 ans)
à Dokkum, en Frise
Ordre religieux Ordre de Saint-Benoît
Vénéré à Mayence
Vénéré par catholiques et orthodoxes
Fête 5 juin
Attributs mitre et un livre traversé d'une épée
Saint patron brasseurs et tailleurs

Liturgiquement commémoré le 5 juin, le jour de son martyre, par les catholiques[1] et les orthodoxes[2] il reçut le titre informel d'« apôtre des Germains ».

Biographie

Il naquit à Crediton dans le Wessex et reçut à son baptême le nom de Winfrid (ou Wynfrith). Il était d'une bonne famille et fut admis comme oblat au monastère d'Exeter. Élève brillant, il est envoyé au monastère de Nursling, réputé pour la qualité de son enseignement. Il devint prêtre à l'âge de trente ans.

De Winfrid à Boniface

En 715, il effectua un voyage missionnaire en Frise, afin de convertir les païens du nord de l'Europe en prêchant dans leur idiome, sa propre langue anglo-saxonne ressemblant au vieux frison, mais ses efforts furent contrariés par la guerre que se faisaient alors Charles Martel et Radbod, roi des Frisons.

En 716, il rencontrera un moine à l'abbaye de Wenlock qui lui racontera sa vision de l'au-delà. Winfrid s'empressa de la mettre par écrit, ce que l'on peut lire dans ses lettres.

En 718, il visita Rome et fut missionné par le pape Grégoire II (qui le fit évêque en lui donnant le nom du saint du jour : Boniface) pour réorganiser l'Église en Allemagne et y évangéliser les païens.

L'apôtre des Germains

Pendant cinq ans, il parcourut la Thuringe (le prêtre Willibald von Mainz rapporte notamment dans sa Vita sancti Bonifatii sa décision en 723 de faire abattre le chêne sacré de Donar qui se dressait près du village de Geismar dans un sanctuaire consacré au dieu Thor, sa présence est attestée en 724 au château d'Altenstein), la Hesse et la Frise puis retourna à Rome pour rendre compte de son succès. Pendant cette visite, le pape le fit archevêque. Il retourna en Allemagne, et en tant qu'envoyé du souverain pontife, baptisa des milliers de païens. Il traita également les problèmes de nombreux chrétiens qui avaient perdu le contact avec la hiérarchie de l'Église catholique.

Après une autre visite à Rome, en 738, il repartit pour la Bavière, et y fonda les évêchés de Salzbourg, Ratisbonne, Freising et Passau. En 744, un de ses principaux disciples, Sturm, fonda l'abbaye de Fulda, non loin du monastère de Fritzlar créé par Boniface. Bien que Sturm en fût le fondateur, Boniface s'y impliqua beaucoup. Le financement initial de l'abbaye fut assuré par Carloman, le fils de Charles Martel. Le soutien des maires du palais et plus tard des premiers Pippinides et rois Carolingiens entre pour une part importante dans le succès de saint Boniface. Il réussit néanmoins à trouver un équilibre entre leur aide et celle de la papauté et des Agilolfinges de Bavière, assurant ainsi une certaine indépendance à son action.

Le temps des épreuves

Après son retour en Bavière, Boniface reprit ses missions en Saxe. Il fonda les diocèses de Wurtzbourg, d'Erfurt et de Büraburg (la future Fritzlar). En nommant ses propres disciples comme évêques, il fut en mesure de garder une certaine indépendance vis-à-vis du pouvoir des Carolingiens. Il organisa aussi des synodes provinciaux dans l'Église franque, et maintint des relations, quelquefois troublées, avec le roi des Francs Pépin le Bref, qu'il couronna à Soissons en 751 et sacra en mars l'année suivante. Il continua aussi à s'occuper de certaines affaires internes à son pays d'origine, notamment en envoyant en 746 une longue lettre de remontrance au roi Æthelbald de Mercie, dont les mœurs sexuelles lui apparaissaient comme un mauvais exemple pour les peuples non encore christianisés. Æthelbald est aussi mentionné dans une autre lettre de Boniface, la lettre 115, dans laquelle est racontée la vision d'un moine ayant vu le roi dans l'au-delà[3].

