August Lafontaine

August Heinrich Julius Lafontaine, né le , à Brunswick et mort à Halle, le , est un romancier allemand.

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August Lafontaine
Huile sur toile, par Mosnier
Naissance
Brunswick (Brunswick-Wolfenbüttel)
Décès
Halle (Province de Saxe)
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture allemand

Son ouvrage le plus connu, Tableau de Famille, est cité par James Stanier Clarke à Jane Austen comme modèle possible d'un futur roman à écrire par elle, chantant les louanges d'un clergyman de campagne. C'est de cette suggestion que Jane Austen tire ensuite son Plan of a Novel according to Hints from Various Quarters de 1816.

Biographie

Fils d’un père peintre habile issu d’une famille de huguenots protestants français que la révocation de l’édit de Nantes contraignit à émigrer, sous le règne de Louis XIV, August Lafontaine fut destiné par ses parents à l’état ecclésiastique. Mais, après avoir fait son cours de théologie à l’université d'Helmstedt sans obtenir de diplôme, il préféra devenir précepteur et le resta jusqu'en 1789.

La guerre de 1792 vint l’enlever à ses paisibles travaux, et le général prussien Thaddeu, dont il élevait les enfants, l’emmena avec l’armée prussienne en Champagne, avec le titre d’aumônier d’un régiment. Heureux de pouvoir, lors de la paix de Bâle, suivre une carrière plus tranquille et plus conforme à ses goûts, Lafontaine fut attaché à l’université de Halle, ville où il continua de résider jusqu’à un âge avancé.

Œuvre littéraire

Dans ses loisirs, Lafontaine composa pas moins de 200 vol. in-12 de romans, qui portèrent bientôt sa renommée au-delà du Rhin et en firent un des plus célèbres et des plus féconds romanciers allemands. Sa vive imagination, quoique peu riche, des plans sagement conçus, des caractères facilement tracés, des situations heureusement trouvées et des sentiments honnêtes, joints à une exposition habile et facile, valurent à ses premiers ouvrages un nombreux public. C’est à lui que Scribe et Mélesville ont emprunté le sujet de Valérie (1822), la jeune aveugle que Mademoiselle Mars rendrait avec grand talent.

Fatigués des souterrains, des châteaux sombres, des lugubres peintures de la littérature anglaise, les lecteurs français accueillirent avec une grande faveur la traduction de ces naïves et touchantes scènes de la vie de famille tracées par le pinceau de Lafontaine, surtout dans la première période de son talent. Honoré de Balzac dans son roman Eugénie Grandet évoque la douceur des mœurs de la vie provinciale décrite par Auguste Lafontaine[1], qu'il traite avec une ironie plus marquée dans Le Cousin Pons (“…la bonhomie des romans d’Auguste Lafontaine de pacifique mémoire”, “…la regarda comme les fiancés se regardent dans les romans d’Auguste Lafontaine, de pudique mémoire”). Par ses romans, qui eurent pendant longtemps la vogue et dont quelques-uns, entre autres, les Tableaux et les Nouveaux Tableaux de famille (trad. par Isabelle de Montolieu, Paris, 1802, 7 vol. in-12), furent considérés comme des modèles de grâce, de naturel et de douce sensibilité. En les composant, Lafontaine s’attachait plus à toucher son lecteur qu’à le charmer par le mérite littéraire de ses ouvrages.

Parmi les nombreux ouvrages de Lafontaine, se remarquaient

  • Blanche et Minna, ou les Mœurs bourgeoises (trad. par Breton, Paris, 1813, 4 vol. in- 12) ;
  • la Famille de Halden (trad. par H. Villemain, 1805, 4 vol.) ;
  • Walter, ou l’Enfant du champ de bataille (trad. par le même, 1816, 4 vol.) ;
  • le Presbytère au bord de la mer (trad. par J.-J. Guizot et Sauvan, 1816, 4 vol.) ;
  • Charles et Emma (trad. par Chazet, 1810, 2 vol.) ;
  • le Frère et la Sœur, ou le Repentir (trad. par la comtesse de Montholon, 1819, 3 vol.) ;
  • Rusaure, ou l’Arrêt du destin (trad. par la même, 1818, 3 vol.) ;
  • Marie Menzikof (trad. par Isabelle de Montolieu, 1804, 2 vol.) ;
  • Aristoméne (trad. par la même, 1804, 2 vol.) ;
  • le Hussard, ou la Famille de Falkenstein (trad. par Élise Voïart, 1819, 5 vol.) ;
  • le Suédois, ou la Prédestination (par la même, 1819, 4 vol.) ;
  • Silvius et Valeria, ou le Pouvoir de l’Amour (par la même, 1819, 2 vol.) ;
  • la Croix du meurtre, dernier roman de Lafontaine (par la même, 1831, 4 vol.).

Réputation

Trop de diffusion dans les détails, des plans quelquefois peu indiqués, parfois aussi des plaisanteries d’un genre fade ou commun sont les défauts qu’on a regretté de trouver trop souvent dans les gracieuses fictions de Lafontaine, où la morale ne nuisait jamais à l’intérêt. On y trouvait, en revanche, dans presque toutes un grand mérite dans la vertu, l’innocence et la candeur. Après 1808, les romans publiés par Lafontaine sont moins réussis. Ils ont tous un tel air de famille et tant de ressemblance avec ses premiers ouvrages, que qui a lu l’un a lu les autres. La fréquente répétition des mêmes scènes et des mêmes situations, et une sentimentalité outrée en rendant quelquefois la lecture fatigante, indisposèrent la critique contre Lafontaine et rétrécirent successivement le cercle, d’abord très étendu, de ses lecteurs.

Ceux qui connaissaient Lafontaine en privé ne pouvaient manquer d’être frappés par le vif contraste avec les idées qui dominent dans ses ouvrages ; jamais on n’aurait deviné, à le voir si gai et si enjoué en société, l’écrivain larmoyant.

August Lafontaine n’était pas seulement romancier fécond et habile : vivant dans une ville de science, il prit goût à l’érudition et s’occupa beaucoup de la lecture des anciens. Dans un âge déjà très avancé, il essaya de grandes innovations dans la critique des poètes grecs, et s’efforça de rétablir les textes, qu’il supposait avoir été corrompus par les copistes. C’est ainsi qu’il publia une curieuse édition de l’Agamemnon et des Choéphores d’Eschyle (Halle, 1821-1822, 2 vol. in-−8°), à laquelle se bornent cependant ses essais un peu trop arbitraires de reconstruction, conjectures trop hasardées lui attirèrent néanmoins de rudes critiques.

Notes et références

  1. Honoré de Balzac, Eugénie Grandet, Folio Classique, p.169

Bibliographie

  • Louis Gabriel Michaud, Biographie des hommes vivants, L.G. Michaud, (lire en ligne) (Tableau de famille, ou Journal de Charles Engelmann, d'August La Fontaine, publié en 1801), p. 492

Articles connexes

Sources

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