Giuseppe Arcimboldo

Giuseppe Arcimboldo, Arcimboldi, ou Arcimboldus (vers 1527 à Milan - à Milan) est un peintre maniériste, célèbre comme auteur de nombreux portraits suggérés par des végétaux, des animaux ou des objets astucieusement disposés, comme sa représentation de Rodolphe II en Vertumne.

« Arcimboldo » redirige ici. Pour les autres significations, voir Arcimboldo (homonymie).

Portrait de Maximilien II de Habsbourg et de sa famille, attribué à Arcimboldo, vers 1563.

Biographie

Giuseppe Arcimboldo est né à Milan dans le duché de Milan vers 1527 et serait issu d’une famille de peintres d'origine noble.

Il commence à se faire connaître à 21 ans en travaillant avec son père, artisan peintre à la cathédrale de Milan[1]. Il réalise alors des cartons de vitraux. Rapidement, il se fait remarquer par Ferdinand de Bohème qui lui commande cinq blasons pour la cathédrale. Sa renommée commence à s’étendre. Il est appelé à Prague en 1562 au service de Ferdinand Ier du Saint-Empire pour être le portraitiste de la famille impériale. Il existe ainsi plusieurs tableaux classiques attribués au peintre, sans aucune certitude, le plus connu étant son Portrait de Maximilien II de Habsbourg et de sa famille, qui aurait été peint vers 1563.

C’est peu après son arrivée au service de Ferdinand Ier que Giuseppe Arcimboldo commence la première série des quatre saisons, et laisse éclater un style pictural surprenant : les « têtes composées » (portraits caricaturaux) formés de plusieurs fruits, légumes, végétaux, symbolisant les saisons ou les métiers. Cette œuvre suscite un engouement considérable à la cour. Il peindra d’autres séries des quatre saisons en 1572 et 1573 (une série des quatre saisons se trouve au Louvre, dont L'Automne, daté de 1573, commandés par l'empereur Maximilien II de Habsbourg pour être offert à l'électeur Auguste de Saxe).

Ses tableaux sont une glorification de la maison des Habsbourg, non sans ironie, car sous ces portraits en forme de plantes, on ressent l’influence de la caricature, genre cher à Léonard de Vinci[2]. Ces portraits représentent une variété des origines des végétaux. D’autres portraits mêlent animaux ou objets : les quatre éléments (Le Feu et L'Eau de 1566, se trouvent au Kunsthistorisches Museum de Vienne) ou les personnifications de métiers (Le Bibliothécaire, Le Jardinier).

En dehors de quelques portraits, il a alors pour tâche principale d’enrichir les fameux Wunderkamern, cabinets d’art et de curiosités des empereurs Maximilien II et Rodolphe II. Doué d’un esprit inventif et ingénieux, il se voit confier l’organisation des fêtes princières (il subsiste de nombreux dessins de costumes ou de chars) et il est nommé conseiller artistique pour la formation des collections impériales. À partir de 1565, son nom apparaît dans la comptabilité impériale. Il se distingue notamment par l’invention d’une méthode colorimétrique de transcription musicale.

En 1587, il obtient de Rodolphe II l'autorisation de retourner en Italie pour y finir ses jours, promettant de continuer à peindre. Flora sera l’un de ses derniers tableaux.

Retiré à Milan, il est promu au rang de comte palatin en 1591 et y meurt le .

Le style de ses compositions

Si l'on considère Giuseppe Arcimboldo comme un novateur dans la systématisation de ses portraits, il faut se rappeler qu'à son époque il existe déjà une tradition, depuis l'Antiquité, de masques bachiques ou hellénistiques, formés d'éléments pris dans la nature.

Plusieurs des artistes de la Renaissance artistique, dont Léonard de Vinci et Jérôme Bosch, s’étaient déjà intéressés aux faciès monstrueux, aux portraits déformés par des jeux de glace, ainsi qu’aux compositions à base d’éléments détournés. Les peintures d’Arcimboldo sont donc conformes aux penchants maniéristes.

Son chef-d’œuvre est manifestement son portrait de Rodolphe II déguisé en Vertumne, daté de 1591, composé uniquement de végétaux.

Si Arcimboldo n'a pas eu d’élève, il a inspiré de nombreux copistes en son temps et le genre des têtes composées se perpétue aux XVIIe et XVIIIe siècles. Il est repris au XIXe siècle par les caricaturistes, notamment pour les figures de Napoléon Ier, de Napoléon III et des souverains belges, Léopold Ier et Léopold II.

