Bernard Berenson

Bernard Berenson, né Bernhard Valvrojenski à Vilnius (Lituanie) le et mort à Florence le , est un historien de l'art américain, spécialiste de la Renaissance italienne. Il contribua à la définition de l'Italie en général, et de Florence en particulier, comme « le berceau de l'Art » en la découvrant in situ. Avec Mary Berenson, ils font de la villa I Tatti un centre culturel d'études de la Renaissance italienne.

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Biographie

Sa famille lituanienne aux origines juives, immigre aux États-Unis en 1875 et s'installe à Boston, prenant alors le nom de Berenson.

Après avoir obtenu une licence à l'université Harvard en 1887, il s'installe en Angleterre. Il y retrouve Mary Whitall Smith, qu'il a connue à Harvard, et ils partent ensemble pour l'Italie, où il bénéficie d'une bourse d'études. Ils s'installent d'abord à Bergame, puis à Florence et se marient en 1900.

En 1895 à l'occasion d'une exposition de peintures de ventes de collections privées, il publie un complément au catalogue officiel : sur trente-trois Titien exposés, il n'en authentifie qu'un seul, et réfute également dix-huit Giorgione.

Avec les critiques d'art Roger Fry et Herbert Horne, il fonde en 1903 The Burlington Magazine, mensuel des professionnels et des collectionneurs du monde de l'art.

Employé comme expert par le marchand d'art Joseph Duveen, il est, de 1903 à la crise de 1929, le connaisseur le plus écouté et l'acheteur le plus sûr. Il conseille des galeries de dimension internationale comme Colnaghi et Knoedler. Entretemps, il publie ses essais, activité qu'il poursuit jusqu'à son dernier jour dans la Villa I Tatti, villa médicéenne florentine située près de Settignano qu'il achète en 1905 et qu'il restaure.

L'importance de Berenson par rapport à l'histoire de l'art, réside surtout dans les canons critiques qu'il propose dans Dessins des peintres florentins, classés, critiqués et étudiés comme documents pour l’histoire et l’appréciation de l’art toscan (1903), canons critiques basés sur la reconnaissance, dans l'œuvre d'art, de « valeurs tactiles » et de « valeurs de mouvement ». Au début de sa carrière, Berenson a développé sa propre méthode en combinant les techniques d'examen comparatif de Giovanni Morelli avec l'idée esthétique avancée par John Addington Symonds que quelque chose de la personnalité d'un artiste pouvait être détecté à travers ses œuvres d'art[1].

La villa I Tatti est le siège du Centre de l'histoire de la Renaissance de l'université Harvard (The Harvard Center for Italian Renaissance Studies (en)), à laquelle il a légué, non seulement sa villa, mais également sa collection d'œuvres d'art de primitifs italiens, d’art chinois et d’art islamique, sa bibliothèque de plus de 50 000 ouvrages et une imposante photothèque de plus de 300 000 photographies personnelles annotées de sa main et relative à des milliers œuvres d'art, constituant un patrimoine historiographique essentiel.

Mise en cause professionnelle

En 1923, Berenson témoigne comme expert dans un litige qui oppose Andrée Hahn et Joseph Duveen. Lors du procès qui se tient à New York en 1929, l'expertise de Berenson, qui n'est pas présent, est mise en cause, à la fois sur le plan matériel et sur le plan professionnel, Berenson ayant à plusieurs reprises été rémunéré par Joseph Duveen pour des expertises. Cette affaire a endommagé la réputation de Berenson[2],[3].

Citations

« La fonction de l'histoire de l'art est de s'élever non au-dessus des valeurs immuables, mais au-dessus des préférences que provoquent les manies et les hystéries du monde. Elle doit vaincre les préconcepts personnels et l'exclusivisme des snobs ; elle doit apprendre aussi à apprécier les styles qui se succèdent, d'abord pour leur valeur intrinsèque, si mince qu'elle soit, et ensuite pour la valeur qu'ils peuvent avoir actuellement dans une conception humaniste de la vie. »

 Bernard Berenson, Esthétique et histoire des arts visuels (1948), Albin Michel, 1953, p. 245

« L'historien d'art italien le plus novateur du temps, était un intellectuel de premier plan du Risorgimento italien [...]. Il a commencé à appliquer à l'étude de la peinture une méthode scientifique de classification, en partant de détails tels que les mains ou les drapés. Toute une histoire de l'art est née de la méthode et de l'expertise (...) Berenson en étant le praticien le plus connu. »

