Bataille de L'Espagnols sur Mer
La bataille de L'Espagnols sur Mer, ou bataille de Winchelsea est une bataille navale qui eut lieu le . Elle vit la victoire d'une flotte anglaise de cinquante vaisseaux commandée par Édouard III d'Angleterre et le Prince noir, sur une flotte castillane de 40 vaisseaux commandée par Charles de la Cerda. Entre quatorze et vingt-six vaisseaux castillans furent capturés dont quelques-uns furent coulés contre au moins deux pour les Anglais.
Date | |
---|---|
Lieu | près de Winchelsea |
Issue | Victoire anglaise sans conséquences stratégiques |
Royaume d'Angleterre | Royaume de Castille |
Édouard III Édouard de Woodstock Henri de Grosmont | Charles de la Cerda |
~ 50 navires | ~ 40 navires |
au moins 2 | 14 à 26 navires |
Batailles
- Cadzand (1337)
- Arnemuiden (1338)
- Manche (1338-1339)
- Chevauchée d'Édouard III (1339)
- Cambrai (1339)
- L'Écluse (1340)
- Saint-Omer (1340)
- Tournai (1340)
- Bergerac (1345)
- Auberoche (1345)
- Aiguillon (1346)
- Chevauchée d'Édouard III (1346)
- Caen (1346)
- Blanquetaque (1346)
- Crécy (1346)
- Calais (1346-1347)
- Chevauchée de Lancastre (1346)
- Neville's Cross (1346)
- Lunalonge (1349)
- Calais (1349-1350)
- Winchelsea (1350)
- Saint-Jean-d'Angély (1351)
- Saintes (1351)
- Ardres (1351)
- Chevauchée du Prince noir (1355)
- Narbonne (1355)
- Chevauchée de Lancastre (1356)
- Chevauchée du Prince noir (1356)
- Bourges (1356)
- Romorantin (1356)
- Poitiers (1356)
- Nogent (1359)
- Chevauchée d'Édouard III (1359-1360)
- Reims (1359-1360)
- Winchelsea (1360)
- Paris (1360)
- Chastres (1360)
- Chartres (1360)
Le contexte, au début de la guerre de Cent Ans
La guerre de Cent Ans connaît une période de trêve depuis la grande peste de 1349. La première partie de la guerre a été largement à l'avantage des Anglais, Édouard III remportant des victoires écrasantes aux batailles de L'Écluse et de Crécy puis en prenant Calais. Après la mort du roi Philippe VI survenue le , le pouvoir des Valois est à nouveau contesté. Édouard III et Charles II de Navarre, tous deux descendants de Philippe le Bel par les femmes, revendiquent la couronne de France. La guerre se poursuit donc avec le nouveau roi de France, Jean le Bon. Comme celui-ci n'a pratiquement plus de flotte après la défaite de l’Écluse, il s'en remet sur mer à ses alliés génois ou castillans. L'un des plus actifs est le prince Charles de la Cerda qui s'en prend au commerce anglais dans la Manche et en mer du Nord. Les Anglais, qui l'accusent de piraterie, décident d'en finir avec lui et mobilisent pour cela d'importants moyens navals.
Une bataille acharnée
Charles de la Cerda est signalé à l'Écluse, en Flandre, à la tête d’un convoi de navires marchands qui remplissent leurs cales avant de repartir sur la côte basque. Édouard III décide de lui couper la route au retour. Il se rend solennellement à Winchelsea, accompagné de son fils, le « Prince Noir» et de nombreux jeunes nobles bien décidés à en découdre avec l’Espagnol[1]. Le , les troupes embarquent sur les navires de guerre. Le roi en personne, sur son navire-amiral, le cogue Thomas, prend le commandement de la flotte, forte d’une cinquantaine de navires.
Les renseignements étant bons, l’attente n’est pas longue. Le dimanche après-midi , les quarante navires de Charles de la Cerda sont signalés à l’horizon. Ils sont poussés vers Winchelsea par une bonne brise de sud-ouest qui les rapproche rapidement. Édouard III ordonne de lever l’ancre et fait sonner le branle-bas de combat. Charles de la Cerda est considéré comme un adversaire très dangereux : avant l'embarquement, le roi a ordonné aux archevêques de Cantorbéry et d’York d’organiser des prières pour le succès de l’opération[1]. Après l’appareillage, Édouard fait servir du vin à ses chevaliers et à lui-même pour renforcer encore la cohésion de ses hommes.