Statue à Mayence.

Il ne renonça jamais à son espoir de convertir les Frisons. En 750, il nomme son disciple, le futur saint Grégoire, abbé de l’Abbaye de Saint-Martin d'Utrecht, et le prend auprès de lui pour l'aider dans l'administration du diocèse d'Utrecht, partie la moins christianisée de son vaste champ d'apostolat. Il resta assez longuement en Frise, et, en 754, baptisa de nombreux habitants de cette région encore en grande partie païenne.

La fatigue et la mort

Boniface a été un des initiateurs de la renaissance carolingienne. On lui doit aussi un traité de grammaire[4]. Il s'est efforcé de réformer l'Église et de lui donner un nouveau souffle, dans une époque où la religion risquait de devenir l'instrument de ceux qui détenaient le pouvoir. Déçu par l'opposition des évêques et par la faiblesse de l'aristocratie qui aurait voulu maintenir le statu quo, Boniface baisse les bras et demande en 753 la permission de revenir en Frise, son premier lieu d'évangélisation. Carloman, très influencé par la personnalité de Boniface, avait déjà abandonné à son frère Pépin le Bref les provinces léguées par son père Charles Martel pour se retirer dans l’Abbaye du Mont-Cassin au sud de Rome en 747.

Le , saint Boniface, alors âgé de plus de 70 ans, est assassiné avec cinquante-deux compagnons par des païens, probablement à Dokkum en Frise (Pays-Bas) sur les bords de la rivière de Born.

On a de ce saint des Sermons et des Lettres, recueillis par Serarius, en 1605 au format in-quarto et réimprimés par Gilles, Londres, 1844. Son disciple Willibald a écrit sa Vie en latin.

Anecdotes

  • Ses principaux attributs sont l'habit d'évêque, la mitre et un livre traversé d'une épée. Il est parfois représenté baptisant des convertis, un pied posé sur un chêne abattu qui est le symbole de l'écrasement de la religion païenne.
  • Saint Boniface est le patron des brasseurs et des tailleurs.
  • Légende de saint Boniface : Saint Boniface voulait convaincre des druides des environs de Geismar, que le chêne n'était pas un arbre sacré. Il en fit donc abattre un, le chêne de Thor. En tombant, l'arbre écrasa tout ce qui se trouvait sur son passage à l'exception d'un jeune sapin. À partir de là, c'est la légende qui entre en jeu. D'après elle, saint Boniface aurait fait de ce pur hasard un miracle, et comme il était en train de prêcher la Nativité, il en profita pour déclarer : « Désormais, nous appellerons cet arbre, l'arbre de l'Enfant Jésus. » C'est ainsi que depuis, on planta en Allemagne de jeunes sapins pour célébrer la naissance du Christ, rédempteur et symbole du nouvel Adam ; l'arbre de Noël s'oppose donc à l'arbre dont Adam mangea le fruit, image de la chute originelle. D'après une variante de cette légende, saint Boniface essaya d'introduire l'idée de la Trinité chez les tribus païennes en se servant de conifères et de leur apparence triangulaire.
  • Boniface fit l'objet d'une détestation particulière de la part de Heinrich Himmler, puisque, selon lui, c'est Boniface qui pervertit les peuples germaniques en les christianisant[5].

Architecture

Un certain nombre d'églises lui sont dédicacées telle que celle du prieuré d'Abbetesrode à Meißner en Allemagne.

Notes et références

  1. Saint Boniface sur Nominis
  2. Saints pour le 5 juin du calendrier ecclésiastique orthodoxe
  3. (en) Boniface (trad. Ephraim Emerton), The Letters of Saint Boniface, Octagon Books, , p. 190
  4. Christopher Dawson, Les origines de l'Europe et de la civilisation européenne, trad. de l'anglais, sous la direction de L. Halphen, 1934, p. 229.
  5. Peter Longerich (trad.  Raymond Clarinard), Himmler : biographie : l'éclosion quotidienne d'un monstre ordinaire, Paris, éditions Héloïse d'Ormesson, 2010, 916 p.  (ISBN 978-2-35087-137-0).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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