 James Stourton, Petits musées, grandes collections, éditions Scala, 2003, p. 127

Ouvrages (sélection)

  • Les Peintres italiens de la Renaissance, Gallimard, 1953 (Venetian Painters of the Renaissance, 1894)
  • Lorenzo Lotto : An Essay in Constructive Art Criticism (1895)
  • Florentine Painters of the Renaissance (1896)
  • Les Peintres italiens de la Renaissance, John Pope-Hennessy (préface), Éditions Klincksieck, coll. « Les mondes de l'art », 2017 (Central Italian Painters of the Renaissance, 1897)
  • The Sense of Quality: Study and Criticism of Italian Art (1901 ; second series, 1902)
  • The Drawings of the Florentine Painters (1903), son chef-d'œuvre
  • A Sienese Painter of the Franciscan Legend (1910)
  • Venetian Painting in America: The Fifteenth Century (New York, 1916)
  • Essays in the Study of Sienese Painting (New York, 1918)
  • Les Peintres italiens de la Renaissance (1931)
  • Sasseta (1946)
  • Esthétique et histoire des arts visuels (Aesthetics, ethics and history), 1948
  • Esquisse pour un portrait de soi-même, Albin Michel, 1955, ouvrage autobiographique.
  • Le Caravage, Puf, 1959.
  • Le Voyageur passionné, Éditions Salvy, 1985 (The Passionate Sightseer. From the Diaries of Bernard Berenson 1947-1956, Simon & Schuster, 1960) (ISBN 978-2905899002).

Correspondance

  • Richard Davenport-Hines, Letters from Oxford: Hugh Trevor-Roper to Bernard Berenson, Weidenfeld & Nicolson, 2006.
  • Robert Cumming, My Dear BB. The Letters of Bernard Berenson and Kenneth Clark, 1925-1959, Yale University Press, 2015 (ISBN 978-0300207378).

Notes et références

  1. Johnston, Tiffany L. (2016). "The Correggiosity of Correggio: On the Origin of Berensonian Connoisseurship". I Tatti Studies in the Italian Renaissance. 19 (2): 385–425. doi:10.1086/688438.
  2. « The trial of Harry Hahn's Leonardo part I », [lire en ligne]
  3. Ernest Samuels et Jayne Newcomer Samuels, Bernard Berenson : the Making of a Legend, Cambridge-Londres, Belknap Press of Harvard University Press, , 680 p. (ISBN 978-0-674-06779-0, présentation en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Samuel Nathaniel Behrman, Saul Steinberg (illustrations), Duveen: The Story of the Most Spectacular Art Dealer of All Time, Little Bookroom, 2003 (ISBN 978-1-8921-4517-8), 1re édition en 1951
  • (en) Mary Ann Calo, Bernard Berenson and the Twentieth Century, Temple University Press, 1994 (ISBN 978-1-5663-9116-0)
  • Fabrizio Frigerio, « Les considérations politiques de Bernard Berenson », Cadmos, Genève, 1980, no 10, p. 12-22
  • (en) Rachel Cohen, Bernard Berenson: A Life in the Picture Trade, Yale University Press, 2013.
  • (en) Gabriele Guercio, Art as Existence, MIT Press, 2006 (ISBN 978-0-2625-1320-3)
  • (it) John Pope-Hennessy, « Bernard Berenson », in Dizionario Biografico degli Italiani, 1988, p. 34
  • (en) Ernest Samuels :
    • Bernard Berenson: The Making of a Connoisseur, Belknap Press, 1979 (ISBN 978-0-6740-6777-6)
    • Bernard Berenson: The Making of a Legend, Belknap Press of Harvard University Press, 1987 (ISBN 978-0-6740-6779-0)
  • Meryle Secrest, Bernard Berenson, préf. de Gérard-Julien Salvy, Paris, Criterion, 1991 (ISBN 978-2-7413-0009-0)
  • (en) Colin Simpson, The Artful Partners: The Secret Association of Bernard Berenson and Joseph Duveen, HarperCollins Publishers Ltd, 1986 (ISBN 978-0-0444-0218-3)
  • (en) Carl Brandon Strehlke & Machtelt Israëls, The Bernard and Mry Berenson collection, 2015 (ISBN 978-8897737636)
  • Martine Vasselin, Bernard Berenson, Le voyageur passionné, Universalia, 1987
  • (en) William Weaver, A Legacy of Excellence: The Story of Villa I Tatti, Harry N. Abrams, 1997

Articles connexes

Liens externes

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