Charles de la Cerda, s’il le veut, peut très facilement éviter le contact. Tout porte à croire, au contraire, qu’il le recherche : la route suivie, le fait qu’il ait embarqué des mercenaires dans les ports flamands, la détermination qu’il montre, au moment de la rencontre, pour se jeter sur l’ennemi[1]. Le choc est donc très violent. Le cogue Thomas est heurté par un navire de tête espagnol lors d’une tentative d’abordage ; la collision est si violente que le navire espagnol perd son mât et que le navire-amiral anglais se retrouve avec une importante voie d’eau. À l’issue d’un corps à corps sanglant, l’équipage du Thomas se rend maître d’un autre bâtiment espagnol, et Édouard doit abandonner son navire qui coule pour se transporter sur sa prise[1].
Le combat se poursuit avec la même violence. Les navires espagnols sont plus hauts sur l’eau, ce qui leur permet d’accabler le pont des navires anglais de projectiles et de causer de gros dommages aux hommes et au matériel. Le navire du Prince Noir se retrouve bientôt réduit à l’état d’épave, accroché au flanc d’un navire espagnol qui le malmène. L’héritier du trône anglais ne doit son salut qu’au courage du comte de Lancastre, qui aborde la nef ennemie sur un autre flanc et lui fait amener son pavillon[1]. Un grand navire anglais commandé par le comte de Namur, qui transporte toute la « maison du roi », est abordé par un espagnol : celui-ci, à défaut de pouvoir le réduire à l’impuissance, tente de l’entraîner à l’écart du champ de bataille pour mieux le neutraliser. À ce moment-là, la situation pour les Anglais est très compromise. Finalement, un valet flamand du comte de Namur réussit à passer sur le pont du navire espagnol et à couper la drisse de la grand-voile, rendant le bâtiment ingouvernable et permettant aux Anglais de reprendre la situation en mains[1].
Une bataille sans conséquences stratégiques
À l’issue de ce combat acharné, les Anglais, vainqueurs, ont capturé une partie du convoi. Les chiffres des pertes espagnoles varient selon les chroniqueurs : Froissart affirme que quatorze navires ont été capturés ; d’autres disent 24 ou 26, soit la moitié des nefs de Charles de la Cerda[1]. Les pertes anglaises sont inconnues : deux navires au moins, dont le navire-amiral, et de nombreux morts. Édouard III gagne dans cette victoire les surnoms de « Vengeur des Marchands » et de « Roi de la mer » [1].
Néanmoins, Charles de la Cerda s’est échappé avec le reste de ses bâtiments et ce violent combat dans lequel se sont impliqués personnellement le roi d’Angleterre, n’aura aucune conséquence stratégique sur l’évolution de la guerre, contrairement à la bataille de l'Écluse, dix ans plus tôt, qui avait vu l’anéantissement de la flotte française et la domination de la Manche pour les Anglais. Sur le plan tactique, le combat, qui s'est déroulé à l'abordage et à l'arme blanche, n'apporte rien non plus à l'histoire navale, alors que l'usage de l'artillerie à poudre en mer était connue depuis le début du XIVe siècle (bataille d'Arnemuiden, 1338 ; bataille de l'Écluse, 1340).
Charles de la Cerda sera fait connétable de France en 1351 et mourra assassiné en 1354, sur ordre d'un rival politique. Quant à Édouard III et au Prince Noir, ils tireront l'essentiel de leur gloire militaire des victoires remportées sur le sol français, et ce combat naval, somme toute secondaire, sera assez vite oublié des annales militaires.
Liste partielle des navires impliqués
Angleterre (Édouard III)
- Thomas (coulé au combat)
- Edward
- Jonette
- Plenty
- Isabella
- Gabriel
- Michael
- Welfare
- Mariote
- Jerusalem
- Thomas Beauchamp
- Mary
- Godibiate
- John
- Edmund
- Falcon
- Buchett
- Lawrence
32 autres
Castille (de La Cerda)
40 navires
Liens internes
- Liste des batailles de la guerre de Cent Ans
- Histoire de la marine française
- Guerre de Cent Ans
- Histoire de la Royal Navy
- Histoire de la marine espagnole
Bibliographie
- Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Rennes, Marines éditions, , 619 p. (ISBN 978-2-35743-077-8).
Notes et références
- Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l’Histoire, Marines éditions, 2011, p. 130.
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