Bataillon sacré

Le Bataillon sacré (en grec ancien ἱερὸς λόχος / hiéros lokhos) était un corps d'élite, peut-être mythique, de l'armée thébaine, dans la Grèce antique. Il est parfois appelé légion thébaine[1], bien que cette expression désigne plus couramment une légion mentionnée par le martyrologe chrétien (voir article Massacre de la légion thébaine).

Bataillon sacré thébain

Le Bataillon sacré de Thèbes, évoqué dans son principe par Platon[2] et Xénophon[Où ?], dans sa réalité par Dinarque, est un hypothétique bataillon composé d'amants et d'aimés : « Thèbes fut une très grande cité à l'époque où Pélopidas conduisait le bataillon sacré ». Il est mentionné aussi par Athénée[3], Hiéronymos de Rhodes et Polyen ; Plutarque écrit[4] : « […] certains disent qu'elle était composée d'érastes et d'éromènes ». Il aurait été un corps d'élite de 300 hommes, créé selon Plutarque[5] par le commandant thébain Gorgidas :

« Le Bataillon sacré avait été, dit-on, créé par Gorgidas. Il l'avait composé de trois cents hommes d'élite dont la cité prenait en charge l'entrainement et l'entretien, et qui campaient dans la Cadmée : c'est pourquoi on l'appelait le bataillon de la cité »

 Extrait de la traduction d'A.-M. Ozanam[6].

Le Bataillon sacré aurait été formé de 150 couples d'amants pédérastiques[7]. Plutarque notait que, « selon certains », le Bataillon sacré était composé de 150 couples de pédérastes, ce qui représenterait l'origine de la formation du binôme en matière de tactique de combat. Gorgidas disposa d'abord le Bataillon sacré tout au long de la ligne de bataille thébaine, utilisant ces soldats d'élite pour renforcer la résolution des autres. Mais après que le Bataillon se fut distingué à Tégyres, Pélopidas l'utilisa comme une sorte de garde personnelle. Pendant trois décennies, ce corps d'élite continua de jouer un rôle important. Alors sous les ordres de Théagène  frère de Timoclée , il fut détruit à la bataille de Chéronée en -338 par la cavalerie menée par le jeune Alexandre le Grand : 254 des 300 soldats furent alors tués et tous les autres blessés. Selon la tradition, Philippe II de Macédoine, s'arrêtant devant l'endroit où le Bataillon avait péri, s'écria : « Maudits soient ceux qui soupçonnent ces hommes d'avoir pu faire ou subir quoi que ce soit de honteux. »

Les soldats tués furent enterrés plusieurs jours après la bataille dans une sépulture collective (πολυάνδρειον / polyandreion) surmontée d'un lion de pierre (découvert en 1818), réplique du polyandreion de Thespini.

Postérité et influence

Il existe dans l’histoire, grecque notamment, d'autres Bataillons sacrés :

  • la Légion sacrée carthaginoise, corps d'élite antique formé à l'origine de jeunes hommes issus des familles les plus riches de la ville ;
  • un Ordre de Chéronée, petite société secrète d'homosexuels, a été fondée en Angleterre vers 1895 par G.C. Yves (1867-1950), par référence à ce bataillon, à sa défaite et à sa possible renaissance ;
  • le bataillon sacré des Grecs de l’Épire du Nord formé le par Spyridon Melios ou Spyromelios, pour gagner leur indépendance. Ils défirent les Albanais à la bataille de Premet le 23 février suivant ;
  • après l’occupation allemande de la Grèce en 1941, le gouvernement grec s’exila en Égypte, où résidait une communauté de plus de 200 000 Grecs. Devant le nombre important d’officiers présents, il fut créé le un bataillon de 200 hommes, composé uniquement d'officiers, sous les ordres du Major Antonios Stephanakes et le commandement opérationnel sous ceux du colonel Christodoulos Gigantes. Ce bataillon prit le nom de Bataillon sacré. Rattaché aux Forces grecques libres, il fut entraîné par le SAS de David Stirling et se plaça d'abord sous les ordres de Leclerc. Ce régiment fut à l’origine des Forces spéciales grecques actuelles ;
  • les groupes de résistance à l'occupant nazi dans les Cyclades portaient le nom de « bataillon sacré ».

Cette dénomination s'est appliquée par la suite à des corps d'élite, dans le cas de plusieurs nations modernes, surtout ceux qui se formèrent lors de retraites ou de déroutes. C'est ainsi que l'on parle de « bataillon sacré » au sujet du dernier carré à Waterloo[8] ou d'« escadron sacré ».

Notes et références

  1. Voir Dominique Fernandez, L’Étoile rose, Grasset, 1978 : « la légion thébaine était réputée invincible dans toute la Grèce... »
  2. Platon, Le Banquet [détail des éditions] [lire en ligne] (178e).
  3. Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne) (Livre XIII).
  4. Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Pélopidas.
  5. Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Pélopidas, XVIII, 1.
  6. Anne-Marie Ozanam, Gallimard, 1991.
  7. Notes sur Le Banquet, Coll. Folioplus, p. 18.
  8. « Le bataillon sacré, seul devant une armée, S'arrête pour mourir. C'est en vain que, surpris d'une vertu si rare, Les vainqueurs dans leurs mains retiennent le trépas. Fier de le conquérir, il court, il s'en empare : La garde, avait-il dit, meurt et ne se rend pas. » (Casimir Delavigne, « La Bataille de Waterloo », Œuvres complètes, Adolph, 1838, p. 20, consultable sur Google livres.)

Bibliographie

Liens externes

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