Il est redécouvert au XXe siècle par les surréalistes, adeptes du jeu de mots visuel.

En revanche, c’est à tort que l’on attribue à Arcimboldo des paysages anthropomorphes dont l’origine semble flamande[3].

Roland Barthes propose une analyse originale de l'oeuvre du peintre. Selon lui les œuvres de l'artiste seraient langagières. Autrement dit, elles utiliseraient les nombreuses analogies entre le corps et des éléments naturels, que comprend la langue de son époque, comme base de la construction de ses tableaux. Selon Barthes encore, la langue française a conservé certaines de ces expressions : la prunelle des yeux, un sourire en banane, des cheveux en épi, des fesses en gousse d'ail, une patate de nez, la pomme d'adam[4]...

Les Saisons

Les Saisons sont une série de quatre tableaux peints par Giuseppe Arcimboldo en 1563 et offerts à Maximilien II de Habsbourg en 1569, accompagnés des Quatre Éléments (peints en 1566). Y est joint un poème de Giovanni Battista Fonteo (1546-1580) qui en explicite le sens allégorique[5].

Chaque tableau est constitué d’un portrait de profil, composé d’éléments rappelant la saison. L’Hiver regarde ainsi Le Printemps et L’Automne, L'Été

De la version originale subsistent L’Hiver et L’Été, exposés à Vienne, en Autriche, et Le Printemps, exposé à l'Académie royale des beaux-arts de Madrid. Parmi les versions les plus connues figurent celles du musée du Louvre, copies faites par le peintre à la demande de Maximilien II pour en faire cadeau à Auguste de Saxe. Les tableaux se caractérisent par un encadré floral qui n’existait pas sur la première version.

Œuvres

Le Feu (1566), Kunsthistorisches Museum.
  • Autoritratto (Autoportrait, 1575), dessin, Narodni Gallery (Prague)
  • Carnet di Rodolfo II, 148 dessins, Cabinet des estampes et dessins des Uffizi (Florence)
  • Série des portraits de l'empereur Maximilien II
  • Études de nature
  • Dessins de costumes et objets pour fêtes de la cour
  • Croquis de la culture et de la manufacture de la soie
  • Séries de 3 portraits de Favero Domingo
Portraits composites
Portraits composites réversibles

Notes et références

  1. http://www.giuseppe-arcimboldo.org/biography.html.
  2. Francine-Claire Legrand et Félix Sluys, Arcimboldo et les arcimboldesques, La Nef de Paris, , p. 33.
  3. Ses compositions sont des sortes de « paysages » dans des figures humaines et non des paysages au sens strict. Giuseppe Archimboldo, Werner Kriegeskorte?, Ed. Gmbh & Co (ISBN 3-8228-0158-5).
  4. Roland Barthes, L'Obvie et l'Obtus, Paris, Seuil, , 288 p. (ISBN 2-02-014609-6), Arcimboldo
  5. L'exposition « Arcimboldo » au musée du Luxembourg [PDF].

Annexes

Bibliographie

  • André Pieyre de Mandiargues et Yasha David, Arcimboldo le Merveilleux, Paris, Robert Laffont, .
  • Simonetta Venturi (trad. Florence Cadouot), Arcimboldo, Paris, Celiv, (ISBN 2-86535-028-2).
  • Caroline Blanc, Arcimboldo, Tournai, Gamma jeunesse, , 28 p. (ISBN 2-7130-1538-3).
  • Claude Delafosse, J'observe les portraits d'Arcimboldo, Paris, Gallimard jeunesse, (ISBN 2-07-052738-7).
  • (de) Werner Kriegeskorte (trad. de l'allemand), Giuseppe Arcimboldo : 1527-1593, Köln/Paris, Taschen, , 79 p. (ISBN 3-8228-0158-5).
  • Catherine Boulicaut-Duffau, Arcimboldo et Flaubert. Lecture du portrait « La Terre » de Giuseppe Arcimboldo, Nouvelle revue pédagogique, 11/2001, 2001/02-03.
  • Catalogue de l'exposition « Arcimboldo » au musée du Luxembourg, du au .
  • Béatrice Nodé-Langlois, Arcimboldo au musée du Luxembourg, La Critique parisienne, n°58, 4e trimestre 2007.
  • Jeanette Zwingenberger, Une image peut en cacher une autre. Arcimboldo, Dalí, Raetz, Paris, Galeries nationales du Grand Palais, .

Liens externes

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