Anouar Brahem

Anouar Brahem (arabe : أنور ابراهم), né le à Tunis, est un oudiste et compositeur tunisien.

Il a fortement modifié le rôle traditionnel de l'oud, en le modernisant et en le confrontant aux musiques occidentales, en particulier le jazz. Il est considéré comme un musicien moderne, tout en ayant une profonde connaissance de la musique arabe traditionnelle[1].

Biographie

Né dans le quartier tunisois de Halfaouine, il rejoint à l'âge de dix ans le Conservatoire national de musique de Tunis, où il suit l'enseignement d'Ali Sriti[2]. Cette admission est presque trop tardive selon Brahem, les enfants tunisiens apprenant habituellement la musique plus tôt[3]. Il commence à jouer dans des orchestres à l'âge de quinze ans. Joueur de oud, il compose pour son instrument et diverses formations, en particulier du jazz. En 1981, il s'installe pour quatre ans à Paris, période pendant laquelle il collabore avec Maurice Béjart et compose de nombreuses œuvres originales, notamment pour le cinéma tunisien.

Entre 1985 et 1990, de retour en Tunisie, il poursuit son travail de composition et, par de nombreux concerts, acquiert une notoriété publique.

En 1987, il se voit confier la direction de l'Ensemble musical de la ville de Tunis et, en 1988, ouvre le Festival international de Carthage avec Leilatou tayer ; Tunis-Hebdo écrira : « Si nous devions élire le musicien des années 1980, nous choisirions sans hésiter Anouar Brahem ». En 1990, il s'envole pour une tournée aux États-Unis et au Canada et, en 1992, est appelé à concevoir et à participer activement à la création du Centre des musiques arabes et méditerranéennes installé au Palais Ennajma Ezzahra du baron d'Erlanger à Sidi Bou Saïd.

En 1988, Brahem envoie une cassette DAT de démonstration à Manfred Eicher du label Edition of Contemporary Music. Celui-ci la remarque dans la pile de cassettes entassée sur son bureau à cause de la calligraphie sur le timbre de l'enveloppe d'envoi[1]. Au-delà de son intuition initiale, Eicher fait venir Brahem à Oslo en pour l'enregistrement de Barzakh[1]. Sans attendre les retours du premier album, Eicher lui fait enregistrer son deuxième disque, Conte de l'Incroyable Amour, en octobre 1991. Brahem se montre très reconnaissant de cette marque de confiance[3].

Brahem jouant du oud

Outre ses propres albums, il écrit aussi des musiques de films et fait partie, avec le libanais Rabih Abou-Khalil, de ce courant de la musique contemporaine qui réunit musique arabe et occidentale. Ce « maître enchanteur » qui crée « une musique à la fois totalement ancrée dans une culture ancestrale hautement sophistiquée et éminemment contemporaine dans son ambition universaliste » a joué et enregistré avec de grands noms du jazz contemporain tels que François Jeanneau, Jan Garbarek, John Surman ou Jean-Paul Céléa.

En 2006, juste après le conflit israélo-libanais, Anouar Brahem passe derrière la caméra et réalise son premier film documentaire baptisé Mots d'après la guerre. Le film se situe au Liban et s'articule comme un récit autour d'entretiens recueillis auprès d'artistes et intellectuels libanais au lendemain du cessez-le-feu intervenu après la guerre de l'été 2006 entre Israël et le Hezbollah.

Œuvres

Discographie

Brahem est essentiellement publié par le label munichois Edition of Contemporary Music (ECM).

AlbumMusiciensRéférenceAnnée
BarzakhAnouar Brahem (oud), Béchir Selmi (violon), Lassâad Hosni (percussions)ECM 14321991
Conte de l'Incroyable AmourAnouar Brahem (oud), Barbaros Erköse (clarinette), Kudsi Ergüner (nay), Lassâad Hosni (bendir et darbouka)ECM 14571992
MadarJan Garbarek (saxophone), Anouar Brahem (oud), Ustad Shaukat Hussain (en) (tablas)ECM 15151994
KhomsaAnouar Brahem (oud), Richard Galliano (accordéon), François Couturier (piano et synthétiseur), Jean-Marc Larché (saxophone soprano), Béchir Selmi (violon), Palle Danielsson (contrebasse), Jon Christensen (batterie)ECM 15611995
ThimarAnouar Brahem (oud), John Surman (clarinette basse et saxophone soprano), Dave Holland (contrebasse)ECM 16411998
Astrakan CaféAnouar Brahem (oud), Barbaros Erköse (clarinette), Lassâad Hosni (bendir et darbouka)ECM 17182000
CharmediterranéenOrchestre national de jazz dirigé par Paolo Damiani (en), Anouar Brahem et Gianluigi TrovesiECM 18282002
Le Pas du chat noirAnouar Brahem (oud), François Couturier (piano), Jean-Louis Matinier (en) (accordéon)ECM 17922002
Le Voyage de SaharAnouar Brahem (oud), François Couturier (piano), Jean-Louis Matinier (en) (accordéon)ECM 19152006
The Astounding Eyes of RitaAnouar Brahem (oud), Klaus Gesing (de) (clarinette basse), Björn Meyer (de) (guitare basse), Khaled Yassine (en) (percussions)ECM 20752009
SouvenanceAnouar Brahem (oud), François Couturier (piano), Klaus Gesing (de) (clarinette basse), Björn Meyer (de) (basse), Orchestre de la Suisse italienne dirigé par Pietro Mianiti (it)ECM 2423/24242014
Blue Maqams[4]Anouar Brahem (oud), Dave Holland (contrebasse), Jack DeJohnette (batterie), Django Bates (en) (piano)ECM 25802017

Vague, disponible uniquement en France et en Belgique, est une sélection des plus belles mélodies d'Anouar Brahem sortie en 2003.

Musiques de films

Filmographie

Références

  1. Lake (2007), p. 130
  2. Patrick Labesse, « Les noces du jazz et de l'Orient », Jeune Afrique, 6 décembre 2009, p. 98
  3. Lake (2007), p. 264-265
  4. (en) « Blue Maqams », sur ecmrecords.com (consulté le )

Bibliographie

  • (en) Steve Lake et Paul Griffiths, Horizons touched: the music of ECM, Granta UK, (ISBN 978-1-86207-880-2) [détail des éditions]

Liens externes

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